12ème assemblée générale ordinaire du Synode des évêques - Lineamenta
SYNODE DES ÉVÊQUES XIIème ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
LA PAROLE
DE DIEU DANS LA VIE ET LA MISSION DE L'ÉGLISE
L I N E A M E N T A
TABLES
DES MATIÈRES
Avant-propos
Introduction
Pourquoi un Synode sur
la Parole de Dieu
Questions
Chapitre I
Révélation, Parole de
Dieu, Église
L'initiative vient de Dieu. La Révélation divine se manifeste
en tant que Parole de Dieu La personne humaine a besoin de la Révélation La
Parole de Dieu s'entrelace avec l'histoire de l'homme et guide son chemin Jésus-Christ
est la Parole de Dieu incarnée, la plénitude de la Révélation La Parole de Dieu
est comme une symphonie À la Parole de Dieu correspond la foi de l'homme La
foi se manifeste dans l'écoute Marie, modèle d'accueil de la Parole pour le croyant La
Parole de Dieu, confiée à l'Église, se transmet à toutes les générations Tradition
et Écriture dans l'Église: un unique dépôt saint de la Parole de Dieu L'Écriture
Sainte, Parole de Dieu inspirée Une tâche nécessaire et délicate: interpréter la
Parole de Dieu dans l'Église Ancien et Nouveau Testaments, une unique économie
du salut
Questions
Chapitre II
La Parole de Dieu dans la vie
de l'Église
L'Église naît et vit de la Parole de Dieu La Parole de Dieu
soutient l'Église tout au long de son histoire Dans la puissance de l'Esprit Saint,
la Parole de Dieu pénètre et anime toute la vie de l'Église L'Église se nourrit
de la Parole de maintes façons
a. Dans la liturgie et dans la prière b.
Dans l'évangélisation et dans la catéchèse c. Dans l'exégèse et dans la théologie d.
Dans la vie du croyant
Questions
Chapitre III
La Parole de Dieu
dans la mission de l'Église
La mission de l'Église est de proclamer le Christ,
la Parole de Dieu fait chair La Parole de Dieu doit être disponible pour tous et
toujours La Parole de Dieu, grâce de communion entre les chrétiens La Parole
de Dieu, lumière pour le dialogue interreligieux
a. Avec le peuple juif b.
Avec d’autres religions
La Parole de Dieu, levain des cultures modernes La
Parole de Dieu et l'histoire des hommes
«
Vivante, en effet, est la Parole de Dieu, efficace et plus incisive qu'aucun glaive
à deux tranchants, elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit,
des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du
cœur » (He 4, 12).
Toute l'histoire du salut prouve que la Parole de Dieu est
vivante. Celui qui prend l'initiative de se manifester, c'est Dieu, source de la vie
(cf. Lc 20, 38). Sa Parole s'adresse à l'homme, œuvre de Ses mains (cf. Jb 10, 3),
créé justement pour pouvoir Lui répondre, en entrant en communication avec Son Créateur.
Aussi la Parole de Dieu accompagne-t-elle l'homme depuis la création jusqu'à la fin
de son pèlerinage ici-bas. Elle s'est manifestée de nombreuses façons, atteignant
son apogée dans le mystère de l'Incarnation lorsque, par œuvre de l'Esprit Saint,
le Verbe, Dieu auprès de Dieu, s'est fait chair (cf. Jn 1, 1.14). Jésus-Christ, mort
et ressuscité, est «le Vivant » (Ap 1, 18), celui qui a les paroles de la vie éternelle
(cf. Jn 6, 68).
La Parole de Dieu est aussi incisive. Elle éclaire la vie de
l'homme, lui indiquant le chemin à suivre, en particulier à travers le Décalogue (cf.
Ex 20, 1-21), que Jésus a synthétisé dans le commandement de l'amour envers Dieu et
envers le prochain (cf. Mt 22, 37-40). En outre, les Béatitudes (cf. Lc 6, 20-26)
sont l'idéal de la vie chrétienne vécue à l'écoute de la Parole de Dieu qui sonde
les sentiments des cœurs, les orientant vers le bien et les purifiant de ce qui peut
être mal. En se communiquant à l'homme pécheur, toutefois appelé à la sainteté, Dieu
l'exhorte à changer sa mauvaise conduite: «Convertissez-vous de votre mauvaise conduite,
avait-il dit, et observez mes commandements et mes lois, selon toute la Loi que j'ai
prescrite à vos pères et que je leur ai communiquée par le ministère de mes serviteurs
les prophètes » (2 R 17, 13). Dans l'Évangile, le Seigneur Jésus aussi lance l'invitation:
«Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche » (Mt 3,2). Par la grâce
de l'Esprit Saint, la Parole de Dieu touche le cœur du pécheur repenti et le reconduit
à la communion avec Dieu dans son Église. La conversion d'un pécheur est cause d'une
grande joie dans les cieux (cf. Lc 15, 7). Au nom du Seigneur ressuscité, l'Église
continue sa mission de prêcher «la rémission des péchés […] à toutes les nations »
(Lc 24, 47). Docile à la Parole de Dieu, elle aussi entreprend la voie de l'humilité
et de la conversion pour être toujours plus fidèle à Jésus-Christ, son Époux et Seigneur,
et pour annoncer sa Bonne Nouvelle avec plus de force et d'authenticité.
La
Parole de Dieu est efficace. Cela est démontré par les histoires personnelles des
patriarches et des prophètes, tout comme celles du peuple élu de l'Ancienne et de
la Nouvelle Alliance. Et c'est de façon tout à fait singulière qu'en témoigne Jésus-Christ,
Parole de Dieu qui, en se faisant chair «est venu habiter parmi nous » (Jn 1, 14).
Il continue d'annoncer le Royaume de Dieu et de guérir les malades (cf. Lc 9, 2) à
travers son Église. Celle-ci réalise cette œuvre de salut au moyen de la Parole et
des Sacrements et, plus particulièrement, de l'Eucharistie, source et sommet de la
vie et de la mission de l'Église, dans laquelle, par la grâce de l'Esprit Saint, les
paroles de la consécration deviennent efficaces, transformant le pain dans le Corps,
et le vin dans le Sang du Seigneur Jésus (cf. Mt 26, 26-28; Mc 14, 22-23; Lc 22, 19-20).
Aussi, la Parole de Dieu est-elle la source de la communion entre l'homme et Dieu
et entre les hommes eux-mêmes, que le Seigneur aime.
Le lien étroit entre l'Eucharistie
et la Parole de Dieu a aussi orienté le choix du thème de la prochaine Assemblée Générale
Ordinaire du Synode des Évêques, en renforçant le désir, déjà en acte depuis longtemps,
de consacrer la réflexion synodale à la Parole de Dieu. De sorte qu'après le Synode
des Évêques sur L'Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l'Église,
qui s'est tenu du 2 au 23 octobre 2005, il semblait logique de concentrer l'attention
sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Église, en approfondissant ultérieurement
le sens de l'unique autel du Pain et de la Parole. Ce thème reflète le désir prioritaire
des Églises particulières, manifesté par leurs pasteurs, les évêques. En effet, le
choix du thème de la prochaine rencontre synodale a été fixé collégialement. Selon
la pratique éprouvée, le Saint-Père Benoît XVI avait chargé la Secrétairerie Générale
du Synode des Évêques de consulter la totalité de l'épiscopat de l'Église catholique
à ce propos. Des réponses parvenues des Églises orientales catholiques sui iuris,
des Conférences épiscopales, des Dicastères de la Curie romaine et de l'Union des
Supérieurs Généraux, il ressort que le thème préféré était celui de la Parole de Dieu,
avec des accents différents et une grande variété d'aspects. Le matériel abondant
a été analysé lors du XIème Conseil Ordinaire de la Secrétairerie Générale du Synode
des Évêques qui, d'une certaine façon, représente toute l'Assemblée. En effet, douze
de ses membres ont été choisis par leurs confrères lors de la XIème Assemblée Générale
Ordinaire du Synode des Évêques. Conformément à ce que prévoit l'Ordo Synodi Episcoporum,
trois autres membres du Conseil ont été nommés par Sa Sainteté Benoît XVI. Les résultats
d'une discussion féconde au sein du Conseil Ordinaire ont été synthétisés dans une
triade de thèmes que le Secrétaire Général a soumis ensuite à la décision du Souverain
Pontife.
Le thème choisi par le Saint-Père, Président du Synode des Évêques,
a été rendu public le 6 octobre 2006. Par la suite, le Conseil Ordinaire de la Secrétairerie
Générale s'est mis au travail pour préparer les Lineamenta, document ayant pour objectif
de présenter brièvement le « status quæstionis » sur l'argument important de la Parole
de Dieu, d'indiquer les aspects positifs dans la vie et dans la mission de l'Église,
sans cacher certains aspects problématiques, ou du moins devant être approfondis pour
le bien de l'Église et de sa vie dans le monde. Dans ce but, les Lineamenta se réfèrent
abondamment à la Constitution dogmatique sur la révélation divine Dei Verbum, et suivent
plus particulièrement l'approche choisie par les Pères conciliaires, qui est de se
placer dans une attitude d'écoute religieuse de la Parole de Dieu pour pouvoir, ensuite,
la proclamer hardiment (cf. DV 1). La relecture de Dei Verbum dans une clef pastorale
est accompagnée des proclamations successives du Magistère de l'Église, qui a pour
tâche d'interpréter de façon authentique le dépôt sacré de la foi, contenu dans la
Tradition et dans l'Écriture.
Pour faciliter la réflexion et la discussion
sur le thème au niveau de toute l'Église, le Document s'accompagne d'un Questionnaire
détaillé se rapportant aux arguments traités dans les différents chapitres. Tous les
organismes collégiaux nommés précédemment sont priés de remettre leurs réponses à
ce Questionnaire avant le mois de novembre 2007. Avec l'aide de plusieurs experts
compétents, le Conseil Ordinaire étudiera la documentation et en structurera les thèmes
dans un second document, dit traditionnellement Instrumentum laboris, qui sera adopté
comme ordre du jour de la XIIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques,
celle-ci devant se tenir, si Dieu le veut, du 5 au 26 octobre 2008.
Dès les
origines, l'Église vit de la Parole de Dieu. Dans le Christ, Verbe incarné sous l'action
de l'Esprit Saint, l'Église est «comme un sacrement, ou si l'on veut, un signe et
moyen d'opérer l'union intime avec Dieu et l'unité de tout le genre humain » (LG 1).
La Parole de Dieu est aussi le moteur inépuisable de la mission ecclésiale auprès
de ceux qui sont proches comme de ceux qui sont lointains. En obéissant au mandat
du Seigneur Jésus et en mettant sa confiance dans la force de l'Esprit Saint, l'Église
est donc dans une situation permanente de mission (cf. Mt 28, 19).
Suivant
l'exemple de la bienheureuse Vierge Marie, humble servante du Seigneur, le Synode
voudrait aider à redécouvrir avec émerveillement la Parole de Dieu – qui est vivante,
incisive et efficace – dans le cœur même de l'Église, dans sa liturgie et la prière,
dans l'évangélisation et la catéchèse, dans l'exégèse et la théologie, dans la vie
personnelle et communautaire, ainsi que dans les cultures des hommes, purifiées et
enrichies par l'Évangile. Se laissant réveiller par la Parole de Dieu, les chrétiens
pourront répondre à quiconque demande raison de leur espérance (cf. 1 P 3, 15), en
aimant le prochain «ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité » (1 Jn 3,
18). En accomplissant de bonnes actions, les hommes verront resplendir leur lumière
devant eux, reflet de la gloire de Dieu, et tous loueront notre Père qui est aux cieux
(cf. Mt 5, 16). Ainsi, la Parole de Dieu rayonne sur toute la vie de l'Église, qualifiant
aussi sa présence dans la société en tant que levain d'un monde plus juste et pacifique,
où ne règne aucune sorte de violence et ouvert à la construction d'une civilisation
de l'amour.
«La Parole du Seigneur demeure pour l'éternité. C'est cette Parole
dont la Bonne Nouvelle vous a été portée » (1 P 1, 25). La réflexion sur le thème
du Synode devient une humble prière afin que la nouvelle découverte de la Parole de
Dieu illumine toujours mieux le chemin de l'homme dans l'Église et dans la société,
le long du parcours souvent tortueux de l'histoire, tandis qu'il attend, confiant,
«de nouveaux cieux et une terre nouvelle […] où la justice habitera » (2 P 3, 13).
X
Nikola Eterović Archevêque titulaire de Sisak Secrétaire Général
« Ce qui était dès le commencement, ce que
nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé,
ce que nos mains ont touché du Verbe de vie; – car la Vie s'est manifestée: nous l'avons
vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était
tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous
vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre
communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Tout ceci, nous vous
l'écrivons pour que notre joie soit complète » (1 Jn 1, 1-4).
1. « Au commencement
était le Verbe » (Jn 1, 1). « La Parole de notre Dieu subsiste à jamais » (Is 40,
8). La Parole de Dieu ouvre l'histoire avec la création du monde et de l'homme: «Dieu
dit » (Gn 1, 3.6 et suiv.); elle en proclame le cœur avec l'incarnation du Fils, Jésus-Christ:
« Et le Verbe s'est fait chair » (Jn 1, 14). Elle la termine avec la promesse certaine
de la rencontre avec Lui dans une vie sans fin: « Oui, mon retour est proche » (Ap
22, 20).
C'est la certitude suprême que Dieu Lui-même, dans Son infini amour,
entend donner à l'homme de tous les temps, en faisant de Son peuple le témoin. C'est
ce grand mystère de la Parole en tant que don suprême de Dieu que le Synode entend
adorer, remercier, méditer et annoncer à l'Église et à tous les hommes.
2.
L'homme contemporain montre de maintes façons qu'il a grandement besoin d'écouter
Dieu et de Lui parler. Aujourd'hui, les chrétiens ressentent une aspiration ardente
à aller vers la Parole de Dieu en tant que source de vie et grâce de rencontre de
l'homme avec le Seigneur.
Aussi, il n'est pas étonnant que Dieu réponde à une
telle ouverture de l'homme, Dieu qui est invisible et qui « s'adresse aux hommes comme
à des amis, et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec Lui et
les recevoir en cette communion ».[1]Cette révélation généreuse de Dieu est un événement
permanent de grâce.
Nous reconnaissons en tout cela l'action de l'Esprit Saint
qui, par la Parole, entend renouveler la vie et la mission de l'Église, en l'appelant
à une conversion continuelle et en l'envoyant apporter l'annonce de l'Évangile à tous
les hommes, « pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante » (Jn 10, 10).
3.
La Parole de Dieu a son centre dans la personne du Christ Seigneur. L'Église a fait
du mystère de la Parole une expérience et une réflexion constantes tout au long des
siècles. « Que croyez-vous que soit l'Écriture, sinon la Parole de Dieu? Certes, nombreuses
sont les paroles écrites de la main des prophètes; mais le Verbe de Dieu est unique,
lui qui synthétise toute l'Écriture. Ce Verbe unique, les fidèles l'ont conçu comme
la semence de Dieu leur époux légitime, avec une bouche féconde lorsqu'ils l'ont engendré,
et ils l'ont confié à des signes – les lettres – pour le faire arriver jusqu'à nous
».[2]
Avec la Constitution dogmatique sur la Révélation Divine Dei Verbum,
le Concile Vatican II résume le Magistère solennel de l'Église sur la Parole de Dieu,
en en exposant la doctrine et en en indiquant la pratique. En effet, la Parole porte
à réaliser un long chemin de maturation et d'approfondissement, rythmé par les trois
Encycliques: Providentissimus Deus de Léon XIII, Spiritus Paraclitus de Benoît XV
et Divino afflante Spiritu de Pie XII;[3] un chemin enrichi par une exégèse et une
théologie renouvelées, par l'expérience spirituelle des fidèles, et rappelé de façon
opportune dans le Synode des Évêques de 1985[4] et dans le Catéchisme de l'Église
Catholique. Après le Concile, le Magistère de l'Église universelle et locale a encouragé
avec insistance la rencontre avec la Parole, convaincu que celle-ci « apportera à
l'Église […] un nouveau printemps spirituel ».[5]
L'Assemblée synodale se situe
donc dans le grand souffle de la Parole que Dieu adresse à Son peuple, en lien étroit
avec les précédents Synodes des Évêques (1965-2006), en ce qu'elle rappelle le fondement
même de la foi et vise à concrétiser dans notre temps les grands témoignages de rencontre
avec la Parole que l'on trouve dans le monde de la Bible (cf. Jos 24; Ne 8; Ac 2)
et tout au long de l'histoire de l'Église.
