Selon le Directeur de la Salle de Presse du Saint Siège, les 22 représentants de la
communauté musulmane du Cameroun, reçus par Benoît XVI ce jeudi matin à la nonciature
apostolique de Yaoundé, ont exprimé au Pape leur affection et leur solidarité. « Vous
n’êtes pas seul » - lui ont-ils dit. La rencontre s’est déroulée dans un climat cordial
et amical – a précisé le Père Federico Lombardi. Les musulmans constituent environ
22% de la population camerounaise, les catholiques 27%. Dans son discours, le Pape
a affirmé que les religions avaient aujourd’hui la tâche particulièrement urgente
de dévoiler l’immense potentiel de la raison humaine, qui est elle-même un don de
Dieu. Une religion authentique élargit l’horizon de la compréhension humaine et est
à la base de toute culture humaine authentique. Elle rejette toute forme de violence
et de totalitarisme : non seulement à cause des principes de la foi mais aussi d’une
raison droite. Voir ci-dessous le texte du discours prononcé par le Pape au cours
de cette rencontre
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Chers amis, Heureux de l’occasion
qui m’est donnée de rencontrer les Représentants de la communauté musulmane du Cameroun,
j’exprime mes sincères remerciements à Monsieur Amadou Bello pour les aimables mots
d’accueil qu’il m’a adressés en votre nom. Notre rencontre est un signe concret du
désir que nous partageons avec tous les hommes de bonne volonté – au Cameroun, dans
toute l’Afrique et dans le monde entier – de chercher des occasions d’échanger nos
idées sur la contribution essentielle qu’apporte la religion à notre compréhension
de la culture et du monde ainsi qu’à une coexistence pacifique de tous les membres
de la famille humaine. Au Cameroun, des groupes comme l’Association Camerounaise pour
le Dialogue Interreligieux, montrent combien un tel dialogue accroît la compréhension
mutuelle et contribue à la construction d’un ordre politique stable et juste. Le
Cameroun abrite des milliers de Chrétiens et de Musulmans qui, souvent, vivent, travaillent
et accomplissent leurs pratiques religieuses dans un même voisinage. Tous croient
au Dieu unique, miséricordieux, qui jugera les hommes au dernier jour (cf. Lumen Gentium,
n. 16). Ensemble, ils témoignent des valeurs fondamentales de la famille, de la responsabilité
sociale, de l’obéissance à la loi de Dieu et de la sollicitude bienveillante envers
les personnes malades et souffrantes. En fondant leurs vies sur ces vertus et en les
enseignant aux jeunes, les Chrétiens et les Musulmans ne montrent pas seulement qu’ils
promeuvent le plein développement de la personne humaine, mais aussi qu’ils forgent
des liens de solidarité avec leur prochain et font progresser le bien commun. Mes
amis, je crois qu’aujourd’hui une tâche particulièrement urgente de la religion est
de dévoiler l’immense potentiel de la raison humaine, qui est elle-même un don de
Dieu et que la révélation et la foi fortifient. Loin de réprimer notre capacité de
nous comprendre nous-mêmes et de comprendre le monde, la foi dans le Dieu unique l’élargit.
Loin de nous dresser contre le monde, elle nous lie à lui. Nous sommes appelés à aider
les autres à voir les indices subtils et mystérieux de la présence de Dieu dans le
monde qu’il a créé d’une manière merveilleuse et qu’il continue de soutenir par son
amour ineffable et universel. Bien qu’en cette vie, nos pensées finies ne puissent
jamais saisir directement sa gloire infinie, nous discernons néanmoins des aperçus
de celle-ci dans la beauté de ce qui nous entoure. Lorsque des hommes et des femmes
laissent le magnifique ordre du monde et la splendeur de la dignité humaine éclairer
leurs pensées, ils découvrent que ce qui est « raisonnable » va bien au-delà de ce
que les mathématiques peuvent calculer, de ce que la logique peut déduire et de ce
que l’expérimentation scientifique peut démontrer ; ce qui est « raisonnable » comprend
aussi la bonté et l’attrait inné pour une vie morale droite qui nous est donnée à
connaître à travers le langage même de la création. Cette perception nous incite
à chercher tout ce qui est droit et juste, à sortir de la sphère étroite de notre
propre intérêt personnel et à agir pour le bien des autres. C’est ainsi qu’une religion
authentique élargit l’horizon de la compréhension humaine et est à la base de toute
culture humaine authentique. Elle rejette toute forme de violence et de totalitarisme :
non seulement à cause des principes de la foi mais aussi d’une raison droite. En effet,
religion et raison se renforcent mutuellement car, d’une part, la religion est purifiée
et structurée par la raison et, d’autre part, tout le potentiel de la raison est libéré
par la révélation et par la foi. Je vous encourage donc, chers amis Musulmans,
à faire pénétrer dans la société les valeurs qui ressortent de cette perspective et
qui élèvent la culture humaine, et aussi à inviter d’autres personnes à participer
à la construction d’une civilisation de l’amour. Puisse la coopération enthousiaste
des Musulmans, des Catholiques et des autres Chrétiens, au Cameroun, être pour les
autres Nations africaines un indicateur lumineux de l’énorme potentiel de l’engagement
interreligieux pour la paix, la justice et le bien commun ! Avec ces sentiments,
je vous exprime encore une fois ma gratitude pour cette heureuse occasion qui m’est
donnée de vous rencontrer durant ma visite au Cameroun. Je remercie Dieu Tout-Puissant
des grâces qu’il a fait descendre sur vous et sur vos concitoyens, et je prie pour
que les liens qui unissent les Chrétiens et les Musulmans dans leur profond respect
pour le Dieu unique continuent à se renforcer, afin qu’ils reflètent plus clairement
la Sagesse du Tout-Puissant, qui illumine les cœurs de tous les hommes.