Homélie du Pape Benoît XVI (Extraits) pour la Messe de la Journée Mondiale de la Jeunesse
Chers amis, « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra
sur vous » (Ac 1, 8). Nous avons vu cette promesse réalisée ! Comme nous venons de
l’entendre dans la première Lecture, le jour de la Pentecôte, le Seigneur ressuscité,
assis à la droite du Père, a envoyé l’Esprit sur les disciples réunis au Cénacle.
Par la force de cet Esprit, Pierre et les Apôtres sont partis pour prêcher l’Évangile
jusqu’aux extrémités de la terre. À tout âge et en toute langue, l’Église continue
de proclamer dans le monde entier les merveilles de Dieu et appelle toutes les nations
et tous les peuples à accueillir la foi, l’espérance et la nouvelle vie dans le Christ.
(…) Je prie pour que cette grande assemblée, qui unit des jeunes « de toutes les nations
qui sont sous le ciel » (Ac 2, 5), devienne un nouveau Cénacle. Puisse le feu de l’amour
de Dieu descendre pour remplir vos cœurs, pour vous unir toujours plus au Seigneur
et à son Église et vous envoyer, comme une nouvelle génération d’Apôtres, pour porter
le monde au Christ ! (…) En effet, à chaque Messe, l’Esprit Saint, invoqué par
la prière solennelle de l’Église, descend de nouveau non seulement pour transformer
nos offrandes, le pain et le vin, dans le Corps et le Sang du Seigneur, mais aussi
pour transformer nos vies, pour faire de nous, par sa puissance, « un seul corps et
un seul esprit dans le Christ ». Mais quel est donc ce « pouvoir » de l’Esprit
Saint ? C’est le pouvoir de la vie Dieu ! C’est le pouvoir de l’Esprit lui-même qui
se répandit sur les eaux à l’aube de la création et qui, dans la plénitude des temps,
releva Jésus de la mort. C’est le pouvoir qui nous conduit nous et le monde vers l’avènement
du Royaume de Dieu. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus annonce qu’une nouvelle ère
a commencé, dans laquelle l’Esprit Saint sera répandu sur l’humanité entière (cf.
Lc 4, 21). Jésus lui-même, conçu de l’Esprit Saint et né de la Vierge Marie, est venu
parmi nous pour nous donner cet Esprit. Comme source de notre vie nouvelle dans le
Christ, l’Esprit Saint est aussi, d’une manière très réelle, l’âme de l’Église, l’amour
qui nous lie au Seigneur et entre nous et la lumière qui ouvre nos yeux pour voir
les merveilles de la grâce de Dieu autour de nous. Ici, en Australie, ce « Grand
Sud de l’Esprit Saint », nous avons tous expérimenté de manière inoubliable la présence
et la puissance de l’Esprit dans la beauté de la nature. (…) Ici aussi, dans cette
grande assemblée de jeunes chrétiens venant du monde entier, nous avons fait la vive
expérience de la présence et de la puissance de l’Esprit dans la vie de l’Église.
Nous avons vu l’Église telle qu’elle est réellement : le Corps du Christ, vivante
communauté d’amour, comprenant des personnes de toute race, nation et langue, de tout
temps et tout lieu, dans l’unité née de notre foi dans le Seigneur ressuscité. La
puissance de l’Esprit ne cesse jamais de remplir l’Église de vie ! (…) Cependant,
cette force, la grâce le l’Esprit, n’est pas quelque chose que nous pouvons mériter
ou acquérir, mais nous pouvons seulement la recevoir comme un don. L’amour de Dieu
peut répandre sa puissance uniquement quand nous lui permettons de nous transformer
intérieurement. Nous devons lui permettre de traverser dans la dure carapace de notre
indifférence, de notre lassitude spirituelle, de notre conformisme aveugle à l’esprit
de notre temps. Alors seulement nous pouvons lui permettre d’enflammer notre imagination
et de façonner nos désirs les plus profonds. Voilà pourquoi la prière est si importante
: la prière quotidienne, la prière personnelle, dans le silence de notre cœur et devant
le Saint Sacrement ainsi que la prière liturgique en Église. Elle est réceptivité
pure de la grâce de Dieu, amour en acte, communion avec l’Esprit qui demeure en nous
et nous conduit, à travers Jésus, dans l’Église, à notre Père céleste. Par la puissance
de son Esprit, Jésus est toujours présent en nous, attendant tranquillement que nous
nous mettions en silence à côté de Lui pour écouter sa voix, demeurer dans son amour
et recevoir la « force qui vient d’en-haut », force qui nous rend capables d’être
sel et lumière pour notre monde. (…) Chers jeunes, permettez-moi de vous poser
une question. Que laisserez-vous à la prochaine génération ? Bâtissez-vous vos existences
sur des fondements solides, construisez-vous quelque chose de durable ? Vivez-vous
vos vies de telle sorte que vous faites place à l’Esprit au milieu d’un monde qui