4. De façon plus spécifique, le
présent Synode, en continuité avec le précédent, entend mettre en lumière le lien
intrinsèque entre l'Eucharistie et la Parole de Dieu, du fait que l'Église « ne cesse,
de la table de la Parole de Dieu comme celle du Corps du Christ, de prendre l’[unique]
Pain de vie ».[6] C'est là la motivation profonde et, en même temps, l'objectif premier
du Synode: rencontrer pleinement la Parole de Dieu dans le Seigneur Jésus, présent
dans l'Écriture et dans l'Eucharistie. Saint Jérôme affirme: « La chair du Seigneur
est vraie nourriture et son sang vraie boisson; c'est là le vrai bien qui nous est
réservé dans la vie ici-bas, se nourrir de Sa chair et boire Son sang, non seulement
dans l'Eucharistie, mais aussi dans la lecture des Saintes Écritures. En effet, la
Parole de Dieu que l'on puise à la connaissance des Écritures est vraie nourriture
et vraie boisson ».[7]
Mais avant de procéder, il faut se demander, quarante
ans après le Concile Vatican II, quels fruits a donné le document conciliaire Dei
Verbum dans nos communautés et comment il a été véritablement accueilli. Certainement,
pour ce qui est de la Parole de Dieu, de nombreux résultats positifs ont été réalisés
dans le peuple de Dieu. C'est le cas du renouveau biblique dans le cadre de la liturgie,
de la théologie et de la catéchèse, ou encore de la diffusion et de l’usage des Livres
Saints à travers l'apostolat biblique et l'élan de communautés et mouvements ecclésiaux,
et enfin la disponibilité croissante d'instruments et de matériels dans la communication
contemporaine. Mais d'autres aspects restent encore ouverts et problématiques. Les
phénomènes de l'ignorance et de l'incertitude de la doctrine même de la Révélation
et de la Parole de Dieu sont graves; le détachement de nombreux chrétiens à l'égard
de la Bible reste important, ainsi que le risque d'un usage incorrect de celle-ci;
sans la vérité de la Parole, le relativisme de pensée et de vie se fait insidieux.
La nécessité se fait sentir avec urgence de connaître intégralement la foi de l'Église
sur la Parole de Dieu, d'élargir – par des méthodes adéquates – la rencontre avec
les Saintes Écritures pour tous les chrétiens, et d'adopter aussi de nouvelles voies
suggérées aujourd'hui par l'Esprit pour que, dans ses différentes manifestations,
la Parole de Dieu soit connue, écoutée, aimée, approfondie et vécue dans l'Église
et qu'elle devienne ainsi Parole de vérité et d'amour pour tous les hommes.
5.
Le but de ce Synode est éminemment pastoral: en approfondissant les raisons doctrinales
et en se laissant éclairer par celles-ci, on entend développer et renforcer la rencontre
avec la Parole comme source de vie dans les différents milieux de l'expérience, en
proposant pour ce faire aux chrétiens et à toute personne de bonne volonté des voies
justes et praticables pour pouvoir écouter Dieu et Lui parler.
Concrètement,
l'un des objectifs du Synode est de contribuer à éclaircir les aspects fondamentaux
de la vérité sur la Révélation, tels que la Parole de Dieu, la Tradition, la Bible,
le Magistère, qui motivent et garantissent un chemin de foi valable et efficace; de
déclencher l'estime et l'amour profond pour les Saintes Écritures, en faisant de sorte
que leur « accès […] soit largement ouvert aux chrétiens »;[8] de renouveler l'écoute
de la Parole de Dieu, au moment liturgique et catéchétique, particulièrement avec
l'exercice de la Lectio Divina, correctement adaptée aux différentes circonstances;
d'offrir au monde des pauvres une Parole de consolation et d'espérance.
Ainsi,
le présent Synode veut donner au peuple de Dieu une Parole qui soit pain; il vise
donc à promouvoir un juste exercice herméneutique de l'Écriture, en orientant correctement
le processus nécessaire d'évangélisation et d'inculturation; il entend encourager
le dialogue œcuménique, lié étroitement à l'écoute de la Parole de Dieu; il veut faciliter
la confrontation et le dialogue entre juifs et chrétiens[9] et, plus largement, le
dialogue interreligieux et interculturel. Le Synode entend réaliser ces objectifs,
et d'autres encore, suivant trois passages:
- la Révélation, la Parole de Dieu,
l'Église (chap. I), - la Parole de Dieu dans la vie de l'Église (chap. II), -
la Parole de Dieu dans la mission de l'Église (chap. III).
Cela permettra d'unir
le moment fondant et celui opérationnel de la Parole de Dieu dans l'Église.
Ces
Lineamenta ne veulent donc pas exprimer l'ensemble des motivations et des applications
de rencontre avec la Parole de Dieu mais, à la lumière du Concile Vatican II, indiquer
celles qui sont essentielles en soulignant à la fois la donnée doctrinale et l'expérience
en acte, et en invitant à contribuer ultérieurement avec des apports spécifiques.
Questions:
Introduction
1. Quels sont les « signes des temps » qui, dans votre pays, font
que le présent Synode sur la Parole de Dieu constitue une urgence? Qu'attend-on de
lui?
2. Quel rapport peut-on trouver entre le Synode précédent sur l'Eucharistie
et celui-ci sur la Parole de Dieu?
3. Existe-t-il des traditions d'expérience
biblique dans votre Église locale? Quelles sont-elles? Existe-t-il des groupes bibliques?
De quelle typologie?
Chapitre I
Révélation, Parole de Dieu, Église
«
Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par
les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils,
qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles » (He
1, 1-2).
L'initiative vient de Dieu. La Révélation divine se manifeste en tant
que Parole de Dieu
6. « Il a plu à Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se
révéler lui-même et de faire connaître le mystère de sa volonté ».[10] Face au risque
d'emprisonner le mystère de Dieu dans des structures uniquement humaines et dans un
rapport froid et arbitraire, le Concile Vatican II présente, dans Dei Verbum, une
synthèse de la foi de l'Église, foi vieille de plusieurs siècles, en proposant les
lignes maîtresses d'une réflexion correcte. Dieu se manifeste de façon aussi gratuite
qu'orientée à établir un rapport interpersonnel de vérité et d'amour avec l'homme
et le monde qu'Il a créés. Il se révèle Lui-même dans la réalité visible du cosmos
et de l'histoire « par des paroles et des actions […] étroitement liées entre elles
»,[11] en montrant ainsi une « économie de la révélation », c'est-à-dire un projet
visant le salut de l'homme et, avec lui, toute la création. Se trouvent ainsi révélées
à nos yeux à la fois la vérité sur Dieu, Un et Trin, et la vérité sur l'homme, que
Dieu aime et qu'il veut rendre heureux, une vérité qui puise sa plus grande splendeur
dans Jésus-Christ, qui « est à la fois le médiateur et la plénitude de la Révélation
tout entière ».[12]
Ce rapport de communication gratuite, qui suppose une communion
profonde, en analogie avec la communication humaine, Dieu Lui-même l'appelle Sa Parole,
« la Parole de Dieu ». Aussi doit-elle être comprise radicalement comme un acte personnel
de Dieu Un et Trin, qui aime, et donc qui parle, et qui parle à l'homme pour que celui-ci
reconnaisse cet amour et y réponde.[13] Cela est confirmé par une lecture attentive
de la Bible, depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse. Lorsque la Parole de Dieu est
lue, et surtout proclamée, comme c'est le cas dans l'Eucharistie, « le sacrement par
excellence »,[14] et dans les autres sacrements, le Seigneur Lui-même nous invite
à « réaliser » un événement interpersonnel, singulier et profond, de communion entre
Lui et nous, et entre nous tous. En effet, la Parole de Dieu est efficace et elle
réalise ce qu'elle affirme (cf. He 4, 12).
La personne humaine a besoin de
la Révélation
7. L'homme a la capacité de connaître Dieu, et ce à partir des
moyens mêmes que Celui-ci lui a donnés (cf. Rm 1, 20), en particulier le monde de
la création (liber naturæ). Toutefois, dans les conditions où il se trouve, de par
le péché, cette connaissance est devenue obscure et incertaine, et niée par beaucoup.
Mais Dieu n'abandonne pas Sa créature en insérant en elle, même si cela n'est pas
toujours reconnu, un désir de lumière, de salut et de paix. Ce désir continue d'exister
à travers l'annonce de l'Évangile dans le monde entier, produisant des valeurs religieuses
et culturelles. Celles-ci aident un grand nombre à se mettre en quête du Dieu de Jésus-Christ. Dans
la vie même du peuple de Dieu, on perçoit l'aspiration aiguë – ainsi que le besoin
– de savourer une foi pure et belle, en arrachant le voile de l'ignorance, de la confusion
et de la méfiance à propos de Dieu et de l'homme, et ainsi de discerner et de renforcer
dans la vérité de Dieu les nombreuses conquêtes du progrès. On peut donc parler d'un
besoin profond et diffus qui, telle une invocation, ouvre de façon existentielle à
la vérité de la Révélation, réalisée par Dieu Lui-même pour le bien de l'humanité,
c'est-à-dire à écouter Sa Parole. S'y intéresser constitue le fondement des objectifs
du Synode, pour les répercussions dans la pastorale, en ce qu'il authentifie et encourage
le processus de la nouvelle évangélisation et permet en même temps de saisir de précieuses
indications en vue du dialogue œcuménique, interreligieux et culturel.
La Parole
de Dieu s'entrelace avec l'histoire de l'homme et guide son chemin
8. Dans
certaines cultures, l'homme moderne se sent l'artisan, et donc le maître, de son histoire
et il trouve difficile d'accepter que quelqu'un s'insère dans son monde sans dialoguer
avec lui et sans lui donner les raisons de sa présence. Une telle attitude peut aussi
exister à l'égard de Dieu, sous une forme souvent erronée et, de toutes façons, caractérisée
par le doute. Toutefois, Dieu, qui ne peut taire la vérité de Sa Parole, rassure l'homme
qu'il s'agit toujours d'une Parole d'ami, pour son bien, dans le respect de sa liberté
mais il lui demande en même temps de l'écouter loyalement, puis de la méditer. En
effet, il faut que la Parole de Dieu « apparaisse comme une ouverture à ses problèmes
[de l'homme], une réponse à ses questions, un élargissement à ses valeurs, en même
temps que la satisfaction apportée à ses aspirations les plus profondes ».[15] À la
lumière de Dei Verbum encore, nous apprenons que, du fait qu'elle est prononcée par
Dieu, Sa Parole – si elle précède toute initiative et parole humaines – veut ouvrir
à l'homme des horizons inattendus de vérité et de signification, ainsi que l'attestent
les textes de Gn 1; Jn 1, 1 et suiv.; He 1, 1; Rm 1, 19-20; Ga 4, 4; Col 1, 15-17.
S. Grégoire le Grand affirme: «Lorsque les Écritures s'abaissent à employer nos pauvres
paroles, c'est pour nous faire monter doucement, une marche après l'autre, de ce que
nous voyons près de nous jusqu'à sa sublimation ».[16]
Dès les origines, Dieu
a voulu « ouvrir le chemin du salut éternel ».[17] À la lumière de l'Écriture, il
nous est donné d'apprendre comment Sa Parole puissante a commencé un dialogue vivant,
parfois dramatique, mais à la fin victorieux, avec l'humanité dès ses débuts, puis
dans l'histoire de Son peuple, Israël, en atteignant la Révélation suprême dans l'histoire
de Jésus-Christ, Sa Parole éternelle incarnée (cf. Jn 1, 14). Saint Ephrem chante:
« Je contemplais alors le Verbe Créateur et je le comparais au Rocher marchant avec
le peuple au milieu du désert. Sans recueillir en lui ni accumuler d'eaux, il versait
sur le peuple d’admirables torrents. Nulle eau n’était en lui, mais de lui des océans
jaillirent. Ainsi, de rien, le Verbe créa ses œuvres. Heureux qui de ton Paradis méritera
d'hériter! Moïse, dans son Livre, décrit la création de toute la Nature pour qu’au
Créateur, la Nature et le Livre portent leur témoignage; la Nature, par l'usage, le
Livre, par la lecture: ce sont là des témoins qui partout se propagent, se trouvent
en tout temps, sont présents à toute heure, prouvant à l'infidèle combien il est ingrat
envers le Créateur ».[18]
Cette vision de la Parole de Dieu a une forte incidence
dans la pastorale. Elle entrelace son histoire à celle des hommes, elle se fait histoire
des hommes, de sorte que notre histoire humaine n'est donc pas composée uniquement
de pensées, de paroles et d'initiatives humaines. Elle met en lumière des traces vivantes
dans la nature et dans la culture, elle éclaire les sciences de l'homme pour qu'elles
assument leur juste valeur; et elle est aussi aidée par celles-ci à mettre en évidence
son identité propre, et à rayonner l'humanisme originel qui est le sien. C'est plus
particulièrement une Parole qui s'est choisi un peuple pour en partager le chemin
de liberté et de salut, mettant en relief le sérieux tenace et patient de Dieu: être
un « Emmanuel » (Is 7, 14), « Dieu-avec-nous » (Is 8, 10; cf. Rm 8, 31; Ap 21, 3).
Cela permet de comprendre comment, grâce au témoignage de la Bible, la Parole a trouvé
écho dans les pensées et les expressions de l'homme tout au long des siècles, parfois
de façon tortueuse et soufferte, dans les événements sombres de l'histoire, en produisant
des effets extraordinaires, qui se manifestent à travers les saints de manière troublante.
En vivant leurs charismes particuliers comme un don de l'Esprit Saint, ceux-ci ont
montré les potentialités considérables et originales de la Parole de Dieu prise au
sérieux.
Il est spécialement important aujourd'hui d'aider à comprendre le
juste rapport entre la Révélation publique et constitutive du Credo chrétien, et les
révélations privées, en discernant la façon dont celles-ci sont pertinentes à la foi
authentique.
Jésus-Christ est la Parole de Dieu incarnée, la plénitude de la
Révélation
9. « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé
jadis aux Pères par les prophètes, Dieu en ces jours qui sont les derniers, nous a
parlé par un Fils » (He 1, 1ss.). Les chrétiens parviennent en général à percevoir
le caractère central de la personne de Jésus-Christ dans la Révélation de Dieu. Mais
ils ne savent pas toujours saisir les raisons de cette importance, ni comprendre de
quelle façon Jésus est le cœur de la Parole de Dieu; c'est pourquoi, dans la lecture
de la Bible aussi, ils ont des difficultés à lire cette Révélation selon une clef
chrétienne.
Et toujours à la lumière de Dei Verbum, il faut se rappeler que
Dieu a voulu une initiative tout à fait imprévisible, et pourtant réalisée: « Il a
envoyé son Fils, c'est-à-dire le Verbe éternel, qui illumine tous les hommes, afin
qu'il demeure parmi eux et leur explique les secrets de Dieu (cf. Jn 1, 1-18). De
sorte que Jésus-Christ, le Verbe incarné, homme envoyé parmi les hommes, ‘prononce
les paroles de Dieu’ (Jn 3, 34) et réalise en totalité l'œuvre de salut que le Père
lui a confiée (cf. Jn 5, 36; 17, 4) ».[19] Ainsi, dans sa vie ici-bas, et maintenant
dans celle céleste, Jésus assume et réalise tout le but, le sens, l'histoire et le
projet que renferme la Parole de Dieu car, comme le dit Saint Irénée: « Le Christ
a fait toutes choses nouvelles en venant parmi nous ».[20]
À la lumière de
Jésus-Christ, il est important, au niveau pastoral, de savoir cueillir, par analogie,
la valeur plurale assumée par la Parole de Dieu dans la foi de l'Église, selon le
témoignage de la Bible elle-même. En effet, elle se manifeste comme Parole éternelle
de Dieu, elle rayonne dans la création, elle assume un profil historique chez les
prophètes, elle se manifeste dans la personne de Jésus, elle résonne dans la voix
des apôtres et elle est proclamée aujourd'hui dans l'Église. Elle forme un tout, dont
la clef d'interprétation, en vertu de l'Esprit Saint, est le Christ-Parole. « La Parole
de Dieu qui, au début, était auprès de Dieu, n'est pas, dans sa plénitude, une multiplicité
de paroles: elle n'est pas constituée de nombreuses paroles, elle est une unique Parole,
qui embrasse un grand nombre d'idées dont chacune est une partie de la Parole dans
sa totalité […] Et si le Christ nous renvoie aux ‘Écritures’, comme celles qui en
témoignent, il considère les livres des Écritures comme un seul rouleau, car tout
ce qui a été écrit de Lui est résumé en un seul tout ».[21] On voit ici une continuité
dans la différence.
À cette richesse de la Parole, l'Église assure son annonce
essentielle. La communauté chrétienne se sent engendrée et renouvelée par la Parole
de Dieu si elle sait la comprendre en Jésus-Christ. Mais il est également vrai que
la Parole de Jésus – c'est-à-dire Jésus lui-même – doit être comprise comme il le
dit, selon les Écritures (cf. Lc 24, 44-49), c'est-à-dire dans l'histoire du peuple
de Dieu de l'Ancien Testament, qui l'a attendu comme le Messie, et maintenant dans
l'histoire de la communauté chrétienne, qui l'annonce avec la prédication, médite
sur lui avec la Bible, expérimente son amitié et son guide dans l'existence. Saint
Bernard affirme qu’au plan de l'Incarnation de la Parole, le Christ est le centre
de toutes les Écritures. La Parole de Dieu, qui se faisait déjà entendre dans l'Ancien
Testament, est devenue visible dans le Christ.[22]
La Parole de Dieu est comme
une symphonie
10. Les indications données précédemment permettent maintenant
de tracer le sens que l'Église donne à la Parole de Dieu à la lumière de la Révélation.
Elle est comme une symphonie interprétée par de nombreux instruments, en ce que Dieu
communique Sa Parole sous maintes formes et de maintes façons (cf. He 1, 1) pendant
une longue histoire et à travers différents annonceurs, mais où apparaît une hiérarchie
de significations et de fonctions. Il est juste de parler de sens analogue de la Parole.
a
– À la lumière de la Révélation, la Parole de Dieu est le Verbe éternel de Dieu, la
deuxième personne de la Sainte Trinité, le Fils du Père, fondement de la communication
inter-trinitaire et ad extra: « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec
Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui,
et sans lui rien ne fut » (Jn 1, 1-3; cf. Col 1, 16).
b – De ce fait, le monde
créé « raconte la gloire de Dieu » (Ps 19, 1), et Sa voix est en toutes choses (cf.
