La polémique sur le préservatif: l'épiscopat africain dénonce une manipulation outrageante
planifiée
L’épiscopat africain est décidé à mener la bataille contre les médias occidentaux
qui ne respectent ni la vérité, ni l’Eglise, ni le Pape. Ils réaffirment avec force
leur attachement au Saint-Père et aux enseignements de l’Eglise. Ils disent non à
la pensée par procuration, à ceux qui hurlent au nom des Africains pour défendre leurs
propres intérêts. Lisez ci-dessous le texte d’une déclaration des évêques de
la Cerao, Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest francophone. Cette
déclaration, qui porte la date du 27 mars 2009, a été signée par le cardinal Théodore
Adrien Sarr, Président de la CERAO et par l’abbé Barthélémy Adoukonou, Secrétaire
Général de la CERAO ********** Etonnement face à une manipulation outrageante
planifiée Nous avons été tous surpris et étonnés de la façon dont une phrase
du Saint-Père a été totalement sortie de son contexte proche et lointain pour devenir
le motif récurrent de toutes les émissions de Rfi et d'autres médias français sur
le premier voyage apostolique du Saint-Père, le Pape Benoît XVI, en Afrique. Le
comble est cette occultation systématique des autres idées de l'interview et la minimisation
de tout ce que le Saint-Père s'est efforcé de communiquer comme espérance à l'Afrique,
tant au Cameroun qu'en Angola. A cela précisément ne devrait-on pas reconnaître que
c'est à l'Eglise et à sa mission évangélisatrice que les acteurs de l'ombre s'en prennent? Nous,
évêques de la Conférence épiscopale régionale de l'Afrique de l'ouest (Cerao), avons
pris la mesure de l'événement et nous tenons à déclarer à tous ce qui suit: Démolir
la morale est crime contre l'humanité On n'arrivera pas à bout du Sida,
en cassant les ressorts spirituels et moraux des hommes, surtout des adolescents et
des jeunes, en les fragilisant et en faisant d'eux des paquets de désirs sexuels sans
les régulateurs prévus par le Créateur. C'est un crime contre l'humanité
que de priver l'enfant, l'adolescent et le jeune de l'entraînement à la maîtrise de
l'esprit sur le corps et ses pulsions qu'on appelle éducation sexuelle. En ce sens,
les slogans publicitaires et la distribution de préservatifs pourraient n'être qu'irresponsabilité
et crime contre l'humanité. Des propos irrévérencieux, injurieux et sacrilèges Pour
nous, Africains, le Pape est le père de la Grande Famille qu'est l'Eglise et, à ce
titre, nous lui devons respect et affection. Il est sacrilège, selon nous, du simple
point de vue de notre culture africaine traditionnelle, pour ne pas encore parler
de la foi, que des fils et des filles d'Eglise qui se prétendent catholiques s'en
prennent au Pape avec vulgarité, arrogance et injures, comme certains journalistes
d'organes français et certaines personnalités françaises, espagnoles, européennes,
se sont permis de le faire. Nous déplorons et condamnons ces propos irrévérencieux
et injurieux. L'attentat post-moderne contre la vérité et ses conséquences
violentes sur les relations humaines Mais nous ne sommes d'une culture qu'au
titre de la vérité plus profonde de notre humanité. Et l'humanité qui est commune
à tous, est unique; elle se concrétise dans un certain nombre de droits et de devoirs,
inséparables de la dignité de toute personne humaine. Il est absolument intolérable
qu'un petit groupe de communicateurs -parfois hélas des Africains émargeant sans gêne
à la richesse " sale " de ceux qui ont dépouillé leurs peuples-s'arroge le droit de
déformer la vérité pour se présenter en bienfaiteurs responsables face à la condition
dramatique de nos frères et soeurs porteurs du Vih-Sida, et, par contre, transformer
le Saint-Père en un personnage "irresponsable" et dépourvu d'humanité, et ainsi pouvoir
l'injurier et tenter d'ameuter contre lui une cohue d'individus, qui s'estiment en
droit de parler de ce qu'ils n'ont pas pris le soin de connaître avec précision. Ils
oublient que, ce faisant, ils se disqualifient professionnellement, puisqu'il existe
une différence essentielle entre créer du sensationnel scandaleux et informer. Nous
déplorons et condamnons l'attentat contre la vérité qui est le péché de notre monde
post-moderne et dont résultent les graves blessures que subit de plus en plus la Sainte
Eglise, Notre Mère. Quel est ce monde où l'on ne prend pas le temps d'écouter l'autre,
de l'écouter jusqu'au bout et où on lui fait dire ce qu'on veut qu'il dise? La sagesse
africaine et la sagesse biblique toutes axées sur l'écoute ont une autre vision du
monde à proposer. Profonde union de pensée et de cœur entre Benoît XVI et
l'Afrique Nous, évêques africains, remercions du fond du cœur le Saint-Père,
qui a tant d'affinités avec nous, du fait de notre communauté de pensées sur l'Eglise
et de votre engagement commun en faveur des pauvres, des blessés de la vie et des
petits. Qui ignore que les titres: Eglise, Maison (Famille) et Peuple de
Dieu; Eglise, Fraternité Chrétienne, Eglise-communion sont de lui ? Il y a cru et
y a travaillé depuis longtemps comme jeune théologien et plus récemment comme cardinal
Préfet de Dicastère ; nous y croyons aussi et nous sommes à pied d'oeuvre pour édifier
en Afrique l'Eglise Communion comme Famille de Dieu et Fraternité du Christ. Il est
venu chez nous pour nous confirmer dans cette foi. Nous l'en remercions. Église
d'Afrique, une église porteuse d'espérance Nous lui savons gré aussi pour
tout le message d'espérance qu'il est venu nous livrer, au Cameroun et en Angola.
