2008-09-14 18:30:50

Benoît XVI s'adresse aux évêques français


Au troisième jour de son voyage apostolique en France, Benoît XVI avait tenu à rencontrer les évêques. A Lourdes, ce dimanche après-midi dans l'hémicycle Sainte Bernadette, le Pape est revenu sur plusieurs points importants. Ecoutez le Pape s'adresser à eux RealAudioMP3



Messieurs les Cardinaux,
Très chers Frères dans l'Épiscopat !
 
C'est la première fois depuis le début de mon Pontificat que j'ai la joie de vous rencontrer tous ensemble. Je salue
cordialement votre Président, le Cardinal André Vingt-Trois, et je le remercie des paroles aimables qu’il m’a adressées en
votre nom. Je salue aussi avec plaisir les Vice-Présidents ainsi que le Secrétaire Général et ses collaborateurs. Je salue
chaleureusement chacun de vous, mes Frères dans l'Épiscopat, qui êtes venus des quatre coins de France et d'Outre-mer.
J'inclus également Mgr François Garnier, Archevêque de Cambrai, qui célèbre aujourd'hui à Valenciennes le Millénaire
de Notre-Dame du Saint-Cordon.
Je me réjouis d'être parmi vous ce soir dans cet hémicycle « Sainte Bernadette », qui est le lieu ordinaire de vos
prières et de vos rencontres, lieu où vous exposez vos soucis et vos espérances, et lieu de vos discussions et de vos réflexions.
Cette salle est située à un endroit privilégié près de la grotte et des basiliques mariales. Certes, les visites ad limina vous font rencontrer régulièrement le Successeur de Pierre à Rome, mais ce moment, que nous vivons, nous est donné comme une grâce pour réaffirmer les liens étroits qui nous unissent dans le partage du même sacerdoce directement issu de celui duChrist rédempteur. Je vous encourage à continuer à travailler dans l'unité et la confiance, en pleine communion avec Pierre qui est venu pour raffermir votre foi. Bien nombreuses sont actuellement vos préoccupations ! Je sais que vous avez à coeur de travailler dans le nouveau cadre défini par la réorganisation de la carte des provinces ecclésiastiques, et je m'en réjouis vivement. Je voudrais profiter de cette occasion pour réfléchir avec vous sur quelques thèmes que je sais être au centre de votre attention.
L'Église - Une, Sainte, Catholique et Apostolique - vous a enfantés par le Baptême. Elle vous a appelés à son service
; vous lui avez donné votre vie, d'abord comme diacres et prêtres, puis comme évêques. Je vous exprime toute mon estime
pour ce don de vos personnes : malgré l'ampleur de la tâche, que ne vient pas diminuer l'honneur qu'elle comporte – honor,
onus ! – vous accomplissez avec fidélité et humilité la triple tâche qui est la vôtre : enseigner, gouverner, sanctifier suivant
la Constitution Lumen Gentium (nn. 25-28) et le décret Christus Dominus. Successeurs des Apôtres, vous représentez le
Christ à la tête des diocèses qui vous ont été confiés, et vous vous efforcez d’y réaliser le portrait de l'Évêque tracé par saint
Paul ; vous avez à grandir sans cesse dans cette voie, afin d'être toujours plus « hospitaliers, amis du bien, pondérés, justes,
pieux, maîtres de vous, attachés à l'enseignement sûr, conformes à la doctrine » (cf. Tt 1, 8-9). Le peuple chrétien doit vous
considérer avec affection et respect. Dès les origines, la tradition chrétienne a insisté sur ce point : « Tous ceux qui sont à
Dieu et à Jésus-Christ, ceux-là sont avec l'Évêque », disait saint Ignace d'Antioche (Aux Philad. 3, 2), qui ajoutait encore :
« celui que le maître de maison envoie pour administrer sa maison, il faut que nous le recevions comme celui-là même qui l'a
envoyé » (Aux Eph. 6, 1). Votre mission, spirituelle surtout, consiste donc à créer les conditions nécessaires pour que les
fidèles puissent « chanter d'une seule voix par Jésus-Christ un hymne au Père » (Ibid. 4, 2) et faire ainsi de leur vie une
offrande à Dieu.