Si 46, 17; Ps 68, 34). À l'origine des temps, Dieu a créé le cosmos avec Sa Parole,
apposant sur la création le sceau de Sa sagesse, dont l'homme est l'interprète naturel,
lui qui est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27; Rm 1, 19-20).
En effet, la Parole donne la parole à l'homme pour ouvrir le dialogue avec Dieu et
la création. De sorte que Dieu a fait de la création et de l'homme in primis «un témoignage
durable de Lui-même ».[23]
c – « Le Verbe s'est fait chair » (Jn 1, 14): la
Parole de Dieu par excellence, la Parole ultime et définitive c'est Jésus-Christ,
sa personne, sa mission et son histoire intimement liées, selon le dessein du Père,
qui culmine dans la Pâque et se réalise lorsque Jésus remettra la Royauté au Père
(cf. 1 Co 15, 24). Il est l'Évangile de Dieu à l'homme (cf. Mc 1, 1).
d – En
vue de la Parole qui est le Fils incarné, dans les temps anciens le Père a parlé par
les prophètes (cf. He 1, 1) et en vertu de l'Esprit les Apôtres continuent d'annoncer
Jésus et son Évangile. Étant ainsi au service de l'unique Parole de Dieu, les paroles
de l'homme sont assumées comme paroles de Dieu et résonnent dans l'annonce des prophètes
et des Apôtres.
e – En fixant la Parole de Jésus dans les paroles des prophètes
et des Apôtres en vertu de l'inspiration divine, l'Écriture Sainte l'atteste de façon
authentique; il s'ensuit qu'elle renferme la Parole de Dieu et, parce qu'inspirée,
elle est véritablement Parole de Dieu,[24] totalement orientée vers la Parole qu'est
Jésus, car « ce sont elles [les Écritures] qui me rendent témoignage » (Jn 5, 39).
Pour ce qui est du charisme de l'inspiration, les livres des Saintes Écritures ont
une force d'appel direct et concret que n'ont pas d'autres textes ou interventions
ecclésiastiques.
f – Mais la Parole de Dieu ne reste pas bloquée dans les écrits.
En effet, si l'acte de la Révélation s'est conclu avec la mort du dernier Apôtre,[25]
la Parole révélée continue d'être annoncée et écoutée dans l'histoire de l'Église,
qui s'engage à la proclamer au monde pour répondre à ses attentes. Ainsi, la Parole
poursuit sa course à travers la prédication vivante et sous les nombreuses autres
formes de service d'évangélisation: de ce fait, la prédication est Parole de Dieu,
que le Dieu vivant communique à des personnes vivantes dans Jésus-Christ, par l'intermédiaire
de l'Église. À partir de là, on peut comprendre que lorsqu'est prêchée la révélation
de Dieu, se réalise dans l'Église un événement qui peut véritablement être appelé
Parole de Dieu.
Il faut reconnaître à la Parole de Dieu toutes les qualités
d'une communication interpersonnelle authentique comme, par exemple, une fonction
informatrice, en ce que Dieu communique Sa vérité; une fonction expressive, en ce
que Dieu laisse transparaître Sa façon de penser, d'aimer, d'agir; une fonction appelante,
en ce que Dieu interpelle et appelle à l'écoute et à une réponse de foi.
Il
reviendra aux pasteurs d'aider les fidèles à avoir cette vision harmonique de la Parole,
en évitant des formes de compréhension erronées, réductives ou ambiguës, en mettant
en lumière sa connexion intrinsèque avec le mystère de Dieu Un et Trin et Sa révélation,
Sa manifestation dans le monde créé et Sa présence germinale dans la vie et l'histoire
de l'homme, Son expression suprême en Jésus-Christ, Son infaillible attestation dans
l'Écriture Sainte et Sa transmission dans la Tradition vivante. À propos du mystère
de la Parole de Dieu, devenue langage humain, on sera attentif à la recherche scientifique
sur le langage et sa communication.
À la Parole de Dieu correspond la foi de
l'homme. La foi se manifeste dans l'écoute
11. « À Dieu qui révèle, il faut
apporter l'obéissance de la foi ».[26] À Lui qui se donne en parlant, l'homme qui
l'écoute « s'en remet tout entier librement ».[27] Cela comporte, de la part de la
communauté et de chaque croyant individuellement,[28] une réponse complète à la proposition
de communion totale avec Dieu et d’adhésion à Sa volonté. Une telle attitude de foi
de communion se manifestera, pour chaque rencontre avec la Parole, dans la prédication
vivante et dans la lecture de la Bible. Ce n'est pas un hasard si, pour la rencontre
avec le Livre Saint, Dei Verbum propose ce qu'elle affirme globalement pour la Parole
de Dieu: « Dieu […] s'adresse aux hommes comme à des amis […] pour les inviter à entrer
en communion avec lui et les recevoir en cette communion ».[29]« Dans les Livres Saints,
le Père qui est aux cieux s'avance de façon très aimante à la rencontre de Ses fils
avec beaucoup d'amour, et engage conversation avec eux ».[30] La Révélation est communion
d'amour, à partir de l'Écriture souvent exprimée par le mot « alliance » (cf. Gn 9,
9; 15, 18; Ez 24, 1-18; Mc 14, 24).
On touche ici un aspect à forte incidence
pastorale: la foi concerne la Parole de Dieu dans tous ses signes et ses langages.
C'est une foi qui, en vertu de l'action de l'Esprit Saint, reçoit de la Parole une
communication de vérité, à travers la narration ou la formule doctrinale; une foi
qui reconnaît à la Parole la caractéristique d'être un premier encouragement à une
conversion efficace, une lumière pour répondre aux nombreuses questions de la vie
du croyant, un guide pour un juste discernement sapientiel de la réalité, une incitation
à « faire » la Parole (cf. Lc 8, 21) et non seulement à la lire ou à la prononcer
et, pour finir, la source permanente de consolation et d'espérance. Une logique solide
de la foi qui en découle est la tâche de reconnaître et d'assurer la primauté à la
Parole de Dieu dans la vie de chaque croyant, en la recevant ainsi telle que l'Église
l'annonce, la comprend, l'explique et la vit.
Marie, modèle d'accueil de la
Parole pour le croyant
12. Sur le chemin qui pénètre le mystère de la Parole
de Dieu, Marie de Nazareth, à partir de l'événement de l'Annonciation, reste l'éducatrice
et la mère de l'Église, et le modèle vivant de toute rencontre personnelle et communautaire
avec la Parole, qu'elle accueille dans la foi, qu'elle médite, qu'elle intériorise
et qu'elle vit (cf. Lc 1, 38; 2, 19.51; Ac 17, 11). En effet, Marie écoutait et méditait
les Écritures, les reliant aux paroles de Jésus et aux événements qu'elle découvrait
tout au long de son histoire. Isaac de l’Étoile déclare: « Dans les Écritures, inspirées
par Dieu, ce qui est dit de façon générale pour l'Église vierge et mère, s'applique
individuellement à Marie, vierge et mère […] L'Église est l'héritière universelle
du Seigneur, Marie l'est tout spécialement, et chaque âme fidèle de manière particulière.
Dans le tabernacle du sein de Marie, le Christ est resté pendant neuf mois; dans le
tabernacle de la foi de l'Église, il reste jusqu'à la fin du monde, dans la connaissance
et dans l'amour de l'âme fidèle pour l'éternité ».[31]
La Vierge Marie sait
regarder autour d'elle et elle vit les urgences du quotidien, en étant consciente
que ce qu'elle reçoit en don du Fils est un don pour tous les hommes. Elle enseigne
à ne pas rester des spectateurs étrangers d'une Parole de vie, mais à y prendre part,
en se laissant conduire par l'Esprit Saint qui habite dans celui qui croit. Elle «
magnifie » le Seigneur, découvrant dans sa vie la miséricorde de Dieu, qui la fait
« bienheureuse » parce qu'elle « a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit
de la part du Seigneur » (Lc 1, 45). En outre, elle invite chaque croyant à faire
siennes les paroles de Jésus: « Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru » (Jn
20, 29). Marie est l'image du véritable orant de la Parole, qui sait garder la Parole
de Dieu avec amour, en en faisant un service de charité, une mémoire permanente pour
tenir la lampe de la foi allumée dans le quotidien de l'existence. Pour Saint Ambroise,
tout chrétien qui croit conçoit et engendre le Verbe de Dieu. S'il n'existe qu'une
unique mère du Christ selon la chair, selon la foi, au contraire, le Christ est le
fruit de tous.[32]
La Parole de Dieu, confiée à l'Église, se transmet à toutes
les générations
13. « Ce que Dieu avait révélé pour le salut de toutes les
nations, il a décidé dans sa très grande bonté de le maintenir à jamais intact et
de le transmettre à toutes les générations ».[33]Ami et Père de tous les hommes, Dieu
parle encore. D'une certaine façon, la Révélation, qui est toutefois conclue, continue
d'être communiquée, de sorte que la Parole de Dieu est constamment contemporaine et
actuelle. Et même, elle peut manifester encore davantage son apport de lumière et
développer notre compréhension. Cela est possible parce qu'en donnant l'Esprit de
Jésus à l'Église, le Père confie à celle-ci le trésor de la révélation,[34] en la
rendant première destinataire et témoin privilégié de la Parole aimante et salvifique
de Dieu.
C'est pourquoi, la Parole n'est pas un dépôt inerte dans l'Église:
elle devient une « règle suprême de sa foi » et puissance de vie, elle « se développe
dans l'Église sous l'assistance du Saint-Esprit » et « grandit […] par la contemplation
et l'étude qu'en font les croyants »,[35] par l'expérience personnelle de vie spirituelle
et par la prédication des évêques. Ceci est témoigné, en particulier, par les hommes
de Dieu, qui ont « habité » la Parole.[36] Il est évident que la mission certaine
et première de l'Église est de transmettre la Parole divine à tous les hommes, dans
tous les temps et en tous lieux, selon le commandement de Jésus (cf. Mt 28, 18-20).
L'histoire atteste de la façon dont cela s'est produit et continue de se produire
aujourd'hui encore, bien des siècles plus tard, malgré de nombreux obstacles, mais
toujours avec grande vitalité et fécondité.
Tradition et Écriture dans l'Église:
un unique dépôt saint de la Parole de Dieu
14. À ce sujet, il est fondamental
de rappeler que la Parole de Dieu, devenue dans le Christ Évangile ou Bonne Nouvelle
et confiée à la prédication des Apôtres, continue sa course suivant deux points de
référence, identifiables et étroitement liés l'un à l'autre: le flux vital de la Tradition
vivante, manifestée par « tout ce qu'elle est elle-même, tout ce qu'elle croit »,[37]
et donc par le culte, par la doctrine et par la vie de l'Église, et l'Écriture Sainte
qui, par inspiration de l'Esprit Saint et dans l'immutabilité de l'écriture, conserve
justement les éléments constitutifs et originels de cette Tradition vivante. « Cette
Tradition sainte et la Sainte Écriture des deux Testaments sont donc comme le miroir
dans lequel l'Église, pendant son pèlerinage sur terre, contemple Dieu, de qui elle
reçoit tout, jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à son terme: Le voir face à face tel
qu'Il est (cf. 1 Jn 3, 2) ».[38] Il revient au Magistère de l'Église, qui n'est pas
supérieur à la Parole de Dieu, « d'interpréter authentiquement la Parole de Dieu écrite
ou transmise ».[39]
Le Concile Vatican II insiste sur l'unité d'origine et
sur les nombreux liens entre la Tradition et l'Écriture: l'Église les accueille avec
un « égal sentiment de piété, avec un égal respect ».[40] Le Magistère apporte un
service irremplaçable du fait qu'« il écoute pieusement la parole, la garde religieusement,
l'explique fidèlement »,[41] en garantissant ainsi une interprétation authentique
de la Parole de Dieu.
Du point de vue pastoral, en suivant la doctrine de l'Église,
les rapports entre la Tradition et l'Écriture sont clarifiés au plan conceptuel et
traduits en expérience de vie, comme par exemple le fait qu'à l'origine la Tradition
précède les Écritures et qu'elle en est toujours comme l'humus vital qui fait comprendre
« les Saintes Lettres elles-mêmes […] de façon plus pénétrante » et les rend «indéfiniment
actives ».[42] Comme, d'autre part, « valent […] de façon magnifique pour l'Écriture
Sainte, ces paroles: ‘la Parole de Dieu est vivante et efficace’ (He 4, 12); ‘elle
a la puissance de construire l'édifice et de procurer aux fidèles l'héritage avec
tous les sanctifiés’ (Ac 20, 32; cf. 1 Th 2, 13) ».[43] Toutes deux sont des canaux
qui communiquent la Parole de Dieu, laquelle puise sa plénitude de sens et de grâce
dans leur expérience, « l'une dans l'autre », de sorte que, dans cette optique, elles
sont dites, et sont vraiment, Parole de Dieu.
Les conséquences ayant une incidence
importante au plan pastoral sont multiples. Il ne peut exister de « sola Scriptura
» en soi et pour soi: l'Écriture est liée à l'Église, c'est-à-dire au sujet qui accueille
et comprend à la fois la Tradition et l'Écriture. L'Écriture assure un rôle essentiel
pour accéder à la Parole dans son authenticité originale, en devenant ainsi le critère
pour comprendre correctement la Tradition.
Il faut aussi considérer, dans ses
effets pratiques, la distinction entre la Tradition apostolique constitutive – tradition
postérieure qui interprète et actualise – et les autres traditions ecclésiastiques;
tout comme il faut évaluer la portée décisive de la reconnaissance canonique des Écritures,
de la part de l'Église qui en a garanti l'authenticité (73 livres: 46 de l'Ancien
Testament et 27 du Nouveau Testament),[44] face à la prolifération de livres non authentiques
ou apocryphes, d'hier, d'aujourd'hui et de toujours.
Enfin, restent toujours
en arrière-plan la confrontation et le dialogue délicat, nécessaire et passionné,
entre Écriture et Tradition en considérant aussi les signes de la Parole de Dieu dans
le monde créé, notamment avec l'homme et son histoire.[45]
C'est dans le sillage
de la Tradition vivante, et donc en tant que service authentique à la Parole de Dieu,
qu'il faut aussi considérer la forme du Catéchisme, depuis le premier Symbole de la
foi, noyau de tout Catéchisme, jusqu'aux différentes expositions le long des siècles,
l'attestation la plus récente dans l'Église Universelle étant le Catéchisme de l'Église
Catholique et dans les Églises locales, les Catéchismes respectifs.
L'Écriture
Sainte, Parole de Dieu inspirée
15. « La Sainte Écriture, c'est la Parole de
Dieu en tant qu'elle est consignée par écrit sous l'inspiration de l'Esprit divin
».[46] Deux noms la qualifient plus particulièrement: Écritures (saintes) et Bible,
des titres significatifs en soi déjà, comme le Texte et le Livre par excellence, avec
une diffusion qui va bien au-delà des limites de l’Église.
En principe, les
points suivants doivent être pris en considération, en raison de leur incidence opérationnelle
dans la lecture de la Bible: dans le cadre théologique de référence mentionné précédemment,
l'Écriture et la Tradition communiquent la Parole de Dieu de façon immuable et font
résonner « la voix du Saint-Esprit »,[47] le charisme de l'inspiration suivant laquelle
l'Esprit Saint constitue les livres bibliques en tant que Parole de Dieu et les confie
à l'Église, Parole qui doit donc être accueillie dans l'obéissance de la foi; l'unité
du Canon, comme critère d'interprétation de la Sainte Écriture; la vérité de la Bible
doit être comprise avant tout comme « la vérité telle que Dieu, en vue de notre salut,
a voulu qu'elle fût consignée dans les Saintes Lettres »; [48]la signification et
la portée de l'identité de la Bible en tant que Parole de Dieu dans le langage humain,
en vertu de quoi l'interprétation de la Bible se fait de façon unitaire, sous le guide
de la foi et suivant des critères philosophiques et théologiques, particulièrement
à la lumière de la Note de la Commission Pontificale Biblique L'interprétation de
la Bible dans l'Église.[49] On perçoit toujours plus aujourd'hui dans le peuple
de Dieu, ainsi que le notait déjà Amos, la faim et la soif de la Parole de Dieu (cf.
Am 8, 11-12). C'est un besoin vital qui ne doit pas être négligé, car c'est le Seigneur
Lui-même qui le provoque. D'autre part, il faut relever avec tristesse que ce besoin
n'est pas ressenti partout, car la Parole de Dieu se répand peu et la rencontre avec
les Livres Saints n'est pas encore suffisamment facilitée. Aider les fidèles à comprendre
ce qu'est la Bible, pourquoi elle existe, ce qu'elle apporte à la foi et comment l'utiliser
est une exigence importante à laquelle l'Église a toujours répondu, et à notre époque
plus particulièrement dans quatre chapitres de Dei Verbum.[50] Nos communautés se
trouvent face au devoir nécessaire de les connaître de façon appropriée, en utilisant
d'autres apports du Magistère et de la recherche compétente.