Il est venu nous encourager à vivre unis, réconciliés dans la justice et la paix,
pour que l'Eglise d'Afrique soit elle-même une flamme ardente d'espérance pour la
vie de tout le continent. Et nous le remercions pour avoir reproposé à tous, avec
nuance, clarté et pénétration, l'enseignement commun de l'Eglise en matière de pastorale
des malades du Sida. Humanisation de la sexualité et don de soi aux malades
du Sida Il nous encourage tous à vivre et à promouvoir l'humanisation de
la sexualité et le don de sa propre humanité pour être avec et secourir en vérité
les frères et soeurs malades du Sida, comme l'authentique attitude responsable des
Catholiques face aux malades du Sida et de tous ceux qui aiment vraiment les Africains
atteints de ce mal. Nous accueillons son message qui est aussi notre propre position.
Et nous déclarons tous avec lui: "... On ne peut pas surmonter ce problème
du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n'y met pas l'âme, si on
n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de
préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème ". Telles sont
les paroles de Benoît XVI qu'un matraquage médiatique s'est évertué à travestir. En
vain. Responsabilité des médias Dire moins, c'est mépriser l'Africain
et témoigner de zèle à tuer ce qu'il y a d'authentiquement humain en l'homme noir
dont par exemple toutes les traditions valorisent tant la virginité constatée au mariage.
Nous déplorons et nous condamnons cette prétendue responsabilité vis-à-vis de l'homme
noir qui n'aurait de solution que mécanique à un problème aussi vital qu'est la sexualité
pour tout homme et donc pour l'Africain lui aussi. La responsabilité des médias est
élevée; ils ne doivent pas déchoir, sous peine de faire déchoir quelque chose de l'humain
fondamental Non à la pensée par procuration Nous disons enfin
que les Africains ont la capacité de penser par eux-mêmes, aussi bien les problèmes
qui les concernent que ceux de toute l'humanité. Nous déplorons et dénonçons le crime,
venant du fond des âges, où l'on traitait nos frères et nos soeurs en marchandises
et en "biens meubles" (Le Code Noir, Art. 44), et qui aujourd'hui consiste à s'acharner
à penser pour nous, à parler pour nous, à faire à notre place sans doute parce qu'on
ne nous croit pas en mesure de le faire par nous-mêmes. Peut-être dira-t-on
que c'est à des Communicateurs africains qu'habilement, on confie la sale besogne
de jouer aux pitres pour amuser le monde et rendre l'Afrique doublement pitoyable:
non seulement matériellement, mais aussi moralement. Mais il n'y a pas que
ces Africains ignorants des structures anthropologiques les plus solides et des valeurs
morales les plus sûres de l'Afrique qui soient à même de parler au nom du continent.Nous,
évêques de l'Eglise catholique de l'espace Cerao, exigeons qu'on cesse de penser pour
nous, de pousser l'Afrique de la rue à parler au nom de l'Afrique et amuser la galerie
aux dépens de nos peuples. Nous exigeons que pour parler de l'Afrique, l'on
respecte les valeurs essentielles, sans lesquelles l'homme n'est plus l'homme, et
qui sont synthétisées dans la dignité de tout homme créé à l'image de Dieu. Oui à
la suite du Concile Vatican II, nous réaffirmons que "sans le Créateur, la créature
s'évanouit tout simplement ". Nous remercions le Saint-Père d'avoir fait
du Dieu d'Amour et de la foi en lui la priorité des priorités pour notre temps. C'est
bien l'illusion qu'il puisse y avoir une autre priorité, qui a créé la situation paradoxale
et violente, où l'on prétend être responsable de nous, tout en mettant à sac ce que
nous avons de plus vital: notre relation de foi, d'espérance et d'amour avec le Dieu
vivant, Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, et notre vie morale.