Vous êtes à juste titre convaincus que, pour faire grandir en chaque baptisé le goût de Dieu et la compréhension
du sens de la vie, la catéchèse est d’une importance fondamentale. Les deux instruments principaux dont vous disposez, le
Catéchisme de l'Église catholique et le Catéchisme des Évêques de France constituent de précieux atouts. Ils donnent de la
foi catholique une synthèse harmonieuse et permettent d'annoncer l'Évangile dans une fidélité réelle à sa richesse. La
catéchèse n'est pas d'abord affaire de méthode, mais de contenu, comme l'indique son nom même : il s'agit d'une saisie
organique (kat-echein) de l'ensemble de la révélation chrétienne, apte à mettre à la disposition des intelligences et des coeurs
la Parole de Celui qui a donné sa vie pour nous. De cette manière, la catéchèse fait retentir au coeur de chaque être humain
un unique appel sans cesse renouvelé: « Suis-moi » (Mt 9, 9). Une soigneuse préparation des catéchistes permettra la
transmission intégrale de la foi, à l’exemple de saint Paul, le plus grand catéchiste de tous les temps, vers lequel nous
regardons avec une admiration particulière en ce bimillénaire de sa naissance. Au milieu des soucis apostoliques, il exhortait ainsi : « Un temps viendra où l’on ne supportera plus l’enseignement solide, mais, au gré de leur caprice, les gens iront chercher
une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la Vérité pour se tourner
vers des récits mythologiques » (2 Tm 4, 3-4). Conscients du grand réalisme de ses prévisions, avec humilité et persévérance
vous vous efforcez de correspondre à ses recommandations : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps … avec
une grande patience et avec le souci d'instruire » (2 Tm 4, 2).
Pour réaliser efficacement cette tâche, vous avez besoin de collaborateurs. Pour cette raison les vocations
sacerdotales et religieuses méritent plus que jamais d'être encouragées. J'ai été informé des initiatives qui sont prises avec
foi en ce domaine, et je tiens à apporter tout mon soutien à ceux qui n'ont pas peur, tel le Christ, d'inviter jeunes ou moins
jeunes à se mettre au service du Maître qui est là et qui appelle (cf. Jn 11, 28). Je voudrais remercier chaleureusement et
encourager toutes les familles, toutes les paroisses, toutes les communautés chrétiennes et tous les mouvements d'Église qui
sont la bonne terre qui donne le bon fruit (cf. Mt 13, 8) des vocations. Dans ce contexte, je ne veux pas omettre d’exprimer
ma reconnaissance pour les innombrables prières de vrais disciples du Christ et de son Église. Il y a parmi eux des prêtres,
des religieux et religieuses, des personnes âgées ou des malades, des prisonniers aussi, qui durant des décennies ont fait
monter vers Dieu leurs supplications pour accomplir le commandement de Jésus : « Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » (Mt 9, 38). L'Évêque et les communautés de fidèles doivent, pour ce qui les
concerne, favoriser et accueillir les vocations sacerdotales et religieuses, en s'appuyant sur la grâce que donne l'Esprit Saint
pour opérer le discernement nécessaire. Oui, très chers Frères dans l'épiscopat, continuez à appeler au sacerdoce et à la vie
religieuse, tout comme Pierre a lancé ses filets sur l'ordre du Maître, alors qu'il avait passé la nuit à pêcher sans rien
prendre (cf. Lc 5, 5).
On ne dira jamais assez que le sacerdoce est indispensable à l'Église, dans l'intérêt même du laïcat. Les prêtres sont
un don de Dieu pour l'Église. Les prêtres ne peuvent déléguer leurs fonctions aux fidèles en ce qui concerne leurs missions
propres. Chers Frères dans l'épiscopat, je vous invite à rester soucieux d'aider vos prêtres à vivre dans une union intime
avec le Christ. Leur vie spirituelle est le fondement de leur vie apostolique. Vous les exhorterez avec douceur à la prière
quotidienne et à la célébration digne des Sacrements, surtout de l'Eucharistie et de la Réconciliation, comme le faisait saint
François de Sales pour ses prêtres. Tout prêtre doit pouvoir se sentir heureux de servir l'Église. A l'école du curé d'Ars, fils
de votre terre et patron de tous les curés du monde, ne cessez pas de redire qu'un homme ne peut rien faire de plus grand
que de donner aux fidèles le corps et le sang du Christ, et de pardonner les péchés. Cherchez à être attentifs à leur formation
humaine, intellectuelle et spirituelle et à leurs moyens d'existence. Essayez, malgré le poids de vos lourdes occupations, de
les rencontrer régulièrement et sachez les recevoir comme des frères et des amis (cf. LG 28 et CPE 16). Les prêtres ont
besoin de votre affection, de votre encouragement et de votre sollicitude. Soyez proches d'eux et ayez une attention
particulière pour ceux qui sont en difficulté, malades ou âgés (cf. CPE 16). N'oubliez pas qu'ils sont comme le dit le Concile
Vatican II, reprenant la superbe expression utilisée par saint Ignace d'Antioche aux Magnésiens, « la couronne spirituelle
de l'Évêque » (LG 41).