Une tâche nécessaire
et délicate: interpréter la Parole de Dieu dans l'Église
16. Voir de nombreux
chrétiens qui, au sein de communautés ou individuellement, scrutent profondément la
Parole de Dieu dans le Livre Saint, est pour l'Église une précieuse possibilité pour
permettre aux fidèles de la comprendre correctement et de la concrétiser. Cela est
valable aujourd'hui peut-être davantage, du fait qu'une nouvelle confrontation s'est
ouverte entre la Parole de Dieu et les sciences de l'homme, en particulier dans le
domaine de la recherche philosophique, scientifique et historique. La richesse de
vérités et de valeurs à propos de Dieu, de l'homme et des choses, richesse qui provient
de ce contact entre la Parole et la culture est reconnue, tout comme se trouve proposée
une confrontation permanente sur des problèmes inédits. Aussi la raison interpelle-t-elle
la foi, qui se trouve à l'impliquer à collaborer pour une vérité et une vie en accord
avec la révélation de Dieu et les attentes de l'humanité.[51]
Mais existe aussi
le risque de l'interprétation arbitraire et réductrice, tel que le fondamentalisme:
d'une part il peut manifester le désir de rester fidèle au texte, et de l'autre il
méconnaît la nature même de ces textes, s'exposant à de graves erreurs et engendrant
aussi d'inutiles conflits.[52] D'autres risques sont dus aux lectures « idéologiques
», ou simplement humaines, sans le support de la foi (cf. 2 P 1, 19-20; 3, 16), jusqu'à
des formes d'opposition ou de séparation entre la forme écrite – attestée principalement
dans la Bible –, la forme vivante de l'annonce et l'expérience de vie des croyants.
De même, il est difficile de reconnaître la tâche qui est celle du Magistère dans
le service de la Parole de Dieu, à propos de la Bible comme de la Tradition. En général,
on constate une connaissance insuffisante ou imprécise des règles herméneutiques,
correspondant à l'identité de la Parole, composées de critères humains et révélés,
dans le contexte de la Tradition ecclésiale et à l'écoute du Magistère.
À la
lumière du Concile Vatican II et du Magistère successif,[53] certains aspects semblent
avoir aujourd'hui besoin d'une attention et d'une réflexion spécifiques, pour être
communiqués de façon appropriée, au plan pastoral: la Bible, le livre de Dieu et de
l'homme, doit être lue en unifiant correctement le sens historique et littéral et
le sens théologique et spirituel.[54] Cela signifie que la méthode historique et critique
est nécessaire pour une exégèse correcte, lorsqu'elle est adéquatement enrichie par
d'autres formes d'approche.[55] Le problème interprétatif de l'Écriture doit être
affronté mais, pour parvenir à sa pleine signification, il faut se servir des critères
théologiques proposés à nouveau par Dei Verbum: « contenu et […] unité de l'Écriture
tout entière, compte tenu de la Tradition vivante de l'Église tout entière, et de
l'analogie de la foi ».[56] Le besoin est ressenti aujourd'hui d'une réflexion théologique
et pastorale approfondie, pour former les communautés à une intelligence juste et
fructueuse de l'Écriture Sainte en tant que Parole de Dieu, comprise dans le mystère
de la croix et de la résurrection de Jésus-Christ, vivant dans l'Église.
«
Autrement dit – affirme le Pape Benoît XVI – j'ai tant à cœur que les théologiens
apprennent à lire et à aimer l'Écriture, tel que le Concile l'a exprimé dans Dei Verbum:
qu'ils voient l'unité intérieure de l'Écriture – qui est aidée aujourd'hui par l'‘exégèse
canonique’ (certes encore à un stade initial et timide) – et qu'ils en fassent ensuite
une lecture spirituelle. Cela ne consiste pas en quelque chose d'extérieur, à caractère
édifiant, mais plutôt à se pénétrer profondément de la présence de la Parole. C'est
là, me semble-t-il, un devoir très important: contribuer à ce qu'avec l'exégèse historique
et critique, en elle et parallèlement à elle, soit assurée une introduction authentique
à l'Écriture vivante, Parole actuelle de Dieu ».[57]
Il faut, dans cette perspective,
considérer avec attention la contribution apportée par le Catéchisme de l'Église Catholique,
les différents échos et traditions que la Bible suscite dans la vie du peuple de Dieu
et l'apport des sciences théologiques et humaines.
À côté de tout cet engagement,
il ne faut pas oublier l'interprétation de la Parole de Dieu qui s'accomplit chaque
fois que l'Église se réunit pour célébrer les Mystères Divins. À ce propos, l'Introduction
au Lectionnaire, qui est proclamé dans l'Eucharistie, rappelle: « Puisque, de par
la volonté du Christ Lui-même le nouveau peuple de Dieu est doté d'une admirable variété
de membres, les fonctions et les charges qui reviennent à chacun par rapport à la
Parole de Dieu sont également variées: ainsi, les fidèles écoutent et méditent cette
Parole, tandis que, seuls, la présentent ceux qui ont reçu, par l'ordination, la charge
du magistère, ou ceux à qui l'exercice de ce même ministère a été confié. C'est ainsi
que, dans sa doctrine, sa vie et son culte, l'Église perpétue et transmet à chaque
génération tout ce qu'elle est elle-même, et tout ce qu'elle croit: de cette manière,
tout au long des siècles, elle tend constamment vers la plénitude de la vérité divine,
jusqu'à ce que soit accomplie en elle la Parole de Dieu ».[58]
Ancien et Nouveau
Testaments, une unique économie du salut
17. On ne peut être totalement satisfait
de la connaissance et de la pratique que tant de personnes ont des Écritures. En raison
aussi de difficultés irrésolues, on constate parfois un embarras vis-à-vis de certaines
pages de l'Ancien Testament qui apparaissent comme difficiles, exposées à la marginalisation,
au choix arbitraire, au refus. Selon la foi de l'Église, l'Ancien Testament doit être
vu comme une partie de l'unique Bible des chrétiens, reconnaissant ses valeurs permanentes
et le rapport qui lie les deux Testaments.[59] Tout ceci entraîne le besoin d'une
formation urgente à la lecture chrétienne de l'Ancien Testament. En cela, nous sommes
aidés par la pratique liturgique, qui proclame toujours l'Ancien Testament comme une
page essentielle pour comprendre intégralement le Nouveau, ainsi que l'atteste Jésus
Lui-même dans l'épisode d'Emmaüs, où il est dit que « commençant par Moïse et parcourant
tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait
» (Lc 24, 27). Les lectures liturgiques de l'Ancien Testament offrent en outre un
itinéraire précieux pour la rencontre organique et articulée avec le Texte Saint.
Il consiste à la fois dans l'usage du psaume qui invite à prier et à méditer ce qui
a été annoncé, et dans le rapprochement thématique entre la première lecture et l'Évangile,
dans la perspective de synthèse du Mystère du Christ. En effet, selon le vieil adage,
le Nouveau Testament est celé dans l'Ancien, et l'Ancien Testament est révélé dans
le Nouveau: Novum in Vetere latet et in Novo Vetus patet.[60]
S. Grégoire le
Grand affirme: « Ce que l'Ancien Testament a promis, le Nouveau Testament l'a montré;
ce qui a été annoncé de façon voilée, est proclamé ouvertement comme étant présent.
Ainsi, l'Ancien Testament est la prophétie du Nouveau; et le meilleur commentaire
de l'Ancien Testament consiste dans le Nouveau ».[61]
Quant au Nouveau Testament,
celui qui est certainement aujourd'hui le plus familier en tant que connaissance biblique,
grâce aussi à la richesse des Lectionnaires et de la Liturgie des Heures, il faut
rappeler la valeur centrale des Évangiles qui, pour cette raison, sont proclamés en
totalité au long des trois années du cycle liturgique festif, et chaque année les
jours fériés, sans toutefois oublier le grand enseignement de Paul et des autres Apôtres.[62]
Questions:
Chapitre I
1. Connaissance de la Parole de Dieu dans l'histoire du salut Quelle
idée de la Révélation, de la Parole de Dieu, de la Bible, de la Tradition et du Magistère
ont les fidèles (paroisses, communautés religieuses, mouvements)? Les différents niveaux
de signification de la Parole de Dieu sont-ils perçus? Jésus-Christ est-il compris
comme étant au centre de la Parole de Dieu? Quel est le rapport entre la Parole de
Dieu et la Bible? Quels sont les aspects les moins compris? Pourquoi?
2. Parole
de Dieu et Église Dans quelle mesure l'approche de la Parole de Dieu développe-t-elle
la conscience vivante d'appartenir à l'Église, Corps du Christ, et mobilise-t-elle
en vue de la mission ecclésiale authentique? Comment est compris le rapport entre
la Parole de Dieu et l'Église? Un rapport correct entre la Bible et la Tradition est-il
entretenu dans l'étude exégétique et théologique et dans les rencontres avec le Livre
Saint? La catéchèse est-elle guidée par la Parole de Dieu? Valorise-t-elle bien les
Saintes Écritures? Comment sont perçues l'importance et la responsabilité du Magistère
dans la proclamation de la Parole de Dieu? Y a-t-il une écoute authentique de foi
de la Parole de Dieu? Quels sont les aspects à clarifier et à renforcer?
3.
Indications de foi de l'Église sur la Parole de Dieu Comment a été reçu Dei Verbum?
Et le Catéchisme de l'Église Catholique? Quel est le rôle magistériel spécifique des
évêques dans l'apostolat de la Parole de Dieu? Quelle est la tâche des ministres ordonnés,
prêtres et diacres, dans la proclamation de la Parole (cf. LG 25.28)? Quel rapport
faut-il considérer entre la Parole de Dieu et la vie consacrée? Comment la Parole
de Dieu fait-elle partie de la formation des futurs prêtres? De quelles orientations
a besoin aujourd'hui le peuple de Dieu pour ce qui est de la Parole de Dieu, et en
particulier les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les laïcs?
4.
La Bible, Parole de Dieu Pour quelles raisons les chrétiens recherchent-ils la
Bible aujourd'hui? Qu'apporte-t-elle à la vie de foi? Comment est-elle accueillie
dans le monde non chrétien? Et parmi les hommes de culture? Peut-on parler d'une approche
toujours juste des Écritures? Quels sont les défauts les plus communs? Comment est
compris le charisme de l'inspiration et de la vérité des Écritures? Est-ce que l'on
tient compte du sens spirituel de l'Écriture en tant que sens ultime voulu par Dieu?
Comment l'Ancien Testament est-il accueilli? Si l'on considère que les Évangiles sont
davantage consultés, peut-on dire que leur connaissance et leur lecture suffisent?
Quelles sont les pages de la Bible qui sont aujourd'hui perçues comme étant « plus
difficiles » et devant être affrontées?
5. La foi dans la Parole de Dieu Quelles
sont les attitudes des croyants face à la Parole de Dieu? Celle-ci est-elle écoutée
avec une foi intense, dans le but d'engendrer la foi? Quelles sont les raisons conduisant
à lire la Bible? Est-il possible d'indiquer des critères de discernement à propos
de l'accueil croyant de la Parole?
6. Marie et la Parole de Dieu Pourquoi
Marie est-elle éducatrice et mère dans l'écoute de la Parole de Dieu? Comment l'a-t-elle
accueillie et vécue? Comment Marie peut-elle être un modèle pour le chrétien qui écoute,
médite et vit la Parole de Dieu?
Chapitre II
La Parole de Dieu dans
la vie de l'Église
« Ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle
ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé
l'objet de sa mission » (Is 55, 11).
L'Église naît et vit de la Parole de Dieu
18.
L'Église confesse qu'elle est appelée et engendrée en permanence par la Parole de
Dieu. Aussi, pour pouvoir la proclamer avec force et amour, elle est la première à
se mettre «religieusement à son écoute » [63] et ce de façon constante, elle se laisse
surprendre et toucher par elle profondément, elle l'accueille d'une foi humble et
confiante, en imitant Marie, qui écoute la Parole et la met en pratique (cf. Lc 1,
38), en vertu de quoi le Seigneur a fait d'elle un modèle de l'Église.
C'est
dans cette perspective d'adhésion à la Parole que la communauté chrétienne rencontre
les Saintes Écritures. «Dans les Livres saints, le Père qui est aux cieux s'avance
de façon très aimante à la rencontre de ses fils, engage conversation avec eux ».[64]
Ainsi, les Écritures sont dans le cœur et entre les mains de l'Église comme la «Lettre
que Dieu a envoyée aux hommes »,[65] livre de vie, objet de profonde vénération, tout
comme à l’égard du Corps du Christ lui-même.[66] Elle y découvre quel est le plan
de Dieu pour elle, pour le monde des hommes et des choses. C'est pourquoi elle la
«considère, en même temps que la Tradition, comme la règle suprême de sa foi », la
proclame avec force et la rencontre comme «la nourriture de l'âme, la source pure
et intarissable de la vie spirituelle ».[67]
De l'Église, le chrétien reçoit
la Bible; avec l'Église, il la lit et en partage l'esprit et les objectifs, désireux
d'atteindre le but suprême de toute rencontre avec la Parole, comme Jésus nous l'a
enseigné: la réalisation de la volonté de Dieu dans une vie de foi, d'espérance et
de charité in sequela Christi (cf. Lc 8, 19-21).
La Parole de Dieu soutient
l'Église tout au long de son histoire
19. Puiser sa force dans la Parole est
une donnée constante dans la vie du peuple de Dieu: depuis que le prophète parlait
à son peuple, Jésus à la foule et à ses disciples, les apôtres à la première communauté,
et jusqu'à nos jours. Il faut donc étudier attentivement comment la présence de la
Parole, en particulier dans l'attestation de la Bible, caractérise les différentes
époques dans le monde biblique et dans l'histoire de l'Église.
Ainsi, au temps
des Pères, les Écritures sont au centre comme une source à laquelle puiser la théologie,
la spiritualité et la vie pastorale. Les Pères sont les maîtres incomparables de cette
lecture « spirituelle » de l'Écriture qui, lorsqu'elle est authentique, n'est pas
la destruction de la « lettre », c'est-à-dire du sens historique correct, mais la
capacité de lire aussi la lettre dans l'esprit. Au Moyen-Âge, les Pages Saintes constituent
la base de la réflexion théologique; pour l'aborder comme il se doit, on élabore une
doctrine des quatre sens (littéral, allégorique, tropologique et anagogique);[68]
selon l'héritage antique, la Lectio Divina constitue la forme monastique de la prière;
elle est la source de l'inspiration artistique; elle se transmet au peuple sous les
nombreuses formes de la prédication et de la piété populaire.[69] À notre époque,
la naissance de l'esprit critique, le progrès scientifique, la division entre les
chrétiens et l'engagement œcuménique qui en découle encouragent, non sans difficultés
ni oppositions, une méthodologie plus juste d'approche, ainsi qu'une meilleure compréhension
du mystère de l'Écriture au cœur de la Tradition. Aujourd'hui, nous avons le projet
de renouvellement basé sur la centralité de la Parole de Dieu, dont le grand artisan
a été le Concile Vatican II.
En même temps qu'une pluralité historique de formes,
nous devons aussi parler d'une pluralité géographique. Grâce en particulier à un contact
permanent avec la Bible, la Parole de Dieu se diffuse et évangélise les différentes
Églises particulières sur les cinq continents; elle s'inculture en elles progressivement,
devenant l'âme vivifiante de la foi de nombreux peuples, facteur fondamental de communion
dans l'Église, témoignage de la richesse inépuisable de son mystère, source permanente
d'inspiration et de transformation des cultures et des sociétés.
Dans la puissance
de l'Esprit Saint, la Parole de Dieu pénètre et anime toute la vie de l'Église
20.
L'Esprit Saint, qui guide l'Église vers la pleine vérité (cf. Jn 16,13), fait comprendre
le véritable sens de la Parole de Dieu, en conduisant enfin à la rencontre révélée
avec le Verbe lui-même, le Fils de Dieu, Jésus de Nazareth, Révélateur du Père. L'Esprit
est l'âme et l'exégète des Saintes Écritures, qui sont la Parole de Dieu écrite sous
son inspiration. De ce fait, l'Écriture Sainte « doit être lue et interprétée avec
le même Esprit qui l'a fait écrire ».[70] Sous la conduite de l'Esprit, l'Église s'efforce
« d'arriver à obtenir une connaissance de jour en jour plus profonde des Saintes Écritures
»[71] pour nourrir ses fils, en utilisant particulièrement l'étude des saints Pères
d'Orient et d'Occident, la recherche exégétique et théologique, ainsi que la vie des
témoins et des saints.
À ce propos, précieuse est l'orientation indiquée dans
l'Introduction au Lectionnaire, où il est affirmé: « Pour que la Parole de Dieu produise
vraiment dans les cœurs ce qui résonne aux oreilles, l'action de l'Esprit Saint est
nécessaire; par son inspiration et avec son aide, la Parole de Dieu devient le fondement
de l'action liturgique, la règle et le soutien de toute la vie. L'œuvre de l'Esprit
ne consiste donc pas seulement à prévenir, accompagner et suivre toute l'action liturgique:
elle suggère au cœur de chacun (cf. Jn 14, 15-17.25-26; 15, 26-16, 15) ce qui, dans
la proclamation de la Parole de Dieu, est prononcé pour l'assemblée des fidèles dans
son ensemble; et, tandis qu'elle renforce l'unité de tous, elle ravive aussi la diversité
des charismes et pousse à l'action sous des formes multiples ».[72]
La communauté
chrétienne se construit chaque jour en se laissant guider par la Parole de Dieu, sous
l'action de l'Esprit Saint, en accueillant le don d'illumination, de conversion et
de consolation que l'Esprit communique à travers la Parole. « En effet, tout ce qui
a été écrit dans le passé le fut pour notre instruction, afin que la constance et
la consolation que donnent les Écritures nous procurent l'espérance » (Rm 15, 4).
