Le commentaire de l'Evangile : le 3ème dimanche de carême
Le père Ludovic Danto commente l'Evangile de ce troisième dimanche de Carême : la
rencontre de Jésus et de la Samaritaine
Le carême se poursuit et en ce
dimanche l’Eglise nous offre d’entendre le récit de la Samaritaine, texte magnifique
où nous voyons le Seigneur rencontrer une femme au bord d’un puits à l’heure de midi,
l’heure la plus chaude de la journée. De cette rencontre jaillit le don de Dieu qui
bouleverse toute vie. D’ailleurs la Samaritaine ne dira-t-elle pas à ceux qu’elle
rencontre à la suite de sa conversation avec le Christ : « Venez voir un homme qui
m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? ». La rencontre avec le
Christ est toujours une mise en lumière de ce qui constitue tout notre être. Au
début de leur échange, le Seigneur s’adressant à la femme lui demande : « Donne-moi
à boire »… Cette phrase pourrait nous apparaître fort banale. Elle ne l’est pas. Saint
Augustin nous en donne une très belle signification. Le Christ demande à boire parce
qu’il a soif de la foi de chacun d’entre nous, dans le cas présent de la Samaritaine.
C’est un des aspects fondamentaux de la Révélation chrétienne que nous ne devons jamais
oublier. L’homme n’est pas abandonné dans l’univers : Dieu veut établir une relation
avec lui. Certes Dieu, parce qu’il est Dieu, n’a pas besoin de cette relation, mais
il souhaite cependant cette intimité parce que nous sommes sa créature bien aimée.
Et il vient solliciter de nous la foi qui est ce lien qui le relie à nous. N’oublions
jamais que le christianisme n’est pas d’abord un code moral rigide à appliquer. Il
est en tout premier lieu une rencontre qui doit permettre à chacun d’entre nous de
se laisser transformer de l’intérieur. Cette foi que nous avons à donner au Seigneur,
nous avons à la recevoir. Quelques lignes plus bas nous entendons le Christ dire à
la femme : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : ‘donne-moi
à boire’, c’est toi qui lui aurait demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ».
Voilà bien une des clés de notre vie qui nous est donnée : pour avoir la foi, il nous
faut nous laisser approcher par le Christ. Dieu désire notre foi, mais notre foi s’enracine
dans le don de Dieu. Nous ne sommes jamais premier dans cette relation. Toujours Dieu
est là et se présente à nous. Mais il nous faut demander l’eau vive. Nous sommes en
réalité comme une terre assoiffée. Nous sommes desséchés et bien souvent arides aux
yeux de ceux que nous croisons. Si nous voulons devenir une terre fertile, nous devons
nous laisser irriguer par l’eau que le Seigneur veut nous donner. Beaucoup disent :
« je n’ai pas la foi », et ils en restent là. Combien savent que Dieu est là et qu’il
les attend au bord du puits. Cette rencontre de foi avec le Dieu vivant est capitale
car elle est le chemin de l’adoration véritable. Le Christ poursuit son discours en
disant : « Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils
doivent l’adorer ». Ce que nous propose le Christ, c’est d’entretenir une relation
véridique avec son Père. Il ne s’agit plus d’en rester à des préfigurations, à des
symboles, d’aller dans tel ou tel lieu, mais il s’agit d’entrer dans une relation
véritable, une relation personnelle, il s’agit de vivre un culte en vérité qui n’est
plus une simple soumission servile et codifiée. Désormais, il n’y a plus Dieu d’un
côté et l’homme de l’autre, il y a Dieu qui se donne à l’homme et l’homme qui se donne
à Dieu. Il y a un aller et retour qui fait dire que « Dieu s’est fait homme afin que
l’homme soit divinisé ». Cette eau vive que nous sommes appelés à boire, c’est
au pied du Christ qu’il nous la faut chercher car c’est le Messie de Dieu qui peut
nous introduire au Père. Le Christ finit son échange en se disant Messie : « Moi qui
te parle, je le suis ». il n’y a en définitive – et c’est bon de se le rappeler –
qu’un seul chemin d’accès à Dieu : il nous faut passer par le Christ. Tout autre voix,
aussi haute soit-elle, nous portera au bout du compte à une finitude. Le Christ seul
peut combler en plénitude le cœur assoiffé de l’homme