veut oublier Dieu, ou même le rejeter au nom d’un concept erroné de liberté ? Comment
utilisez-vous les dons que vous ont été fait, la « force » que l’Esprit Saint, aujourd’hui
encore, est prêt à répandre sur vous ? Quel héritage laissez-vous aux jeunes qui viendront
après vous ? Comment vous distinguerez-vous ? La puissance de l’Esprit Saint ne
nous éclaire ni ne nous console seulement. Elle nous oriente aussi vers l’avenir,
vers l’avènement du Royaume de Dieu. Quelle magnifique vision d’une humanité rachetée
et renouvelée entrevoyons-nous dans la nouvelle ère promise par l’Évangile d’aujourd’hui
! (…) L’effusion de l’Esprit du Christ sur l’humanité est un gage d’espérance et de
libération vis-à-vis de tout ce qui nous appauvrit. Elle redonne la vue à l’aveugle,
elle libère les opprimés, et crée l’unité dans et à travers la diversité (cf. Lc 4,
18-19 ; Is 61, 1-2). Cette force peut créer un monde nouveau : elle peut « renouveler
la face de la terre » (cf. Ps 104, 30) ! Fortifiée par l’Esprit et s’inspirant
d’une riche vision de foi, une nouvelle génération de chrétiens est appelée à contribuer
à l’édification d’un monde où la vie est accueillie, respectée et aimée, non rejetée
ou ressentie comme une menace et par conséquent détruite. Une nouvelle ère où l’amour
n’est pas avide et égoïste, mais pur, fidèle et sincèrement libre, ouvert aux autres,
respectueux de leur dignité, cherchant leur bien et rayonnant la joie et la beauté.
Une nouvelle ère où l’espérance nous libère de la superficialité, de l’apathie et
de l’égoïsme qui mortifient nos âmes et enveniment les relations humaines. Chers jeunes
amis, le Seigneur vous demande d’être des prophètes de cette nouvelle ère, des messagers
de son amour, capables d’attirer les personnes au Père et de bâtir un avenir plein
d’espérance pour toute l’humanité. Le monde a besoin de ce renouvellement ! Dans
nombre de nos sociétés, à côté de la prospérité matérielle, le désert spirituel s’étend
: un vide intérieur, une crainte indéfinissable, un sentiment caché de désespoir.
Combien de nos contemporains se sont creusés des citernes fissurées et vides (cf.
Jr 2, 13) en cherchant désespérément le sens, la signification ultime que seul l’amour
peut donner ? C’est là le don immense et libérateur que l’Évangile apporte : il nous
révèle notre dignité d’hommes et de femmes créés à l’image et à la ressemblance de
Dieu. Il nous révèle la sublime vocation de l’humanité qui est de trouver sa propre
plénitude dans l’amour. Il renferme la vérité sur l’homme, la vérité sur la vie. L’Église
a aussi besoin de ce renouvellement ! Elle a besoin de votre foi, de votre idéalisme
et de votre générosité, afin d’être toujours jeune dans l’Esprit. (…) L’Église a particulièrement
besoin du don des jeunes, de tous les jeunes. Elle a besoin de grandir dans la puissance
de l’Esprit qui, maintenant aussi, vous apporte la joie et vous encourage à servir
avec allégresse le Seigneur. Ouvrez votre cœur à cette force ! J’adresse cet appel
de façon spéciale à ceux que le Seigneur appelle à la vie sacerdotale et consacrée.
N’ayez pas peur de dire votre « oui » à Jésus. (…) Que veut dire recevoir le «
sceau » de l’Esprit Saint ? Cela veut dire être marqués de façon indélébile, être
transformés de manière inaltérable, cela signifie être des créatures nouvelles. Pour
ceux qui ont reçu ce don, rien ne peut plus être pareil ! Être « baptisés » dans l’Esprit
signifie être embrasés par l’amour de Dieu. Être « désaltérés » par l’unique Esprit
(cf. 1 Co 12, 13), cela signifie être « rafraîchis » par la beauté du dessein de Dieu
sur nous et sur le monde, et devenir à notre tour une source de fraîcheur spirituelle
pour les autres. Être « scellés par l’Esprit » cela signifie, en outre, ne pas avoir
peur de défendre le Christ, laissant la vérité de l’Évangile pénétrer notre manière
de voir, de penser et d’agir, pendant que nous travaillons au triomphe de la civilisation
de l’amour. (…)
Chers jeunes francophones, l’Esprit Saint est la source du
message de Jésus-Christ et de son action salvifique. Il parle au cœur de chacun le
langage qu’il comprend. La diversité des dons de l’Esprit vous fait comprendre la
richesse de grâces qui est en Dieu. Puissiez-vous vous ouvrir à son souffle ! Puissiez-vous
permettre son action en vous et autour de vous ! Vous vivrez ainsi en Dieu et vous
témoignerez que le Christ est le Sauveur que le monde espère.
La version
intégrale du Discours du Saint Père est disponible sur le site internet du Saint Siège
www.vatican.va et sur L'Osservatore Romano