L'Église
a ainsi le devoir primordial d'aider les fidèles à comprendre ce que signifie la rencontre
avec la Parole de Dieu sous le guide de l'Esprit; comment cela s'opère particulièrement
dans la lecture spirituelle de la Bible; dans quel sens la Bible, la Tradition et
le Magistère sont unifiés intérieurement par l'Esprit; quelle attitude doit être celle
du croyant, lui-même guidé par l'Esprit Saint qu'il a reçu dans le Baptême et les
différents sacrements. Pierre Damascène affirme: « Celui qui a l'expérience du sens
spirituel des Écritures sait que le sens de la parole la plus simple de l'Écriture
et de celle la plus savante et exceptionnelle ne sont qu'un et visent le salut de
l'homme ».[73]
L'Église se nourrit de la Parole de maintes façons
21.
« La prédication ecclésiastique tout entière, tout comme la religion chrétienne elle-même,
[doit] donc [être] nourrie et guidée par la Sainte Écriture ».[74] Ce vœu, soutenu
par la prière, que Paul soutient « pour que la Parole du Seigneur accomplisse sa course
et soit glorifiée » (2 Th 3, 1) est en train de se réaliser, selon des modalités diverses,
dans les différents milieux et expressions de vie de l'Église. C'est un processus
qui exige l'attention de la foi, un dévouement apostolique, des soins pastoraux intelligents,
créatifs et continuels, en apprenant aussi à partir de l'expérience partagée. Une
pastorale biblique, ou mieux, une pastorale s'inspirant constamment de la Bible, c'est
là ce qui est proposé aujourd'hui à chaque communauté ecclésiale.
Dans cette
perspective d'unité et d'interaction, il faut que soit pleinement reconnu et soutenu
le dynamisme qui sous-tend notre rencontre avec la Parole de Dieu, dynamisme qui est
à la base de toute l'action pastorale de l'Église: la Parole annoncée et écoutée demande
à se faire Parole célébrée à travers la Liturgie et la vie sacramentelle de l'Église,
pour être reconnue comme motivant une vie selon la Parole, à travers l'expérience
de la communion, de la charité et de la mission.[75]
a. Dans la liturgie et
dans la prière
22. « Pour qu'apparaisse clairement l'union intime du rite et
de la parole dans la liturgie ».[76] L'Église a appris à découvrir et à accueillir
Dieu qui parle, certes dans la prière personnelle et communautaire, mais aussi particulièrement
dans la prière liturgique. En effet, les Saintes Écritures sont une réalité liturgique
et prophétique: plus qu'un livre écrit, elles sont une proclamation et un témoignage
de l'Esprit Saint à propos de l'événement Christ. Cela a permis une diffusion de la
connaissance des Écritures et l'amour pour elles. Mais, pour réaliser l'esprit et
la lettre du Concile Vatican II sur l'usage de la Parole dans la liturgie, il y a
en permanence un chemin à suivre. Un effort de renouvellement qualitatif et quantitatif
est exigé, en rappelant aux fidèles certaines indications proposées par le Concile
et en y réfléchissant avec eux.
À ce propos, on rappelle la donnée fondamentale
que le Christ « est là présent dans sa Parole, car c'est Lui qui parle tandis qu'on
lit dans l'Église les Saintes Écritures ».[77] De sorte que « dans la célébration
de la liturgie, la Sainte Écriture a une importance extrême ».[78] Cela conduit à
accorder une attention privilégiée à chacune des formes de rencontre avec la Parole
au cours de l'action liturgique: dans l'Eucharistie (du dimanche), dans les sacrements,
dans la prédication de l'homélie, pendant l'année liturgique, dans la liturgie des
heures, dans les sacramentels, dans les différentes formes de piété populaire et dans
la catéchèse mystagogique.
La première place revient à l'Eucharistie en tant
que « Table de la Parole de Dieu comme de celle du Corps du Christ »[79] intimement
liées, plus particulièrement le jour du Seigneur: « Elle est le lieu privilégié où
la communion est constamment annoncée et entretenue ».[80] Il faut tenir compte de
ce que, pour de nombreux chrétiens, la messe du dimanche – qui est le principal moment
de rencontre avec la Parole de Dieu – reste jusqu'à aujourd'hui le seul point de contact
avec la Parole de Dieu. À partir de là, devrait naître une véritable passion pastorale
pour célébrer et vivre, avec authenticité et joie, la rencontre avec la Parole dans
l'Eucharistie du dimanche.
Concrètement, il faudra soigner le plus possible
la liturgie de la Parole, dans l'Eucharistie avant tout mais aussi dans tous les autres
sacrements, dans la proclamation des textes de façon claire et compréhensible, dans
la prédication de l'homélie qui se fait l'écho limpide et encourageant de la Parole,
en aidant à interpréter les événements de la vie et de l'histoire à la lumière de
la foi, dans la prière des fidèles qui soit une réponse de louange, de grâce et de
demande à Dieu qui nous a parlé. L'Ordo Lectionum Missæ,[81] tout comme la prière
de l'Office divin, exige une attention toute spéciale. Il est devenu indispensable
aujourd'hui de réfléchir sur la façon de rendre ces excellents canaux de la Parole
de Dieu plus adéquats au plan pastoral, et donc plus accessibles aux fidèles.
b.
Dans l'évangélisation et dans la catéchèse
23. « C'est aussi de la même parole
de l'Écriture que le ministère de la Parole, autrement dit la prédication pastorale,
la catéchèse et toute l'instruction chrétienne, dans laquelle il faut que l'homélie
liturgique ait une place privilégiée, est nourri de façon salutaire et trouve sa sainte
vigueur ».[82] Jean-Paul II a affirmé que « l'évangélisation et la catéchèse […] prennent
une nouvelle vigueur précisément lorsqu'on est attentif à la Parole de Dieu ».[83]
C'est l'un des fruits plus visible du Concile Vatican II. La route doit continuer,
elle doit s'allonger et être qualifiée, à travers le renouvellement des certitudes
et l'offre de services. En effet, l'Église sait qu'en recevant en don la Parole de
Dieu comme son trésor le plus précieux, elle assume aussi la tâche la plus élevée
qui est la sienne: la redonner à tous les hommes.[84] Il est bon de rappeler ici,
en guise d'exemple, certains aspects du ministère de la Parole, synthétisé dans la
première annonce et la catéchèse, aussi bien au long de l'année liturgique que dans
l'itinéraire d'initiation chrétienne et la formation permanente.[85] C'est dans
ce but qu'il faut prendre en considération les formes de communication de la Parole
ainsi que les exigences toujours nouvelles des fidèles d'âges et conditions spirituelles,
culturelles et sociales différentes, conformément à ce qu'indique le Directoire général
pour la Catéchèse et les Directoires catéchétiques des différentes Églises locales.[86]
Dans ce contexte particulier, une attention doit être accordée à la juste lumière,
purification et valorisation de la religiosité populaire par la Parole de Dieu, à
laquelle celle-ci puise souvent. Doivent être particulièrement mises en valeurs toutes
les médiations de la Parole présentes dans l'Église, déjà citées en partie: lectionnaires,
liturgie des heures, catéchismes, célébrations de la Parole, etc.
Un rôle important
dans l'évangélisation est celui de la rencontre directe avec les Saintes Écritures.
C'est là un objectif premier: « la catéchèse doit être, concrètement, une introduction
authentique à la ‘Lectio Divina’, c'est-à-dire à la lecture de l'Écriture Sainte faite
‘selon l'Esprit’ qui habite l'Église »,[87] en même temps qu'un contenu central: la
catéchèse « doit s'imprégner et se pénétrer de la pensée, de l'esprit et des attitudes
bibliques et évangéliques par un contact assidu avec les textes eux-mêmes ».[88]
En
raison de son importance, particulièrement au plan culturel, il faut que soit valorisé
l'enseignement de la Bible à l'école, et spécialement dans l'enseignement de la religion.
Le Catéchisme de l'Église Catholique joue un rôle spécifique, en tant qu' « instrument
valable et autorisé au service de la communion ecclésiale et comme une norme sûre
pour l'enseignement de la foi ».[89]Il n'entend nullement remplacer la catéchèse biblique,
mais la compléter dans la vision plus complète de l'Église.
La Parole de Dieu
doit être communiquée à tous, y compris ceux qui ne savent pas lire, et elle doit,
en particulier, pouvoir bénéficier des nombreuses ressources dont disposent aujourd'hui
les communications. C'est pourquoi, pour servir efficacement la Parole de Dieu, une
valorisation compétente, actualisée et créative des différents moyens de communication
sociale est nécessaire.
Au vu des importants changements culturels et sociaux
survenus, il devient nécessaire de réaliser une catéchèse qui aide à expliquer les
« pages difficiles » de la Bible, dans l'ordre de l'histoire, de la science et du
problème moral, et d'indiquer les moyens résolutifs de certaines façons de représenter
Dieu, l'homme et la femme, ainsi que l'action morale, en particulier dans l'Ancien
Testament.
c. Dans l'exégèse et dans la théologie
24. « Aussi l'étude
des Saintes Lettres doit-elle être comme l'âme de la sainte théologie ».[90] Il est
certain que les fruits recueillis dans ce domaine successivement au Concile Vatican
II font que nous devons louer le Seigneur pour la grâce de Son Esprit de vérité. D'autre
part, la Parole de Dieu ayant planté sa tente parmi nous (cf. Jn 1, 14), il est certain
que ce même Esprit nous pousse à méditer sur les nouveaux itinéraires qu'elle entend
réaliser parmi les hommes de notre époque, en nous invitant à relever les attentes
et les défis que l'humanité contemporaine lance à la Parole.
Une question importante
émerge aujourd'hui, clairement explicitée: l'engagement d'exégètes et de théologiens
dans l'étude et l'explication des Écritures conformément au sens de l'Église, en interprétant
et proposant la Parole de la Bible dans le contexte de la Tradition vivante, et vice
versa, en valorisant en cela l'héritage des Pères, en se confrontant aux indications
du Magistère et en l'aidant avec loyauté et intelligence dans la tâche qui est la
sienne.[91]
Dans ce cadre, il est utile d'attirer l'attention sur les perspectives
dessinées à l'époque par Optatam totius à propos de l'enseignement de la théologie
et, par conséquent, de la méthodologie à organiser pour former les pasteurs au plan
théologique. Les perspectives tracées ici attendent encore en grande partie d'être
réalisées. Pourtant, la ligne proposée, justement à partir des thèmes bibliques, présente
un itinéraire qui, dans le parcours de la recherche et de l'enseignement, peut garantir
une synthèse appropriée aussi bien chez les prêtres qu'en conséquence dans le peuple
de Dieu. Retrouver cette indication conciliaire constituerait un enrichissement de
la Parole même de Dieu concrétisée dans les perspectives d'enseignement des différentes
disciplines théologiques, et en dialectique constante avec l'auditus culturæ.[92]
Une
attention particulière est exigée pour le rapport entre la Révélation de Dieu et la
pensée et la vie de l'homme contemporain. Dans cette optique, s'impose la tâche de
réfléchir à la lumière de la Parole de Dieu sur les tendances anthropologiques actuelles,
sur le rapport entre la foi et la raison qui « sont comme les deux ailes qui permettent
à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité »,[93] médiations
de l'unique vérité qui vient de Dieu; sur le dialogue avec les grandes religions,
dans le but de réaliser, au nom de Dieu, un monde plus juste et en paix.
La
communauté chrétienne attend des experts qu'avec zèle et grâce à un « matériel approprié
» ils assistent les ministres de la Parole divine à offrir au peuple de Dieu la «
nourriture des Écritures qui éclaire [son] esprit, fortifie [sa] volonté, excite à
l'amour de Dieu les cœurs des hommes ».[94]
d. Dans la vie du croyant
25.
« L'ignorance des Écritures est ignorance de Jésus-Christ ».[95]« Aussi est-il nécessaire
que tous les clercs [et les laïcs], […] s'attachent aux Écritures par une lecture
assidue et une étude soigneuse ».[96]
Avec le progrès catéchétique, celui spirituel
constitue l'un des aspects les plus beaux et prometteurs de la course de la Parole
de Dieu dans son peuple. Rencontrer, prier et vivre la Parole, telle est la vocation
suprême du chrétien. « Les fidèles et les communautés y recourent désormais dans une
large mesure »[97]reconnaît Jean-Paul II. Mais le nombre doit pouvoir grandir, et
la qualité de l'approche correspondre aux finalités de la Parole conformément au service
de l'Église. Pour que la spiritualité de la Parole soit authentique, « la prière –
rappelons-le – doit accompagner la lecture de la Sainte Écriture pour que s'établisse
un dialogue entre Dieu et l'homme, car c'est à Lui que nous nous adressons quand nous
prions; c'est Lui que nous écoutons quand nous lisons les oracles divins ».[98] Saint
Augustin confirme: « Ta prière c'est la parole que tu adresses à Dieu. Lorsque tu
lis la Bible, c'est Dieu qui te parle et lorsque tu pries, c'est toi qui parles à
Dieu ».[99] Ce qui conduit à prendre certains aspects en considération et à les voir
comme prioritaires et préférentiels.
En premier lieu, la Parole de Dieu doit
être abordée avec l'âme du pauvre, intérieurement et extérieurement, ce qui correspond
pleinement au Verbe de Dieu, « notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s'est fait
pauvre, de riche qu'il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté » (2 Co 8, 9),
une façon d'être qui est donc basée sur celle dont Jésus écoute la Parole du Père
et nous l'annonce, dans un détachement total des choses et toujours prêt à évangéliser
les pauvres (cf. Lc 4, 18). « Il y a lieu de se réjouir de voir la Bible prise en
mains par d'humbles gens, des pauvres, qui peuvent apporter à son interprétation et
à son actualisation une lumière plus pénétrante, du point de vue spirituel, que celle
qui vient d'une science sûre d'elle-même ».[100]
Il faut vivement encourager
en premier lieu la pratique de la Bible qui remonte aux origines chrétiennes et qui
a accompagné l'Église tout au long de son histoire. Elle est appelée traditionnellement
Lectio Divina, avec ses différents moments (lectio, meditatio, oratio, contemplatio).[101]
Elle a son lieu dans l'expérience monastique mais, aujourd'hui, par le Magistère,
l'Esprit la propose au clergé,[102] aux communautés paroissiales, aux mouvements ecclésiaux,
aux familles et aux jeunes.[103] Jean-Paul II écrit: « Il est nécessaire, en particulier,
que l'écoute de la Parole devienne une rencontre vitale, selon l'antique et toujours
actuelle tradition de la Lectio Divina permettant de puiser dans le texte biblique
la Parole vivante qui interpelle, qui oriente, qui façonne l'existence »,[104] « grâce
à l'emploi aussi des méthodes nouvelles, profondément pensées, en accord avec notre
temps ».[105] En particulier, le Saint-Père Benoît XVI invite les jeunes « à acquérir
familiarité avec la Bible, à la tenir toujours à portée de la main pour qu'elle soit
une boussole indiquant la route à suivre ».[106] Et il rappelle à tous: « la lecture
assidue de l'Écriture Sainte, accompagnée par la prière réalise le dialogue intime
dans lequel, en lisant, on écoute Dieu qui parle et, priant, on Lui répond avec une
ouverture du cœur confiante».[107]
La nouveauté de la Lectio dans le peuple
de Dieu exige une formation éclairée, patiente et permanente des prêtres, des religieux
de vie consacrée et des laïcs, de façon à pouvoir réaliser un partage des expériences
de Dieu motivées par la Parole écoutée (collatio).[108] La Parole de Dieu doit être
la première source inspirant la vie spirituelle de la communauté dans ses différentes
pratiques, comme les exercices spirituels, les retraites, les dévotions et les expériences
religieuses. Un objectif important (et critère d'authenticité) est de faire mûrir
chacun vers une lecture personnelle de la Parole dans une optique sapientielle et
en vue d’un discernement chrétien de la réalité, de la capacité de rendre compte de
l'espérance (cf. 1 P 3, 15), et du témoignage de la sainteté. Saint Cyprien rappelle,
dans une pensée partagée par les Pères: « Adonne-toi assidûment à la prière et à la
Lectio Divina. Lorsque tu pries, tu parles à Dieu; lorsque tu lis, c'est Dieu qui
te parle ».[109]
« Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route
» (Ps 119, 105). Le Seigneur qui aime la vie, entend éclairer de sa Parole, guider
et réconforter toute la vie des croyants en toutes circonstances, que ce soit dans
leur travail, leurs loisirs, leurs souffrances, leurs engagements familiaux et sociaux
ou dans tout événement triste ou heureux, de façon que chacun puisse discerner toutes
choses et garder ce qui est bon (cf. 1 Th 5, 21), en reconnaissant par là la volonté
de Dieu, et la mettre en pratique (cf. Mt 7, 21).
Questions: Chapitre II
1.
La Parole de Dieu dans la vie de l'Église Quelle importance est accordée à la Parole
de Dieu dans la vie de nos communautés et dans celle des fidèles? De quelle façon
la Parole de Dieu devient-elle nourriture pour les chrétiens? Existe-t-il le risque
de réduire le Christianisme à une religion du Livre? Comment se vénère la Parole de
Dieu et quelle familiarité avons-nous avec elle dans notre vie personnelle et dans
la vie communautaires des fidèles le dimanche? Et les jours fériaux? Dans les temps
forts de l'année liturgique?
