Pour la première fois, les rabbins italiens ont boycotté ce 17 janvier la journée
annuelle pour l’approfondissement et le développement du dialogue entre juifs et catholiques,
lancée en 1990 par la conférence des éveques italiens. Un signe préoccupant selon
le cardinal Kasper. Le président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens,
qui a aussi la charge des rapports avec le judaïsme a toutefois souligné que cette
crise n’a pas encore franchi les frontières de la péninsule. Mardi, le grand rabbin
de Venise avait exprimé de vives critiques contre le Pape l’accusant d’avoir remis
en cause des décennies de dialogue. Le cardinal Walter Kasper avait répondu en exhortant
les juifs et les catholiques à ne pas se diviser. Dans la situation actuelle de la
société occidentale – avait-il relevé – ceux qui partagent les mêmes valeurs de base
feraient mieux de rester unis. Les rabbins italiens protestent contre la prière
pour la conversion des juifs du vendredi saint contenue dans l’ancien missel tridentin
et dont la reformulation il y a quelques mois demeure selon eux insatisfaisante. Benoit
XVI, explique le cardinal Kasper, pense effectivement qu’un dialogue entre religions
au sens strict est impossible. Du reste les juifs non plus ne veulent pas d’un dialogue
théologique. Mais le Pape est convaincu qu’il faut parler et agir ensemble tout en
sachant que nous avons des différences fondamentales dans la foi. Jalonné de crises
et de malentendus, le dialogue judéo-catholique avance en dents de scies. Ces derniers
mois, pourtant, le Pape a posé de nombreux gestes significatifs. Lors de son voyage
aux Etats-Unis en avril dernier, il a clairement confirmé l’engagement de l’Eglise
dans le dialogue qui, depuis Vatican II, a fondamentalement transformé les relations
bilatérales. En septembre dernier à Paris, il a affirmé devant la communauté juive
que « nous avons une fraternité à fortifier et à vivre », que « l’Eglise catholique
respecte les fils de l’Alliance, ses frères aînés dans la foi et qu’elle s’élève contre
toute forme d’antisémitisme dont aucune justification théologique, n’est recevable ».
En octobre dernier, enfin, un rabbin a été invité à s’exprimer devant le Synode des
évêques au Vatican, du jamais vu dans l’histoire.