Le commentaire de l'Evangile : A la rencontre du Verbe incarné
Le Père Ludovic Danto commente l'Evangile selon saint Matthieu de ce dimanche de
l'Epiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12) : A la rencontre du Verbe Incarné
« Où
est le roi des Juifs qui vient de naître ? nous avons vu se lever son étoile et nous
sommes venus nous prosterner devant lui ». Ces propos connus des Mages, nous pourrions
en ce jour de l’Epiphanie les faire nôtres. Le but de toute vie, selon ce que
nous livre l’Ecriture Sainte, le but de notre vie est bien de se poser cette question :
« Où est le roi des juifs » ?… Alors que nous venons de fêter la naissance
du Sauveur, nous ne devons pas perdre cette soif de la rencontre avec le divin. Avons-nous
soif de Dieu ? C’est une demande à laquelle il nous faut répondre avec honnêteté.
La réponse que nous apporterons ne doit pas nous faire peur ou nous désoler. Elle
doit simplement nous aider à poursuivre un chemin de foi, parcours bien souvent semé
d’embûches. Pour certains la foi se décline sous le mode de l’habitude sociologique
– nous accomplissons un certain nombre de rites qui n’ont plus grand sens ; pour d’autres
encore la foi est une référence culturelle qui n’est plus qu’un point d’orgue ou une
justification de nos choix politiques – la foi est alors au service de nos idées,
voilà tout ; pour d’autres enfin la foi se résume à un ensemble de prescriptions morales
– nous renvoyons le christianisme alors à une simple philosophie, aussi noble soit-elle.
Frères et sœurs, la foi et la foi chrétienne est et doit rester la rencontre d’une
personne : le Christ ! « Où est le roi des juifs » ? C’est bien de lui qu’il
nous faut témoigner. Cette rencontre que nous avons à faire avec l’Emmanuel passe
immanquablement par des médiations : « Nous avons vu se lever son étoile ».
Nous avons tous très certainement une étoile spirituelle qui nous montre le chemin
du Christ… Cette étoile peut être extérieure : nous passons notre vie à rencontrer
des personnes qui nous parlent du Christ, qui sont des signes de Dieu : qu’en faisons
nous ? mais cette étoile peut être aussi intérieure ! Le christ est venu pour nous
sauver, pour purifier ce qui doit l’être. Les choses que nous portons au plus profond
de nous-mêmes – joie et espérance, tristesse et désillusion, forces et richesses,
blessures et pauvretés – sont souvent les lieux où le Christ attend la rencontre.
C’est à nous d’en prendre conscience. Si nous acceptons de traverser nos plaines et
nos déserts tant extérieurs qu’intérieurs, nous verrons qu’une lumière nous y rejoint,
qu’elle nous guide et qu’elle nous mène au Christ. Oui, avec les mages, les saints
témoignent : « nous avons vu se lever son étoile ». Cette découverte de
Dieu dans l’enfant de la crèche, cette rencontre avec le Dieu trois fois Saint à qui
nous apportons l’or, l’encens et ma myrrhe, c’est l’adoration qui naît en nous : « nous
sommes venus nous prosterner devant lui ». La conséquence immédiate de toute rencontre
avec le Très-Haut, c’est l’adoration… La prosternation est un acte éminemment biblique.
Sommes-nous capables encore de tomber à genoux devant le Dieu fait homme. Sans préjuger
des sentiments des uns et des autres, combien de nos contemporains pour dissimuler
une érosion, voire une perte de foi dans la divinité du Fils de l’Homme, ont pu se
voiler la face derrière cette phrase vraie mais si souvent galvaudée : « Dieu veut
des hommes et des femmes debout » ? La réponse que nous apporterons sera décisive
pour notre vie de foi : oui, nous ne pouvons faire autrement, « nous sommes venus
nous prosterner devant lui ». Frères et sœurs, le temps de Noël nous rappelle
que l’enfant Jésus est vrai Dieu et vrai homme. C’est bien cette personne qu’il nous
faut rencontrer et non une autre que nous aurions fabriquer à notre image, sinon nous
risquons d’être comme Hérode : des destructeurs. De cette rencontre, naîtront de nouveaux
chemins qui seront – soyons en certains – vraiment les chemin de Dieu, ceux de l’annonce
par nous à tous les hommes de la Bonne Nouvelle.