2. La Parole de Dieu dans la formation du peuple
de Dieu Quelles sont les initiatives par lesquelles la doctrine intégrale et globale
sur la Parole de Dieu est transmise à nos communautés et à chaque fidèle? Est-ce que
les futurs prêtres, les personnes consacrées et les responsables de services au sein
de la communautés (catéchistes, etc.) sont formés à l'animation biblique de la pastorale,
et ce de façon appropriée, suivant un aggiornamento permanent? Existe-t-il des projets
de formation permanente pour les laïcs?
3. Parole de Dieu, liturgie et prière
Comment les fidèles abordent-ils les Saintes Écritures dans la prière liturgique
et dans leur vie personnelle? Quel est le lien perçu entre la liturgie de la Parole
et la liturgie Eucharistique, entre la Parole célébrée dans l'Eucharistie et la vie
quotidienne des chrétiens? L'homélie reflète-t-elle véritablement la Parole de Dieu?
Quels besoins manifeste-t-elle? Le sacrement de la réconciliation est-il accompagné
de l'écoute de la Parole de Dieu? L'Office des Heures est-il célébré en tant qu'écoute
et dialogue avec la Parole de Dieu? Cette pratique s'étend-elle aussi au peuple de
Dieu? Peut-on dire qu'il existe suffisamment de possibilités de contacts du peuple
de Dieu avec la Bible? 4. Parole de Dieu, évangélisation et catéchèse À la
lumière du Concile Vatican II et du Magistère catéchétique de l'Église, quels sont
les aspects positifs et les problèmes ressentis dans le rapport entre la Parole de
Dieu et la catéchèse? Comment la Parole de Dieu est-elle traitée dans les différentes
formes de catéchèse (initiation et formation permanente)? La Parole de Dieu écrite
reçoit-elle suffisamment d'attention et est-elle suffisamment étudiée dans les communautés?
Si oui, de quelles façons? Comment les différentes catégories de personnes (enfants,
adolescents, jeunes, adultes) sont-elles initiées à la Bible? Existe-t-il des cours
d'introduction aux Saintes Écritures?
5. Parole de Dieu, exégèse et théologie La
Parole de Dieu constitue-t-elle l'âme de l'engagement exégétique et théologique? La
nature de la Parole révélée est-elle respectée de façon adéquate? La recherche scientifique
est-elle animée et soutenue par une précompréhension de foi? Quelle est la méthodologie
habituellement suivie pour aborder le texte? Quel est le rôle joué par la donnée biblique
dans l'élaboration théologique? Constate-t-on dans la communauté une sensibilité pour
la pastorale biblique?
6. Parole de Dieu et vie du croyant Quel est l'impact
des Saintes Écritures sur la vie spirituelle du peuple de Dieu? Sur le clergé? Sur
les personnes consacrées? Sur les fidèles laïcs? Constate-t-on l'attitude de pauvreté
et de confiance qui était celle de Marie dans le Magnificat? Pourquoi la recherche
des biens matériels fait-elle obstacle à l'écoute de la Parole de Dieu? La Parole
de Dieu de l'Eucharistie et des autres célébrations liturgiques constitue-t-elle un
moment fort de la communication de foi, ou un moment faible? Pourquoi nombre de chrétiens
se sentent-ils froids et indifférents à l'égard de la Bible? La Lectio Divina est-elle
pratiquée? Sous quelles formes? Quels sont les facteurs qui la favorisent et ceux
qui s'y opposent?
Chapitre III
La Parole de Dieu dans la mission de
l'Église
« Il vint à Nazareth où il avait été élevé, entra, selon sa coutume
le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit
le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était
écrit: ‘L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction,
pour porter la bonne nouvelle aux pauvres; Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance
et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une
année de grâce du Seigneur’. Il replia le livre, le rendit au servant et s'assit.
Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire:
‘Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Écriture’ » (Lc 4, 16-21).
La
mission de l'Église est de proclamer le Christ, la Parole de Dieu fait chair
26.
« Nous nourrir de la Parole, pour que nous soyons des ‘serviteurs de la Parole’ dans
notre mission d'évangélisation, c'est assurément une priorité pour l'Église au début
du nouveau millénaire ».[110] Cela exige d'aller à l'école du Maître, en notant que
sa Parole a, à son centre, l'annonce du Royaume de Dieu (cf. Mc 1, 14-15) à travers
des mots et des œuvres, le témoignage de la vie et l'enseignement. Le Royaume de Dieu,
que la Parole de Dieu fait germer, est un Royaume de vérité et de justice, d'amour
et de paix offert à tous les hommes. En prêchant la Parole, l'Église participe à l'édification
du Royaume de Dieu, elle en éclaire la dynamique et elle le propose comme salut du
monde. Annoncer le Royaume: tel est l'Évangile à prêcher jusqu'au bout de la terre
(cf. Mt 28, 19; Mc 16, 15). C'est dans cette annonce et dans son écoute que peut se
vérifier l'authenticité de la foi.
Les mots de Paul: « malheur à moi si je
n'annonçais pas l'Évangile » (1 Co 9, 16) résonnent aujourd'hui de façon toute particulière,
devenant pour tous les chrétiens non pas une simple information, mais une vocation
au service de l'Évangile pour le monde. En effet, comme le dit Jésus: « la moisson
est abondante » (Mt 9, 37) et variée; nombreux sont ceux qui n'ont jamais entendu
l'Évangile, plus spécialement sur les continents africain et asiatique; nombreux encore
sont ceux qui ont oublié l'Évangile, mais nombreux aussi ceux qui attendent cette
annonce.
Il faut reconnaître que n'ont pas manqué, et ne manquent pas, les
difficultés qui entravent le chemin du peuple de Dieu à l'écoute de son Seigneur.
Pour des raisons économiques aussi, de nombreuses régions souffrent même du manque
matériel du Texte Saint, de sa traduction et de sa diffusion. Et puis, il existe en
particulier les obstacles des sectes qui empêchent une juste interprétation. Apporter
la Parole est une mission importante, qui implique un sentiment profond et convaincu
« cum Ecclesia ».
L'une des premières exigences est la confiance dans la puissance
transformatrice de la Parole dans le cœur de celui qui l'écoute. « Vivante en effet,
est la Parole de Dieu […] elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit
» (He 4, 12). Une seconde exigence requise, et qui est aujourd'hui particulièrement
ressentie et crédible, est d'annoncer la Parole de Dieu et d'en témoigner en tant
que source de conversion, de justice, d'espérance, de fraternité et de paix. Une troisième
exigence est la franchise, le courage, l'esprit de pauvreté, l'humilité, la cohérence
et la cordialité de la part de celui qui sert la Parole.
L'Exhortation apostolique
Evangelii Nuntiandi de Paul VI conserve toute son actualité pour une pédagogie de
l'annonce. Tandis que l'Encyclique Deus caritas est du Saint-Père Benoît XVI met bien
en évidence comment la charité est étroitement liée à l'annonce de la Parole de Dieu
et à la célébration des sacrements.[111] Lorsqu'on reçoit la Parole de Dieu, qui est
amour, il s'ensuit qu'il est impossible d'annoncer vraiment la Parole sans pratiquer
l'amour ou exercer la justice et la charité. Dans cette optique de la mission évangélisatrice
de la Parole de Dieu, on trouve mentionnés de façon synthétique certains objectifs
et certaines tâches à remplir et considérés comme particulièrement importants.[112]
Saint
Augustin écrit: « La plénitude et la fin de la loi et de toutes les divines Écritures,
consiste dans l'amour de l'objet dont nous devons jouir, et de la créature qui doit
en jouir avec nous; car il n'était pas nécessaire de commander à l'homme de s'aimer
lui-même. Pour nous donner la connaissance de cette loi d'amour et le pouvoir de l'accomplir,
la divine Providence, en vue de notre salut, nous a tracé l'usage que nous devons
faire des choses de la vie présente […] C'est donc à tort qu'on se flatterait de comprendre
les divines Écritures en tout; ou en partie, si cette connaissance ne sert pas à établir
le double amour de Dieu et du prochain: c'est ne pas en avoir encore la moindre intelligence
».[113]
La Parole de Dieu doit être disponible pour tous et toujours
27.
L'Église affirme sa liberté d'annoncer la Parole de Dieu avec la franchise des Apôtres
(cf. Ac 4, 13; 28, 31) et considère, en même temps que « l'accès à la Sainte Écriture
[doit être] largement ouvert aux chrétiens ».[114]
C'est une exigence pour
la mission, mais aussi, aujourd'hui, un de ses contenus fondamentaux. Malgré de nombreuses
insistances, il faut admettre que la majorité des chrétiens n'a pas de contact effectif
et personnel avec les Écritures, et ceux qui l'ont vivent des incertitudes théologiques
et méthodologiques importantes au regard de la communication. Rencontrer la Bible
risque de ne pas être un fait d'Église, de communion, mais peut signifier l'exposer
au subjectivisme et à l'arbitraire ou encore la réduire à un objet de dévotion privée,
comme bien d'autres dans l'Église. Promouvoir une pastorale solide et crédible de
la Parole devient indispensable.
De sorte qu'il faille recourir à des initiatives
spécifiques, telles que la pleine valorisation de la Bible dans les projets pastoraux,
avec en même temps un projet de pastorale biblique dans chaque diocèse, sous le guide
de l'évêque: il s'agira de concrétiser la Bible dans les grandes actions de l'Église
et d'offrir des formes opportunes de rencontre directe, en particulier grâce à des
parcours de Lectio Divina à l'intention des jeunes et des adultes. Ce faisant, il
faudra être attentif à ce que la communion entre les prêtres et les laïcs – et donc
entre les paroisses, les communautés de vie consacrée et les mouvements ecclésiaux
– soit basée sur la Parole de Dieu et se manifeste à travers elle.
À cet effet,
il serait utile d'instituer un service spécifique d'apostolat biblique au niveau diocésain,
métropolitain ou national, pour assurer la diffusion de la pratique biblique grâce
à un matériel adéquat, [115] susciter le mouvement biblique parmi les laïcs, soigner
la formation des animateurs des groupes d'écoute ou de l'Évangile, avec une attention
particulière pour les jeunes en proposant des itinéraires de foi avec la Parole de
Dieu, également aux émigrés et à ceux qui sont « en recherche ».
Il convient
de rappeler que, depuis 1968, existe et opère la Fédération Biblique Catholique mondiale,
instituée par Paul VI au service des orientations di Concile Vatican II sur la Parole
de Dieu. Presque toutes les Conférences épiscopales sont membres de cette Fédération,
qui a donc des ramifications dans tous les continents. Son objectif est de diffuser
le texte de la Bible dans les différentes langues, mais aussi d'introduire les gens
simples à en connaître et à en vivre les enseignements, au moyen de traductions soignées
qui, en vertu de l'attention pastorale des évêques, puissent être utilisées dans la
liturgie. La communauté aura aussi le devoir de diffuser la Bible à des prix accessibles.
Un
ample espace doit, en outre, être accordé selon un équilibre savant, aux méthodes
et aux nouvelles formes de langages et de communication dans la transmission de la
Parole de Dieu tels que: la radio, la T.V., le théâtre, le cinéma, la musique et les
chansons, et jusqu'aux nouveaux médias tels que les CD, les DVD, Internet, etc.[116]
Sur
ce chemin de la Parole de Dieu au peuple, un rôle spécifique est celui des personnes
de vie consacrée. Comme le souligne le Concile Vatican II, « que chaque jour la Sainte
Écriture soit en leurs mains pour retirer de sa lecture et de sa méditation ‘l'éminente
science de Jésus-Christ’ (Ph 3, 8) »,[117] et qu'elles trouvent un élan renouvelé
pour effectuer leur tâche éducatrice et évangélisatrice, en particulier envers les
pauvres, les petits et les derniers. Pour les Pères de l'Église, le texte biblique
doit devenir un objet de « rumination » quotidienne. Lorsque l'homme commence à lire
l'Écriture divine – disait Saint Ambroise – Dieu revient marcher près de lui dans
le Paradis terrestre.[118] Et Jean-Paul II affirmait: « La Parole de Dieu est la première
source de toute spiritualité chrétienne. Elle nourrit une relation personnelle avec
le Dieu vivant et avec sa volonté salvifique et sanctifiante. C'est pourquoi la Lectio
Divina, dès la naissance des Instituts de vie consacrée, et spécialement dans le monachisme,
a été l'objet de la plus haute estime. Grâce à elle, la Parole de Dieu entre dans
la vie, sur laquelle elle projette la lumière de la sagesse qui est le don de l'Esprit
».[119]
La Parole de Dieu, grâce de communion entre les chrétiens
28.
Cet aspect doit être vu comme l'un des objectifs majeurs de la pastorale de l'Église.
En effet, les deux aspects essentiels unissant tous les fidèles dans le Christ sont
constitués par la Parole de Dieu et par le Baptême. C'est à partir de ces données
que le chemin œcuménique doit se poursuivre à travers les défis devant être affrontés
en vue de cette unité totale qui, seulement dans un retour aux sources de la Parole,
interprétée à la lumière de la Tradition ecclésiale, peut garantir une rencontre pleine
avec le Christ et avec les frères.[120] Le discours d'adieu de Jésus au Cénacle met
fortement l'accent sur le fait que cette unité réside dans le témoignage en commun
de la Parole du Père donnée par le Seigneur (cf. Jn 17, 8). Ainsi, l'écoute de
la Parole de Dieu présente une dimension œcuménique à laquelle il faut constamment
être attentif. On note avec satisfaction que la Bible est aujourd'hui le point de
rencontre le plus important pour la prière et le dialogue entre les Églises et les
communautés ecclésiales. En recevant les indications du Concile Vatican II, on collabore
à la diffusion des Textes Saints à travers les traductions œcuméniques.[121] Successivement
au Concile, le Magistère a apporté des contributions notables.[122] Sa lecture et
la confrontation avec les situations individuelles peuvent donner l'élan et des indications
claires pour avancer sur le chemin vers l'unité. Le Saint-Père Benoît XVI affirme:
« Écouter ensemble la Parole de Dieu; pratiquer la Lectio Divina de la Bible, c'est-à-dire
la lecture liée à la prière; se laisser surprendre par la nouveauté, qui ne vieillit
jamais et qui ne s'épuise jamais, de la Parole de Dieu; surmonter notre surdité face
aux paroles qui ne s'accordent pas avec nos préjugés et nos opinions; écouter et étudier,
dans la communion des croyants de tous les temps; tout cela constitue un chemin à
parcourir pour atteindre l'unité dans la foi, comme réponse à l'écoute de la Parole
».[123]
La Parole de Dieu, lumière pour le dialogue interreligieux
29.
C'est là un domaine global qui, tout en étant présent dans l'Église tout au long de
son histoire, se propose aujourd'hui avec de nouvelles exigences et des tâches inédites.
Il revient à la recherche théologique d'approfondir le rapport délicat qui existe,
et d'en tirer les conséquences pastorales. À partir de l'ensemble du Magistère de
l'Église,[124] il convient de rappeler les points suivants à soumettre à une réflexion
et à une évaluation:
a. Avec le peuple juif
30. Une attention particulière
doit être accordée au peuple juif. Les chrétiens et les juifs sont tous enfants d'Abraham,
enracinés dans la même alliance, du fait que, fidèle à ses promesses, Dieu n'a pas
révoqué la Première Alliance (cf. Rm 9-11). Jean-Paul II confirme: « Ce peuple est
convoqué et conduit par Yahvé, Créateur du ciel et de la terre. Son existence n'est
donc pas un pur fait de nature ni de culture, au sens où par la culture l'homme déploie
les ressources de sa propre nature. Ce peuple persévère envers et contre tout du fait
qu'il est le peuple de l'Alliance et que, malgré les infidélités des hommes, Yahvé
est fidèle à son Alliance ».[125] Ils partagent une grande partie du canon biblique,
ce que les chrétiens appellent l'Ancien Testament. À ce propos, il existe aujourd'hui
un important document de la Commission Pontificale Biblique intitulé Le peuple juif
et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne[126] qui porte à réfléchir sur le
lien étroit de foi déjà signalé dans Dei Verbum.[127] Deux aspects doivent être pris
plus spécialement en considération: la contribution originale de la compréhension
juive de la Bible, et le dépassement de toute forme possible d'antisémitisme et antijudaïsme.
b.
Avec d’autres religions
31. L'Église est envoyée pour porter l'Évangile à toute
la création (cf. Mc 16, 15). Pour ce faire, elle rencontre un grand nombre d'adeptes
d'autres religions, avec leurs livres saints et leur façon de comprendre la Parole
de Dieu, partout elle est en contact avec des personnes qui suivent un chemin de recherche
ou qui attendent simplement la « Bonne Nouvelle ». Pour tous, l'Église ressent comme
une dette le devoir de leur apporter la Parole qui sauve (cf. Rm 1, 14).
Il
faut avant tout rappeler que le christianisme n'est pas la religion du Livre, mais
bien de la Parole de Dieu incarnée dans le Seigneur Jésus. Ensuite, en confrontant
la Bible avec les Textes Saints des autres religions, il faut être attentifs à ne
pas tomber dans des syncrétismes, des rapprochements superficiels ou des déformations
de la vérité. Une plus grande attention est nécessaire encore à l'égard de la pureté
de la Parole de Dieu, interprétée authentiquement par le Magistère, face aux nombreuses
sectes qui utilisent la Bible pour d'autres fins et suivant des méthodes étrangères
à l'Église.
