Le commentaire de l'Evangile : 1er dimanche de l'Avent
En ce premier dimanche de l'Avent, le Père Ludovic Danto commente l'Evangile selon
saint Matthieu (24,37-44 )
Texte du commentaire
: Il est des passages de l’Evangile ou la venue du jour du Fils de l’homme est
marqué par des évènements tragiques : tremblements de terre, guerres et autres catastrophes
angoissantes. Il en est d’autres – et c’est le cas de celui que nous entendons en
ce premier dimanche de l’année liturgique – qui n’évoquent pas ce type de situations
dramatiques. Bien au contraire ! Jésus en évoquant ici le Déluge comme point de référence
de son enseignement déclare à ses disciples : « avant le déluge, on mangeait, on
buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Les gens ne se sont
doutés de rien, jusqu’au déluge qui les a tous engloutis ». Et, suite à ses propos,
il nous donne à contempler des scènes plutôt banales de la vie: deux hommes au champ,
deux femmes au moulin, des scènes en définitives de la vie quotidienne… Ne nous
y trompons pas frères et sœurs, si nous sommes bien souvent demandeurs de signes extraordinaires,
c’est pourtant au milieu de notre vie quotidienne que le Seigneur fera irruption.
Et il y a fort à parier qu’il trouvera nombre d’entre nous affairés par les multiples
occupations de la vie de chaque jour, et ce à tel point qu’on pourra se demander si
la venue du Seigneur signifie encore quelque chose pour nous ? Certains risquent à
cause d’une telle attitude de passer à côté du salut sans s’en rendre compte tel que
nous le découvrons dans cet évangile. Ne croyons pas que le choix des personnes sauvées
se fera de manière arbitraire de la part de Dieu comme une lecture trop rapide du
texte pourrait le laisser penser : « l’un est pris, l’autre laissé […]. L’une est
prise, l’autre laissée » dit en effet le Seigneur. Trop de personnes ont une idée
fausse car tyrannique de Dieu. Dieu ne fait pas tomber son couperet suivant son bon
vouloir : il tient compte de nous et ne nous sauve pas malgré nous. Quel est dès
lors le meilleur chemin pour participer à la vie de Dieu et ne pas être engloutis
comme au jour du déluge ? Le Seigneur nous le dit : « Tenez-vous donc prêts, vous
aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le fils de l’homme viendra ».
Il nous faut donc veiller. Dit autrement, il nous faut être vigilants. Ces lignes
de l’Evangile de Saint Matthieu annonçant la venue du jour du Seigneur sont un passage
destiné à nous aider à ne pas baisser les bras, à ne pas se laisser aller. Hier comme
aujourd’hui après deux mille ans de christianisme, nous pourrions perdre de vue le
but ultime de l’Incarnation. Frères et sœurs, ne l’oublions pas, le Seigneur viendra,
reviendra comme il l’a promis. Soyons en certain ! Quand ? Nous n’en savons rien.
Le Christ le réaffirme : « Vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra »,
mais ce jour arrivera, évidemment ! L’anamnèse nous le fait chanter chaque dimanche :
« Nous rappelons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta Résurrection, nous attendons
ta venue dans la gloire ». Mais chantons-nous encore avec conviction cette acclamation
liturgique? Quoiqu’il en soit, il n’est pas indifférent de lire ce passage d’Evangile
au début du temps de l’Avent. Une première compréhension par trop historique de Noël
pourrait nous faire croire que nous nous préparons à commémorer seulement un événement
de l’histoire passée : la naissance de l’enfant de Bethléem. Une deuxième compréhension,
elle trop anthropocentrique, pourrait nous faire croire que Noël nous renvoie seulement
à notre vie présente : la naissance du Christ dans notre vie d’aujourd’hui, la place
de nos familles dans la vie de l’homme… Si tout cela dit quelque chose de vrai, la
Nativité n’a tout son sens cependant que parce que l’Incarnation nous prépare à la
Parousie. Alors veillons sans cesse et en ce temps d’Avent, attendons sereinement
mais réellement la Venue du Christ dans la gloire.