Le père Ludovic Danto commente l'Evangile de ce deuxième dimanche de Carême, la Transfiguration
Le commentaire
du texte : En ce deuxième dimanche de carême, l’Eglise nous donne d’entendre le
récit de la Transfiguration. Saint Matthieu nous livre ainsi un épisode magnifique
de la Révélation du Fils de Dieu. Les trois disciples Pierre, Jacques et Jean sont
avec le maître et soudain « il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant
comme le soleil, et ses vêtements blancs comme la lumière ». Nous ne devons pas
nous étonner d’entendre cet épisode de l’histoire sainte en ce temps de carême. Au
contraire, c’est un moment nécessaire pour affronter notre montée vers Pâques. Depuis
les tentations au désert, nous savons que la route est longue… les apôtres eux aussi
l’ont appris. Dans son évangile, saint Matthieu place ce moment à la suite de la première
annonce de la passion : Pierre vient de professer la foi, et aussitôt il s’est élevé
contre les souffrances annoncées par le Christ, ce qui lui a valu la trop célèbre réplique:
« passe derrière moi Satan »… Il nous faut en effet porter la croix, sans cela nous
ne pouvons appartenir au Christ… Cependant Dieu sait que l’homme a besoin de savoir
qu’il ne marche pas vainement sur ce chemin ardu de la rencontre avec Dieu : c’est
d’espérance dont vit sa créature et, pour cela sans doute, il donne un avant goût
du ciel aux trois disciples… Comme il nous donne à nous aujourd’hui un avant-goût
de ce que sera la vie éternelle, au-delà des chemins fangeux que nous sommes peut-être
en train de parcourir… La transfiguration se vit à partir de notre condition humaine.
C’est dans cet état que le Verbe est transfiguré, lui qui s’est dépouillé pour prendre
la condition de serviteur, et de serviteur souffrant… Ne boudons pas alors notre joie.
La lumière de la transfiguration est à même de nous rejoindre. Accueillons ce moment
évangélique qui nous permet de durer dans l’espérance. Sachons en ce temps de carême
redécouvrir tous les moments de l’histoire, mais aussi de notre vie, où Dieu s’est
montré à nous dans sa gloire. Cependant cette espérance, comme il se doit, se
nourrit de la foi et cette foi, c’est la foi dans le Christ. Nous le savons, le Christ
est celui qui nous trace le chemin vers la gloire du Père. Matthieu nous le rappelle
à sa manière : « Voici que leur apparurent Moïse et Elie, qui s’entretenaient avec
lui »… Jésus est le nouveau Moïse, Jésus est le nouvel Elie, il est le lieu de la
Révélation, de l’alliance de Dieu avec l’humanité… il ne faut pas s’étonner que Jésus
reste seul à la fin de notre passage. Les deux prophètes ont laissé leur place à celui
qui récapitule toute parole, au Verbe incarné. En un mot, il n’y a pas d’autre prophète
que Jésus. Il est l’unique médiateur, celui qui nous donne la loi et la parole. Cette
foi au Christ, il nous la faut cultiver, alors que tant d’aspect de la culture contemporaine
nous éloigne du Christ, nous poussant à relativiser sa personne et son message. Non,
le Christ n’est pas seulement un homme génial parmi d’autre ; non, son message n’est
pas seulement une expression religieuse possible. Le Christ est unique et son message
est la révélation de Dieu. Un homme religieux disait: «Celui qui est malade du Christ
ne peut pas guérir ». En effet, frères et sœurs, celui qui a découvert le Christ ne
peut se résoudre à abandonner l’amour qu’il a recherché et découvert. Car voilà
l’un des points d’orgue de la Transfiguration : l’amour du Père donné à l’humanité :
« Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai mis tout mon amour ». L’espérance et
la foi dans le Christ se nourrissent de l’amour même du Père qui rejoint sa créature
sur les chemins de ce monde. Notre montée vers Pâques n’aurait pas de sens si elle
n’était un long apprentissage à l’amour, au don de soi. Voilà pourquoi il est important
d’entendre ce que nous dit le Père en parlant de son Fils : « Ecoutez-le ». En
ce dimanche de carême il nous reste en définitive une chose à faire : écouter. Le
disciple est celui qui s’assoit et qui dans le silence écoute le Verbe… Et si en ce
carême, frères et sœurs, nous prenions le temps de nous arrêter pour écouter.