Dans une perspective positive, il faudra s'attacher à connaître
les religions non chrétiennes et les cultures respectives, et à discerner les semences
du Verbe qui s'y trouvent. Il est important de rappeler que l'écoute de Dieu doit
conduire à dépasser toutes les formes de violence, car elle devient agissante dans
le cœur et dans les œuvres visant la promotion de la justice et de la paix.[128]
La
Parole de Dieu, levain des cultures modernes
32. La rencontre entre la Parole
de Dieu et les différentes cultures (systèmes de pensée, ordre éthique, philosophie
de vie, etc.) se produit souvent en étant dominée par des influences économiques et
technologiques d'inspiration à tendance séculière et renforcées par un support important
des médias, au point d'être appelées « Bibles laïques ». Le dialogue est devenu plus
urgent, et parfois même difficile, mais riche de potentialités pour l'annonce, du
fait qu'il est riche en demandes de signification, qui trouvent une proposition libératrice
dans le Seigneur.
Cela signifie que la Parole de Dieu demande à pénétrer dans
un monde pluraliste et sécularisé pour en être le levain, dans les « aréopages modernes
» de l'art, de la science, de la politique, de la communication, en apportant « la
force de l'Évangile au cœur de la culture et des cultures »[129] pour les purifier,
les élever et en faire des instruments du Royaume de Dieu.
Pour ce faire, une
catéchèse de Jésus-Christ, « Chemin, Vérité et Vie » (Jn 14, 6) est nécessaire: elle
ne doit pas être réalisée d'une manière superficielle, mais avec une préparation adéquate
pour la confrontation avec les positions d'autrui, de façon à ce que soient mises
en évidence l'identité du mystère chrétien et son action bénéfique à l'égard de chaque
personne. Dans ce contexte, il faut apporter un soin tout spécial à la recherche de
ce qui est appelé « l'histoire des effets » (Wirkungsgeschichte) de la Bible dans
la culture et dans l'ethos commun, raison pour laquelle elle est, avec justesse, appelée
et évaluée comme « code fondamental », en particulier en Occident.
La Parole
de Dieu et l'histoire des hommes
33. Dans son pèlerinage vers le Seigneur,
l'Église est aussi consciente que la Parole de Dieu doit être lue dans les événements
et dans les signes des temps à travers lesquels Dieu se manifeste dans l'histoire.
Le Concile Vatican II précise que « l'Église a le devoir, à tout moment, de scruter
les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile, de telle sorte
qu'elle puisse répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions
éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations
réciproques ».[130] Plongée dans l'histoire des hommes, elle doit savoir « discerner
dans les événements, les exigences et les requêtes […], quels sont les signes véritables
de la présence ou du dessein de Dieu »,[131] et aider par là l'humanité à rencontrer
le Seigneur de l'histoire et de la vie.
De cette façon, la Parole que Jésus
a semée comme graine du Royaume, poursuit sa course dans l'histoire des hommes (cf.
2 Th 3, 1) et, lorsque Jésus reviendra dans la gloire, elle résonnera comme une invitation
à participer pleinement à la joie du Royaume (cf. Mt 25, 24). À cette promesse certaine,
l'Église répond par une ardente prière: « Maranà tha » (1 Co 16, 22) « Viens, Seigneur
Jésus » (Ap 22, 20).
Questions: Chapitre III
1. Annoncer aujourd'hui
la Parole de Dieu À partir de l'expérience pastorale, qu'est-ce qui favorise ou
qui empêche l'écoute de la Parole de Dieu? Le besoin de renouveau de la foi, une certaine
inquiétude intérieure ou l'encouragement d'autres chrétiens peuvent-ils favoriser
cette écoute? Le sécularisme, la prolifération de messages, les styles de vie alternatifs
à la vision chrétienne peuvent-ils l'entraver? Quels défis l'annonce de la Parole
de Dieu doit-elle affronter aujourd'hui?
2. Large accès aux Écritures Comment
Dei Verbum,22 « Il faut que l'accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux
chrétiens » correspond-il à la réalité des faits? Existe-t-il des statistiques, même
approximatives, à ce sujet? Peut-on noter une augmentation de l'écoute personnelle
et communautaire de la Bible?
3. La diffusion de la Parole de Dieu Comment
l'Apostolat biblique est-il organisé dans la communauté diocésaine? Existe-t-il un
programme diocésain? Y a-t-il des animateurs qui soient préparés? La Fédération Biblique
Catholique est-elle connue? Quelles formes de rencontre avec la Parole de Dieu sont
proposées (groupes bibliques ou d'écoute, cours bibliques, journée biblique, Lectio
Divina) et lesquelles sont le plus fréquentées par les chrétiens? Existe-t-il des
traductions complètes ou partielles de la Bible? La Bible est-elle considérée dans
les familles? Y a-t-il des itinéraires bibliques proposés aux différents âges (enfants,
adolescents, jeunes, adultes)? Comment sont utilisés les moyens de communication sociale?
Quels éléments sont mis en valeur?
4. La Parole de Dieu dans le dialogue œcuménique L'annonce
de la Parole de Dieu au monde contemporain exige un témoignage cohérent de vie. Est-il
possible de l'identifier dans les chrétiens d'aujourd'hui? Comment peut-on la promouvoir?
Dans le dialogue œcuménique, comment les Églises particulières ont-elles accueilli
les principaux contenus de Dei Verbum? Y a-t-il un échange œcuménique entre les Églises-sœurs
à propos des Écritures? Quel rôle attribuent-elles à la Parole de Dieu? Sous quelle
forme celle-ci peut-elle être rencontrée? Une collaboration est-elle possible avec
les United Bible Societies (UBS)? L'usage de la Bible donne-t-il lieu à des conflits?
5.
La Parole de Dieu dans le dialogue avec le peuple juif Le dialogue avec la religion
juive est-il préférentiel? Quelles formes de rencontres sont souhaitables autour de
la Bible? Le texte biblique est-il instrumentalisé pour fomenter des attitudes antisémites?
6.
La Parole de Dieu dans le dialogue interreligieux et interculturel Existe-t-il
des expériences de dialogue basé sur l'Écriture chrétienne, avec ceux qui ont leurs
propres Livres saints? Comment ceux qui ne croient pas dans l'inspiration des Saintes
Écritures rencontrent-ils la Parole de Dieu? Y a-t-il aussi une Parole de Dieu pour
ceux qui ne croient pas en Dieu? La Bible est-elle abordée aussi en sa qualité de
« code fondamental », porteur de nombreuses richesses universelles? Existe-t-il des
expériences de dialogue interculturel se référant à la Bible? Quelles procédures appliquer
pour soutenir la communauté chrétienne face aux sectes?
Conclusion
«
Que la Parole du Christ réside chez vous en abondance: instruisez-vous en toute sagesse
par des admonitions réciproques. Chantez à Dieu de tout votre cœur avec reconnaissance,
par des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés. Et quoi que vous puissiez dire
ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au
Dieu Père! » (Col 3, 16-17).
L'écoute de la Parole de Dieu: la vie du croyant
34.
Un élément fondamental de la rencontre de l'homme avec Dieu est l'écoute religieuse
de la Parole. La vie est vécue selon l'Esprit proportionnellement à la capacité de
faire une place à la Parole, de faire naître le Verbe de Dieu dans le cœur de l'homme.
En effet, ce n'est pas l'homme qui peut pénétrer dans la Parole de Dieu; c'est celle-ci
qui peut le conquérir et le convertir, lui faisant découvrir ses richesses et ses
secrets, et lui ouvrant des horizons de signification, des propositions de liberté
et de pleine maturation humaine (cf. Ep 4, 13). La connaissance des Saintes Écritures
est l'œuvre d'un charisme ecclésial, placé entre les mains des croyants ouverts à
l'Esprit.
Pour S. Maxime le Confesseur: « Si elles sont prononcées simplement,
les paroles de Dieu ne sont pas écoutées, parce qu'elles ne se reflètent pas dans
la pratique de ceux qui les prononcent. Si, au contraire, elles sont prononcées en
même temps que sont pratiqués les commandements, elles ont le pouvoir, avec cette
voix, de faire disparaître les démons et de pousser les hommes à édifier le temps
divin du cœur grâce au progrès dans les œuvres de justice ».[132] Il s'agit de s'abandonner
à la louange silencieuse du cœur, dans un climat de simplicité et de prière adorante,
comme Marie, la Vierge de l'écoute, parce que toutes les Paroles de Dieu se résument
et doivent être vécues dans l'amour (cf. Dt 6, 5; Jn 13, 34-35). Alors, devenu « disciple
», le croyant pourra pénétrer « la belle Parole de Dieu » (He 6, 5) en la vivant dans
la communauté ecclésiale et il pourra l'annoncer à ceux qui sont proches et à ceux
qui sont loin, en actualisant l'invitation de Jésus, Parole incarnée: « Le Royaume
de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à l'Évangile » (Mc 1, 15).
Questionnaire
Introduction
1.
Quels sont les « signes des temps » qui, dans votre pays, font que le présent Synode
sur la Parole de Dieu constitue une urgence? Qu'attend-on de lui?
2. Quel rapport
peut-on trouver entre le Synode précédent sur l'Eucharistie et celui-ci sur la Parole
de Dieu?
3. Existe-t-il des traditions d'expérience biblique dans votre Église
locale? Quelles sont-elles? Existe-t-il des groupes bibliques? De quelle typologie?
Chapitre
I
1. Connaissance de la Parole de Dieu dans l'histoire du salut Quelle idée
de la Révélation, de la Parole de Dieu, de la Bible, de la Tradition et du Magistère
ont les fidèles (paroisses, communautés religieuses, mouvements)? Les différents niveaux
de signification de la Parole de Dieu sont-ils perçus? Jésus-Christ est-il compris
comme étant au centre de la Parole de Dieu? Quel est le rapport entre la Parole de
Dieu et la Bible? Quels sont les aspects les moins compris? Pourquoi?
2. Parole
de Dieu et Église Dans quelle mesure l'approche de la Parole de Dieu développe-t-elle
la conscience vivante d'appartenir à l'Église, Corps du Christ, et mobilise-t-elle
en vue de la mission ecclésiale authentique? Comment est compris le rapport entre
la Parole de Dieu et l'Église? Un rapport correct entre la Bible et la Tradition est-il
entretenu dans l'étude exégétique et théologique et dans les rencontres avec le Livre
Saint? La catéchèse est-elle guidée par la Parole de Dieu? Valorise-t-elle bien les
Saintes Écritures? Comment sont perçues l'importance et la responsabilité du Magistère
dans la proclamation de la Parole de Dieu? Y a-t-il une écoute authentique de foi
de la Parole de Dieu? Quels sont les aspects à clarifier et à renforcer?
3.
Indications de foi de l'Église sur la Parole de Dieu Comment a été reçu Dei Verbum?
Et le Catéchisme de l'Église Catholique? Quel est le rôle magistériel spécifique des
évêques dans l'apostolat de la Parole de Dieu? Quelle est la tâche des ministres ordonnés,
prêtres et diacres, dans la proclamation de la Parole (cf. LG 25.28)? Quel rapport
faut-il considérer entre la Parole de Dieu et la vie consacrée? Comment la Parole
de Dieu fait-elle partie de la formation des futurs prêtres? De quelles orientations
a besoin aujourd'hui le peuple de Dieu pour ce qui est de la Parole de Dieu, et en
particulier les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les laïcs?
4.
La Bible, Parole de Dieu Pour quelles raisons les chrétiens recherchent-ils la
Bible aujourd'hui? Qu'apporte-t-elle à la vie de foi? Comment est-elle accueillie
dans le monde non chrétien? Et parmi les hommes de culture? Peut-on parler d'une approche
toujours juste des Écritures? Quels sont les défauts les plus communs? Comment est
compris le charisme de l'inspiration et de la vérité des Écritures? Est-ce que l'on
tient compte du sens spirituel de l'Écriture en tant que sens ultime voulu par Dieu?
Comment l'Ancien Testament est-il accueilli? Si l'on considère que les Évangiles sont
davantage consultés, peut-on dire que leur connaissance et leur lecture suffisent?
Quelles sont les pages de la Bible qui sont aujourd'hui perçues comme étant « plus
difficiles » et devant être affrontées?
5. La foi dans la Parole de Dieu Quelles
sont les attitudes des croyants face à la Parole de Dieu? Celle-ci est-elle écoutée
avec une foi intense, dans le but d'engendrer la foi? Quelles sont les raisons conduisant
à lire la Bible? Est-il possible d'indiquer des critères de discernement à propos
de l'accueil croyant de la Parole?
6. Marie et la Parole de Dieu Pourquoi
Marie est-elle éducatrice et mère dans l'écoute de la Parole de Dieu? Comment l'a-t-elle
accueillie et vécue? Comment Marie peut-elle être un modèle pour le chrétien qui écoute,
médite et vit la Parole de Dieu?
Chapitre II
1. La Parole de Dieu dans
la vie de l'Église Quelle importance est accordée à la Parole de Dieu dans la vie
de nos communautés et dans celle des fidèles? De quelle façon la Parole de Dieu devient-elle
nourriture pour les chrétiens? Existe-t-il le risque de réduire le Christianisme à
une religion du Livre? Comment se vénère la Parole de Dieu et quelle familiarité avons-nous
avec elle dans notre vie personnelle et dans la vie communautaires des fidèles le
dimanche? Et les jours fériaux? Dans les temps forts de l'année liturgique?
2.
La Parole de Dieu dans la formation du peuple de Dieu Quelles sont les initiatives
par lesquelles la doctrine intégrale et globale sur la Parole de Dieu est transmise
à nos communautés et à chaque fidèle? Est-ce que les futurs prêtres, les personnes
consacrées et les responsables de services au sein de la communautés (catéchistes,
etc.) sont formés à l'animation biblique de la pastorale, et ce de façon appropriée,
suivant un aggiornamento permanent? Existe-t-il des projets de formation permanente
pour les laïcs?
3. Parole de Dieu, liturgie et prière Comment les fidèles
abordent-ils les Saintes Écritures dans la prière liturgique et dans leur vie personnelle?
Quel est le lien perçu entre la liturgie de la Parole et la liturgie Eucharistique,
entre la Parole célébrée dans l'Eucharistie et la vie quotidienne des chrétiens? L'homélie
reflète-t-elle véritablement la Parole de Dieu? Quels besoins manifeste-t-elle? Le
sacrement de la réconciliation est-il accompagné de l'écoute de la Parole de Dieu?
L'Office des Heures est-il célébré en tant qu'écoute et dialogue avec la Parole de
Dieu? Cette pratique s'étend-elle aussi au peuple de Dieu? Peut-on dire qu'il existe
suffisamment de possibilités de contacts du peuple de Dieu avec la Bible?
4.
Parole de Dieu, évangélisation et catéchèse À la lumière du Concile Vatican II
et du Magistère catéchétique de l'Église, quels sont les aspects positifs et les problèmes
ressentis dans le rapport entre la Parole de Dieu et la catéchèse? Comment la Parole
de Dieu est-elle traitée dans les différentes formes de catéchèse (initiation et formation
permanente)? La Parole de Dieu écrite reçoit-elle suffisamment d'attention et est-elle
suffisamment étudiée dans les communautés? Si oui, de quelles façons? Comment les
différentes catégories de personnes (enfants, adolescents, jeunes, adultes) sont-elles
initiées à la Bible? Existe-t-il des cours d'introduction aux Saintes Écritures?
5.
Parole de Dieu, exégèse et théologie La Parole de Dieu constitue-t-elle l'âme de
l'engagement exégétique et théologique? La nature de la Parole révélée est-elle respectée
de façon adéquate? La recherche scientifique est-elle animée et soutenue par une précompréhension
de foi? Quelle est la méthodologie habituellement suivie pour aborder le texte? Quel
est le rôle joué par la donnée biblique dans l'élaboration théologique? Constate-t-on
dans la communauté une sensibilité pour la pastorale biblique?
6. Parole de
Dieu et vie du croyant Quel est l'impact des Saintes Écritures sur la vie spirituelle
du peuple de Dieu? Sur le clergé? Sur les personnes consacrées? Sur les fidèles laïcs?
Constate-t-on l'attitude de pauvreté et de confiance qui était celle de Marie dans
le Magnificat? Pourquoi la recherche des biens matériels fait-elle obstacle à l'écoute
de la Parole de Dieu? La Parole de Dieu de l'Eucharistie et des autres célébrations
liturgiques constitue-t-elle un moment fort de la communication de foi, ou un moment
faible? Pourquoi nombre de chrétiens se sentent-ils froids et indifférents à l'égard
de la Bible? La Lectio Divina est-elle pratiquée? Sous quelles formes? Quels sont
les facteurs qui la favorisent et ceux qui s'y opposent?
Chapitre III 1.
Annoncer aujourd'hui la Parole de Dieu À partir de l'expérience pastorale, qu'est-ce
qui favorise ou qui empêche l'écoute de la Parole de Dieu? Le besoin de renouveau
de la foi, une certaine inquiétude intérieure ou l'encouragement d'autres chrétiens
peuvent-ils favoriser cette écoute? Le sécularisme, la prolifération de messages,
les styles de vie alternatifs à la vision chrétienne peuvent-ils l'entraver? Quels
défis l'annonce de la Parole de Dieu doit-elle affronter aujourd'hui?
2. Large
accès aux Écritures Comment Dei Verbum,22 « Il faut que l'accès à la Sainte Écriture
soit largement ouvert aux chrétiens » correspond-il à la réalité des faits? Existe-t-il
des statistiques, même approximatives, à ce sujet? Peut-on noter une augmentation
de l'écoute personnelle et communautaire de la Bible?