Le culte liturgique est l'expression suprême de la vie sacerdotale et épiscopale, comme aussi de l'enseignement
catéchétique. Votre charge de sanctification du peuple des fidèles, chers Frères, est indispensable à la croissance de l'Église.
J'ai été amené à préciser, dans le Motu proprio Summorum Pontificum, les conditions d'exercice de cette charge, en ce qui
concerne la possibilité d'utiliser aussi bien le missel du bienheureux Jean XXIII (1962) que celui du Pape Paul VI (1970).
Des fruits de ces nouvelles dispositions ont déjà vu le jour, et j’espère que l'indispensable pacification des esprits est, grâce
à Dieu, en train de se faire. Je mesure les difficultés qui sont les vôtres, mais je ne doute pas que vous puissiez parvenir, en
temps raisonnable, à des solutions satisfaisantes pour tous, afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas
davantage. Nul n'est de trop dans l'Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui, et jamais rejeté. Dieu
qui aime tous les hommes et ne veut en perdre aucun nous confie cette mission de Pasteurs, en faisant de nous les Bergers
de ses brebis. Nous ne pouvons que Lui rendre grâce de l'honneur et de la confiance qu'Il nous fait. Efforçons-nous donc
toujours d'être des serviteurs de l'unité !
Quels sont les autres domaines qui requièrent une plus grande attention ? Les réponses peuvent différer d'un diocèse à l'autre, mais il y a certainement un problème qui apparaît partout d’une urgence particulière : c’est la situation
de la famille. Nous savons que le couple et la famille affrontent aujourd'hui de vraies bourrasques. Les paroles de
l’évangéliste à propos de la barque dans la tempête au milieu du lac peuvent s’appliquer à la famille : « Les vagues se jetaient
sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait » (Mc 4, 37). Les facteurs qui ont amené cette crise sont bien connus, et je
ne m'attarderai donc pas à les énumérer. Depuis plusieurs décennies, des lois ont relativisé en différents pays sa nature de
cellule primordiale de la société. Souvent, elles cherchent plus à s'adapter aux moeurs et aux revendications de personnes
ou de groupes particuliers, qu'à promouvoir le bien commun de la société. L'union stable d'un homme et d'une femme,
ordonnée à la construction d'un bonheur terrestre grâce à la naissance d'enfants donnés par Dieu, n'est plus, dans l'esprit
de certains, le modèle auquel l’engagement conjugal se réfère. Cependant l’expérience enseigne que la famille est le socle
sur lequel repose toute la société. De plus, le chrétien sait que la famille est aussi la cellule vivante de l'Église. Plus la famille
sera imprégnée de l'esprit et des valeurs de l'Évangile, plus l'Église elle-même en sera enrichie et répondra mieux à sa
vocation. D’ailleurs je connais et j’encourage vivement les efforts que vous faites afin d'apporter votre soutien aux
différentes associations qui oeuvrent pour aider les familles. Vous avez raison de maintenir, même à contre-courant, les
principes qui font la force et la grandeur du Sacrement de mariage. L'Église veut rester indéfectiblement fidèle au mandat
que lui a confié son Fondateur, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ. Elle ne cesse de répéter avec Lui : « Ce que Dieu a
uni, que l'homme ne le sépare pas ! » (Mt 19, 6). L’Église ne s'est pas donné cette mission : elle l'a reçue. Certes, personne
ne peut nier l'existence d'épreuves, parfois très douloureuses, que traversent certains foyers. Il faudra accompagner ces
foyers en difficulté, les aider à comprendre la grandeur du mariage, et les encourager à ne pas relativiser la volonté de Dieu
et les lois de vie qu'Il nous a données. Une question particulièrement douloureuse est celle des divorcés remariés. L'Église,
qui ne peut s'opposer à la volonté du Christ, maintient fermement le principe de l'indissolubilité du mariage, tout en
entourant de la plus grande affection ceux et celles qui, pour de multiples raisons, ne parviennent pas à le respecter. On ne
peut donc admettre les initiatives qui visent à bénir des unions illégitimes. L'Exhortation apostolique Familiaris consortio
a indiqué le chemin ouvert par une pensée respectueuse de la vérité et de la charité.