3. La diffusion de la
Parole de Dieu Comment l'Apostolat biblique est-il organisé dans la communauté
diocésaine? Existe-t-il un programme diocésain? Y a-t-il des animateurs qui soient
préparés? La Fédération Biblique Catholique est-elle connue? Quelles formes de rencontre
avec la Parole de Dieu sont proposées (groupes bibliques ou d'écoute, cours bibliques,
journée biblique, Lectio Divina) et lesquelles sont le plus fréquentées par les chrétiens?
Existe-t-il des traductions complètes ou partielles de la Bible? La Bible est-elle
considérée dans les familles? Y a-t-il des itinéraires bibliques proposés aux différents
âges (enfants, adolescents, jeunes, adultes)? Comment sont utilisés les moyens de
communication sociale? Quels éléments sont mis en valeur?
4. La Parole de Dieu
dans le dialogue œcuménique L'annonce de la Parole de Dieu au monde contemporain
exige un témoignage cohérent de vie. Est-il possible de l'identifier dans les chrétiens
d'aujourd'hui? Comment peut-on la promouvoir? Dans le dialogue œcuménique, comment
les Églises particulières ont-elles accueilli les principaux contenus de Dei Verbum?
Y a-t-il un échange œcuménique entre les Églises-sœurs à propos des Écritures? Quel
rôle attribuent-elles à la Parole de Dieu? Sous quelle forme celle-ci peut-elle être
rencontrée? Une collaboration est-elle possible avec les United Bible Societies (UBS)?
L'usage de la Bible donne-t-il lieu à des conflits?
5. La Parole de Dieu dans
le dialogue avec le peuple juif Le dialogue avec la religion juive est-il préférentiel?
Quelles formes de rencontres sont souhaitables autour de la Bible? Le texte biblique
est-il instrumentalisé pour fomenter des attitudes antisémites?
6. La Parole
de Dieu dans le dialogue interreligieux et interculturel Existe-t-il des expériences
de dialogue basé sur l'Écriture chrétienne, avec ceux qui ont leurs propres Livres
saints? Comment ceux qui ne croient pas dans l'inspiration des Saintes Écritures rencontrent-ils
la Parole de Dieu? Y a-t-il aussi une Parole de Dieu pour ceux qui ne croient pas
en Dieu? La Bible est-elle abordée aussi en sa qualité de « code fondamental », porteur
de nombreuses richesses universelles? Existe-t-il des expériences de dialogue interculturel
se référant à la Bible? Quelles procédures appliquer pour soutenir la communauté chrétienne
face aux sectes?
[1]
Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 2.
[2]
Rupertus Abbas Tuitiensis, De operibus Spiritus Sancti, I,6: SC 131,72-74.
[3]
Cf. Leo XIII, Litt. Enc. Providentissimus Deus (18.11.1893): DS 1952 (3293); Benedictus
XV, Litt. Enc. Spiritus Paraclitus (15.09.1920): AAS 12 (1920) 385-422; Pius XII,
Litt. Enc. Divino afflante Spiritu (30.09.1943): AAS 35(1943) 297-325.
[4]
Cf. Synodus Episcoporum, Relatio finalis Synodi Episcoporum Exeunte cœtu secundo:
Ecclesia sub Verbo Dei mysteria Christi celebrans pro salute mundi (07.12.1985): Enchiridion
del Sinodo dei Vescovi, 1, EDB, Bologna 2005, 2733-2736. [5] Benedictus XVI,
Ad Conventum internationalem La Sacra Scrittura nella vita della Chiesa (16.09.2005):
AAS 97 (2005) 957. Cf. Paulus VI, Ep. Ap. Summi Dei Verbum (04.11.1963): AAS 55 (1963)
979-995; Ioannes Paulus II, Audience générale (22.05.1985): L'Osservatore Romano,
E.H.L.F. (28.05.1985) n°22, p. 12; Discours sur l'interprétation de la Bible dans
l'Église (23.04.1993): L'Osservatore Romano, E.H.L.F. (04.05.1993) n°18, p. 6; Benedictus
XVI, Angelus (06.11.2005): L'Osservatore Romano, E.H.L.F. (06.11.2005) n°45, p. 1.
[6]
Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 21.
[7]
S. Hieronymus, Commentarius in Ecclesiasten, 313: CCL 72,278.
[8] Conc. Œcum.
Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 22.
[9] Cf. Pontificia
Commissio Biblica, Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne
(24.05.2001): Enchiridion Vaticanum 20, EDB, Bologna 2004, pp.507-835.
[10]
Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 2.
[11]
Ibidem.
[12] Ibidem.
[13] Cf. ibidem.
[14] Missale Romanum, Editio
typica tertia, Typis Vaticanis, Città del Vaticano 2002, Institutio generalis, n.
368.
[15] Paulus VI, Lettre au IVème Congrès national français de l'enseignement
religieux (01-03.04.1964): La Documentation Catholique n° 1422 (19.04.1964), p. 503.
[16]
S. Gregorius Magnus, Moralia, 20,63: CCL 143A, 1050.
[17] Conc. Œcum. Vat.
II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 3.
[18] S. Ephræm, Hymni
de paradiso, V,1-2: SC 137,71-72.
[19] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica
de Divina Revelatione Dei Verbum, 4.
[20] S. Irenæus, Adversus Hæreses IV,34,1:
SC 100,847.
[21] Origenes, In Ioannem V,5-6: SC 120, 380-384.
[22] Cf.
S. Bernardus, Super Missus est, Homilia IV,11: PL 183,86.
[23] Conc. Œcum.
Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 3.
[24] Cf. ibidem,
24.
[25] Cf. ibidem, 4.
[26] Ibidem, 5.
[27] Ibidem.
[28]
Cf. ibidem, 2; 5.
[29] Ibidem, 2.
[30] Ibidem, 21.
[31] Isaac
de Stella, Sermo 51: PL 194,1862-1863.1865.
[32] Cf. S. Ambrosius, Evang. secundum
Lucam 2,19: CCL 14,39.
[33] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina
Revelatione Dei Verbum, 7.
[34] Cf. ibidem, 26.
[35] Ibidem, 8; cf.
21.
[36] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 825.
[37] Conc. Œcum. Vat.
II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 8.
[38] Ibidem, 7.
[39]
Ibidem, 10.
[40] Ibidem, 9; cf. Conc. Œcum. Trident., Decr. de libris sacris
et de traditionibus recipiendis: DS 1501.
[41] Ibidem, 10.
[42] Ibidem,
8.
[43] Ibidem, 21.
[44] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 120.
[45]
Cf. Joseph Ratzinger, Une tentative sur le problème du concept de tradition: K. Rahner
- J. Ratzinger, Révélation et tradition, trad. de l'allemand par Henri Rochais et
Jean Évrard, Quæstiones disputatæ, n. 7, Desclée de Brouwer, Paris 1972.
[46]
Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 9; cf. 24.
[47]
Ibidem, 21.
[48] Ibidem, 11.
[49] Cf. Pontificia Commissio Biblica,
L'interprétation de la Bible dans l'Église (15.04.1993), chap. I,C.D: Enchiridion
Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, pp.1555-1733.
[50] Cf. Conc. Œcum. Vat. II,
Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, cc.3-6.
[51] Cf. Ioannes
Paulus II, Litt. Enc. Fides et ratio (14.09.1998), 13-15: AAS 91 (1999) 15-18.
[52]
Cf. Pontificia Commissio Biblica, L'interprétation de la Bible dans l'Église (15.04.1993)
chap. I,F: Enchiridion Vaticanum 13, Bologna 1995, pp. 1628-1634.
[53] Cf.
ibidem, chap. IV,A.B, pp. 1703-1715.
[54] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ,
117.
[55] Cf. Pontificia Commissio Biblica, L'interprétation de la Bible dans
l'Église (15.04.1993) chap. I: Enchiridion Vaticanum 13, EDB, Bologna 1995, pp. 1568-1634.
[56]
Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 12; cf. Catechismus
Catholicæ Ecclesiæ, 109-114.
[57] Benedictus XVI, Discours aux évêques de Suisse
(07.11.2006): L'Osservatore Romano (10.11.2006) p. 4.
[58] Missale Romanum,
Ordo lectionum Missæ: Editio typica altera, Libreria Editrice Vaticana, Città del
Vaticano 1981: Prænotanda, n° 8.
[59] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica
de Divina Revelatione Dei Verbum, 15-16.
[60] Cf. S. Augustinus, Quæstiones
in Heptateucum, 2,73: PL 34,623; cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina
Revelatione Dei Verbum, 16.
[61] S. Gregorius Magnus, In Ezechielem, I,6,15:
CCL 142,76.
[62] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione
Dei Verbum, 18-19; cf. Ioannes Paulus II, Audience générale (22.05.1985): L'Osservatore
Romano, E.H.L.F. (28.05.1985) n°22, p. 6.
[63] Conc. Œcum. Vat. II, Const.
dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 1.
[64] Ibidem, 21.
[65]
S. Gregorius Magnus, Registrum Epistolarum V,46, 35: CCL CXL, 339.
[66] Cf.
Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 21.
[67]
Ibidem.
[68] Cf. Catechismus Catholicæ Ecclesiæ, 115-119.
[69] Cf. Guigus
II Prior Carthusiæ, Scala claustralium sive tractatus de modo orandi: PL 184,475-484.
[70]
Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 12.
[82]
Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 24.
[83]
Ioannes Paulus II, Litt. Ap. Novo millennio ineunte (06.01.2001), 39: AAS 93 (2001)
293.
[84] Cf. CIC can. 762.
[85] Cf. Congregatio pro Clericis, Directorium
generale pro catechesi (15.08.1997) pars I, c.II: Enchiridion Vaticanum 16, EDB, Bologna
1999, pp. 684-708.
[86] Dans cette partie, on aura présent à l’esprit l’attention
consacrée à la relation entre les prières de dévotion et la parole de Dieu dans le
Directoire sur la piété populaire et la Liturgie: Principes et Orientations (09.04.2002),
a Congregatione de Cultu Divino et Disciplina Sacramentorum, nn. 87-89.
[87]
Congregatio pro Clericis, Directorium generale pro catechesi (15.08.1997), 127: Enchiridion
Vaticanum 16, EDB, Bologna 1999, p. 794.
[88] Ibidem.
[89] Ioannes Paulus
II, Const. Ap. Fidei depositum (11.10.92), 4: ASS 86 (1994) 117.
[90] Conc.
Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 24; cf. Leo XIII,
Litt. Enc. Providentissimus Deus (18.11.1893), pars II, sub fine: AAS 26 (1893-94)
269-292; Benedictus XV, Litt. Enc. Spiritus Paraclitus (15.09.1920), pars III: AAS
12 (1920) 385-422.
[91] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina
Revelatione Dei Verbum, 12; Decr. de activitate missionali Ecclesiæ Ad gentes, 22.
[92]
Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Decr. de Institutione sacerdotali Optatam totius, 16; cf.
CIC can. 252 et CCEO can. 350.
[93] Ioannes Paulus II, Litt. Enc. Fides et
ratio (14.09.1998), Proœmium: AAS 91 (1999) 5.
[94] Conc. Œcum. Vat. II, Const.
dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 23.
[95] S. Hieronymus, Comm. in
Is. ; Prol.: PL 24,17.
[96] Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina
Revelatione Dei Verbum, 25.
[97] Ioannes Paulus II, Litt. Ap. Novo millennio
ineunte (06.01.2001), 39: AAS 93 (2001) 293.
[98] Conc. Œcum. Vat. II, Const.
dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 25.
[99] S. Augustinus, Enarrat.
in Ps 85,7: CCL 39,1177.
[100] Pontificia Commissio Biblica, L'interprétation
de la Bible dans l'Église (15.04.1993), IV, c.3: Enchiridion Vaticanum 14, EDB, Bologna
1995, p. 1725.
[101] Cf. Guigus II Prior Carthusiæ, Scala claustralium sive
tractatus de modo orandi: PL 184,475-484.
[102] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Decr.
de institutione sacerdotali Optatam totius, 4; Ioannes Paulus II, Adhort. Ap. Post-syn.
Pastores dabo vobis (25.03.1992), 47: AAS 84 (1992) 740-742.
[103] Cf. Benedictus
XVI, Rencontre avec les jeunes Romains (06.04.2006): L'Osservatore Romano, E.H.L.F.
(11.04.2006) nº15, p. 4; Message pour la Journée Mondiale de la Jeunesse (22.02.2006):
L'Osservatore Romano, E.H.L.F. (28.02.2006) nº9, p. 3.
[104] Ioannes Paulus
II, Litt. Ap. Novo millennio ineunte (06.01.2001), 39: AAS 93 (2001) 293.
[105]
Benedictus XVI, Ad Conventum Internationalem La Sacra Scrittura nella vita della Chiesa
(16.09.2005): AAS 97 (2005) 957. Traduction en français cf. L'Osservatore Romano,
E.H.L.F. (20.09.2005) n° 38, p. 3.
[106] Benedictus XVI, Message pour la Journée
Mondiale de la Jeunesse (22.02.2006): L'Osservatore Romano, E.H.L.F. (28.02.2006)
n° 9, p. 3.
[107] Benedictus XVI Ad Conventum Internationalem La Sacra Scrittura
nella vita della Chiesa (16.09.2005): AAS 97 (2005) 957. Traduction en français cf.
L'Osservatore Romano, E.H.L.F. (20.09.2005) n° 38, p. 3.
[108] Cf. Ioannes
Paulus II, Adhort. Ap. Post-syn. Vita consecrata (25.03.1996), 94: AAS 88 (1996) 469-470.
[109]
S. Cyprianus, Ad Donatum, 15: CCL IIIA, 12.
[110] Ioannes Paulus II, Litt.
Ap. Novo millennio ineunte (06.01.2001), 40: AAS 93 (2001) 294.
[111] Cf.
Benedictus XVI, Litt. Enc. Deus caritas est (25.12.2005): AAS 98 (2006) 217-252.
[112]
Cf. ibidem, 20-25: AAS 98 (2006) 233-237.
[113] S. Augustinus, De doctrina
christiana I, XXXV,39-XXXVI,40: PL 34,34.
[114] Conc. Œcum. Vat. II, Const.
dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 22; cf. CIC can. 825; CCEO can. 654 et
662 § 1.
[115] Cf. ibidem, n° 25.
[116] Cf. Congregatio pro Clericis,
Directorium generale pro catechesi (15.08.1997), 160-162: Enchiridion Vaticanum 16,
EDB, Bologna 1999, pp. 845-847.
[117] Conc. Œcum. Vat. II, Decr. de accomodata
renovatione vitæ religiosæ Perfectæ caritatis, 6.
[118] Cf. S. Ambrosius, Epist.
49,3: PL 16,1154B.
[119] Ioannes Paulus II, Adhort. Ap. Post-syn. Vita consecrata
(25.03.1996), 94: AAS 88 (1996) 469.
[120] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Decr. de
Œcumenismo Unitatis Redintegratio, 21.
[121] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const.
dogmatica de Divina Revelatione Dei Verbum, 22.
[122] Cf. Ioannes Paulus II,
Litt. Enc. Ut unum sint (25.05.1995): AAS 87 (1995) 921-982. Videas etiam: Pontificium
Consilium ad Unitatem Christianorum Fovendam, Directorium œcumenicum noviter compositum:
AAS 85 (1993) 1039-1119.
[123] Benedictus XVI, Allocutio Le monde attend le
témoignage commun des chrétiens (25.01.2007): L'Osservatore Romano, E.H.L.F. (30.01.2007)
n° 5, p. 3.
[124] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Decr.de activitate missionali Ecclesiæ
Ad gentes, 22; Decl. de Ecclesiæ habitudine ad Religiones non-Christianas Nostra ætate,
2-4; Congregatio pro Doctrina Fidei, Declaratio de Iesu Christi atque Ecclesiæ unicitate
et universalitate salvifica, Dominus Iesus (06.08.2000), 20-22: AAS 92 (2000) 761-764.
[125]
Ioannes Paulus II, Aux participants à la rencontre d'étude sur Les racines de l'antijudaïsme
dans le milieu chrétien (31.10.1997): L'Osservatore Romano, E.H.L.F. (04.11.1997)
n° 44, p.4.
[126] Pontificia Commissio Biblica, Le peuple juif et ses Saintes
Écritures dans la Bible chrétienne (24.05.2001): Enchiridion Vaticanum 20, EDB, Bologna
2004, pp. 506-835.
[127] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogmatica de Divina
Revelatione Dei Verbum,14-16.
[128] Cf. Benedictus XVI, Message pour la Journée
Mondiale de la Paix: «Dans la vérité, la paix » (08.12.2005): L'Osservatore Romano,
E.H.L.F. (13.12.2005) nº50, p. 4-5 et Message pour la Journée Mondiale de la Paix:
« La personne humaine, cœur de la paix » (08.12.2006): L'Osservatore Romano, E.H.L.F.
(19-26.12.2006) nº51-52, p. 2-3.
[129] Ioannes Paulus II, Adhort. Ap. Catechesi
tradendæ (16.10.1979), 53: AAS 71 (1979) 1320.
[130] Conc. Œcum. Vat. II,
Const. pastoralis de Ecclesia in mundo huius temporis Gaudium et spes, 4.
[131]
Ibidem, 11.
[132] S. Maximus Confessor, Capitum theologicorum et œconomicorum
duæ centuriæ IV,39: MG 90,1084.
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