Les jeunes, je le sais bien, chers Frères, sont au centre de vos préoccupations. Vous leur consacrez beaucoup de
temps, et vous avez raison. Ainsi que vous avez pu le constater, je viens d'en rencontrer une multitude à Sydney, au cours
de la Journée Mondiale de la Jeunesse. J'ai apprécié leur enthousiasme et leur capacité de se consacrer à la prière. Tout
en vivant dans un monde qui les courtise et qui flatte leurs bas instincts, portant, eux aussi, le poids bien lourd d'héritages
difficiles à assumer, les jeunes conservent une fraîcheur d'âme qui a fait mon admiration. J'ai fait appel à leur sens des
responsabilités en les invitant à s'appuyer toujours sur la vocation que Dieu leur a donnée au jour de leur Baptême. « Notre
force, c'est ce que le Christ veut de nous », disait le Cardinal Jean-Marie Lustiger. Au cours de son premier voyage en
France, mon vénéré Prédécesseur avait fait entendre aux jeunes de votre pays un discours qui n'a rien perdu de son actualité
et qui avait alors reçu un accueil d'une ferveur inoubliable. « La permissivité morale ne rend pas l'homme heureux », avait-il
proclamé au Parc-des-Princes, sous des tonnerres d'applaudissements. Le bon sens qui inspirait la saine réaction de son
auditoire n'est pas mort. Je prie l'Esprit Saint de parler au coeur de tous les fidèles et, plus généralement, de tous vos
compatriotes, afin de leur donner - ou de leur rendre - le goût d'une vie menée selon les critères d'un bonheur véritable.
A l'Élysée, j'ai évoqué l'autre jour l'originalité de la situation française que le Saint-Siège désire respecter. Je suis
convaincu, en effet, que les Nations ne doivent jamais accepter de voir disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une
famille, les différents membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des individus indifférenciés,
mais bien des personnes avec leur propre singularité. Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et
développer leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d'autres ou se noyer dans une terne uniformité. « La
Nation est en effet, pour reprendre les termes du Pape Jean-Paul II, la grande communauté des hommes qui sont unis par
des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La Nation existe "par" la culture et "pour" la culture, et elle est donc
la grande éducatrice des hommes pour qu'ils puissent "être davantage" dans la communauté » (Discours à l'UNESCO, 2 juin
1980, n. 14). Dans cette perspective, la mise en évidence des racines chrétiennes de la France permettra à chacun des
habitants de ce Pays de mieux comprendre d'où il vient et où il va. Par conséquent, dans le cadre institutionnel existant et
dans le plus grand respect des lois en vigueur, il faudrait trouver une voie nouvelle pour interpréter et vivre au quotidien
les valeurs fondamentales sur lesquelles s’est construite l’identité de la Nation. Votre Président en a évoqué la possibilité.
Les présupposés sociopolitiques d’une antique méfiance, ou même d’hostilité, s'évanouissent peu à peu. L'Église ne
revendique pas la place de l'État. Elle ne veut pas se substituer à lui. Elle est une société basée sur des convictions, qui se
sait responsable du tout et ne peut se limiter à elle-même. Elle parle avec liberté, et dialogue avec autant de liberté dans le
seul désir d'arriver à la construction de la liberté commune. Une saine collaboration entre la Communauté politique et
l’Église, réalisée dans la conscience et le respect de l’indépendance et l’autonomie de chacune dans son propre domaine, est
un service rendu à l’homme, ordonné à son épanouissement personnel et social. De nombreux points, prémices d'autres qui
s'y ajouteront selon les nécessités, ont déjà été examinés et résolus au sein de l’ « Instance de Dialogue entre l’Église et
l’État ». En vertu de sa mission propre et au nom du Saint-Siège, le Nonce Apostolique y siège naturellement, lui qui est
appelé à suivre activement la vie de l’Église et sa situation dans la société.
Comme vous le savez, mes prédécesseurs, le bienheureux Jean XXIII, ancien Nonce à Paris, et le Pape Paul VI, ont
voulu des Secrétariats qui sont devenus, en 1988, le Conseil Pontifical pour la promotion de l'Unité des Chrétiens et le
Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux. S'y ajoutèrent très vite la Commission pour les Rapports Religieux avec
le Judaïsme et la Commission pour les Rapports Religieux avec les Musulmans. Ces structures sont en quelque sorte la
reconnaissance institutionnelle et conciliaire des innombrables initiatives et réalisations antérieures. Des commissions ou
conseils similaires se trouvent d'ailleurs dans votre Conférence Épiscopale et dans vos Diocèses. Leur existence et leur
fonctionnement démontrent la volonté de l'Église d'aller de l'avant (…) dans le dialogue bilatéral. La récente Assemblée
plénière du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux a mis en évidence que le dialogue authentique demande comme
conditions fondamentales une bonne formation pour ceux qui le promeuvent, et un discernement éclairé pour avancer peu
à peu dans la découverte de la Vérité. L'objectif des dialogues oecuménique et interreligieux, différents naturellement dans
leur nature et leur finalité respective, est la recherche et l’approfondissement de la Vérité. Il s'agit donc d'une tâche noble
et obligatoire pour tout homme de foi, car le Christ lui-même est la Vérité. La construction des ponts entre les grandes
traditions ecclésiales chrétiennes et le dialogue avec les autres traditions religieuses, exigent un réel effort de connaissance
réciproque, car l'ignorance détruit plus qu'elle ne construit. Par ailleurs, il n'y a que la Vérité qui permette de vivre
authentiquement le double Commandement de l'Amour que nous a laissé Notre Sauveur. Certes, il faut suivre avec attention
les différentes initiatives entreprises et discerner celles qui favorisent la connaissance et le respect réciproques, ainsi que
la promotion du dialogue, et éviter celles qui conduisent à des impasses. La bonne volonté ne suffit pas. Je crois qu'il est bon
de commencer par l'écoute, puis de passer à la discussion théologique pour arriver enfin au témoignage et à l'annonce de
la foi elle-même (cf. Note doctrinale sur certains aspects de l'évangélisation, n. 12, 3 décembre 2007). Puisse l'Esprit Saint vousdonner le discernement qui doit caractériser tout Pasteur ! Saint Paul recommande : « Discernez la valeur de toute chose.
Ce qui est bien, gardez-le ! » (1 Th 5, 21). La société globalisée, pluriculturelle et pluri-religieuse dans laquelle nous vivons,
est une opportunité que nous donne le Seigneur de proclamer la Vérité et d'exercer l'Amour afin d'atteindre tout être
humain sans distinction, même au-delà des limites de l'Église visible.
L'année qui a précédé mon élection au Siège de Pierre, j'ai eu la joie de venir dans votre pays pour y présider les
cérémonies commémoratives du soixantième anniversaire du débarquement en Normandie. Rarement comme alors, j'ai
senti l'attachement des fils et des filles de France à la terre de leurs aïeux. La France célébrait alors sa libération temporelle,
au terme d'une guerre cruelle qui avait fait de nombreuses victimes. Aujourd’hui, c'est surtout en vue d’une véritable
libération spirituelle qu'il convient d'oeuvrer. L'homme a toujours besoin d'être libéré de ses peurs et de ses péchés.
L'homme doit sans cesse apprendre ou réapprendre que Dieu n'est pas son ennemi, mais son Créateur plein de bonté.
L'homme a besoin de savoir que sa vie a un sens et qu'il est attendu, au terme de son séjour sur la terre, pour partager à
jamais la gloire du Christ dans les cieux. Votre mission est d'amener la portion du Peuple de Dieu confiée à vos soins à la
reconnaissance de ce terme glorieux. Veuillez trouver ici l'expression de mon admiration et de ma gratitude pour tout ce
que vous faites afin d'aller en ce sens. Veuillez être assurés de ma prière quotidienne pour chacun de vous. Veuillez croire
que je ne cesse de demander au Seigneur et à sa Mère de vous guider sur votre route.
Avec joie et émotion, je vous confie, très chers Frères dans l'Épiscopat, à Notre Dame de Lourdes et à sainte
Bernadette. La puissance de Dieu s'est toujours déployée dans la faiblesse. L'Esprit Saint a toujours lavé ce qui était souillé,
abreuvé ce qui était sec, redressé ce qui était déformé. Le Christ Sauveur, qui a bien voulu faire de nous les instruments de
la communication de son amour aux hommes, ne cessera jamais de vous faire grandir dans la foi, l'espérance et la charité,
pour vous donner la joie d'amener à Lui un nombre croissant d'hommes et de femmes de notre temps. En vous confiant à
sa force de Rédempteur, je vous donne à tous et de tout coeur une affectueuse Bénédiction Apostolique. RealAudioMP3







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