DISCORSO DEL SANTO PADRE a S.E. il Sig. Ahmed Hamid Elfaki HAMID Ambasciatore
della Repubblica del Sudan presso la Santa Sede in occasione della presentazione
delle Lettere credenziali Monsieur l’Ambassadeur, 1. C’est avec plaisir que
j’accueille Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent
comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Soudan près
le Saint-Siège. Je vous exprime ma gratitude pour m’avoir transmis les salutations
de Son Excellence le Président Omer Hassan Ahmed El-Bashir, du Gouvernement et du
peuple soudanais. En accueillant ces vœux de paix et de fraternité, j’invoque en retour
le Tout-Puissant pour qu’Il éclaire les consciences et qu’Il soutienne les efforts
et les initiatives de toutes les personnes qui souhaitent avancer de manière courageuse
et décisive sur le chemin de la consolidation de la paix durable dans votre pays et
de la fraternité pleinement vécue entre les différentes composantes de la société. 2. Dans
mon message Urbi et Orbi pour la fête de Pâques 2007, j’ai voulu me faire l’écho
des cris de désespoir poussés par toutes les personnes qui, dans de nombreux pays
du monde, quelle que soit leur origine ethnique ou religieuse, souffrent de l’absence
de paix, sont soumises à la violence aux mille visages, au mépris de la vie, à la
violation de leurs droits les plus fondamentaux, à l’exploitation sous toutes ses
formes, à l’absence de liberté et de sécurité. Les inquiétudes que j’avais alors évoquées
rejoignent, comme vous le soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, la préoccupation des
Autorités de votre pays et de la Communauté internationale, notamment devant la situation
dramatique qui perdure depuis 2003 dans la région du Darfour, avec ses conséquences
au niveau régional. Dans ce conflit meurtrier touchant en priorité les populations
civiles, chacun sait qu’aucune solution viable pour arriver à la paix fondée sur la
justice ne peut être mise en œuvre par la force des armes, mais qu’elle passe au contraire
par la culture du dialogue et de la négociation, en vue d’arriver à une solution politique
du conflit, dans le respect des minorités culturelles, ethniques et religieuses. Il
n’est jamais trop tard pour faire avec courage les choix nécessaires et parfois contraignants
destinés à mettre un terme à une situation de crise, à condition que toutes les parties
s’impliquent sincèrement et avec détermination à sa résolution et que les déclarations
de principe soient accompagnées de mises en œuvre constructives, en particulier sur
les dispositions humanitaires urgentes à promouvoir. J’en appelle donc à toutes les
personnes qui ont une responsabilité en la matière, pour qu’elles poursuivent leurs
efforts et prennent les décisions qui s’imposent. Les différents Accords que vous
évoquez, ainsi que le récent Accord de réconciliation signé entre le Soudan et le
Tchad, sous l’égide de l’Arabie Saoudite, impliquant les parties dans une coopération
avec l’Union africaine et les Nations unies pour la stabilisation du Darfour et de
la région tchadienne voisine, sont des appels positifs à abandonner les stratégies
d’affrontement, afin de trouver des solutions viables et des points d’appui fiables.
Ainsi, la paix et la stabilité désirées par tous pourront advenir – je pense en particulier
au processus de paix en cours dans le sud du pays –, avec des effets bénéfiques sur
le plan national, continental et aussi mondial. 3. Vous rappelez, Monsieur l’Ambassadeur,
que la paix est un don de Dieu Tout-Puissant, le Dieu créateur de tout homme et de
toutes choses, dont l’unité de la famille humaine tire son origine. Elle est une aspiration
très profondément ancrée dans le cœur de chaque personne, et chacun devrait se sentir
toujours davantage responsable de la faire germer, en veillant à ce qu’elle s’enracine
dans la justice, qu’elle porte des fruits de réconciliation et qu’elle serve le développement
intégral de tous les membres d’une nation sans exception. La paix constitue donc
aussi un défi à relever pour votre pays, riche de sa multiplicité culturelle, de sa
diversité ethnique et de la coexistence de plusieurs religions. La diversité nationale
peut, si elle est considérée positivement comme une chance, concourir de manière efficace
à la stabilisation de la paix et de la sécurité dans le pays, servir l’intégration
de toutes les communautés présentes sur le territoire et le développement intégral
des personnes, et permettre que l’expression de leurs différences, dans un dialogue
franc et sincère, serve au bien commun. La paix se présente enfin comme une tâche
à accomplir et un service du peuple. Il revient notamment aux Autorités de l’État
de veiller activement, au sein de la Nation, à l’expression de cette diversité, en
ne ménageant pas leurs efforts afin de promouvoir des relations toujours plus fraternelles
entre les membres de la communauté nationale, de bannir toute forme de discrimination
ou de suprématie d’un groupe sur un autre, et de garantir le respect et les droits
des minorités. Ainsi, la paix apparaîtra « non comme une simple absence de guerre,
mais comme la convivialité des citoyens dans une société gouvernée par la justice,
société dans laquelle se réalise aussi le bien pour chacun d’entre eux, autant que
faire se peut » (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix
2006, 8 décembre 2005, n. 6). 4. Pour que tous les hommes soient en mesure
d’entretenir des relations fraternelles et sincères, et qu’ils édifient une société
toujours plus juste et plus équitable, la contribution des différentes traditions
religieuses présentes dans votre pays, avec la richesse de leur patrimoine de valeurs
humaines, morales et spirituelles, revêt une importance tout à fait incontournable.
L’édification de la paix suppose la conversion des cœurs. Aussi me paraît-il nécessaire
que « les relations confiantes qui se sont développées entre chrétiens et musulmans
depuis de longues années, non seulement se poursuivent, mais se développent dans un
esprit de dialogue sincère et respectueux, fondé sur une connaissance réciproque toujours
plus vraie qui, avec joie, reconnaît les valeurs religieuses que nous avons en commun
et qui, avec loyauté, respecte les différences » (Discours aux Ambassadeurs des
pays musulmans, 25 septembre 2006). Pour vivre de manière toujours plus
apaisée cette mission spécifique au service du bien de la communauté nationale tout
entière, il est fondamental que les personnes et les communautés aient publiquement
la liberté de professer leur foi et de pratiquer leur religion. L’expérience montre
que la faculté d’agir selon une conscience éclairée, la capacité donnée de rechercher
avant toute chose la vérité dans la droiture et la possibilité de vivre de manière
conforme à sa croyance, dans le respect des autres traditions religieuses, sont des
éléments nécessaires à la consolidation de la paix et à l’établissement de la justice,
conditions essentielles d’un développement durable et fécond et d’une existence paisible
et digne pour les citoyens. 5. Vous saluez, Monsieur l’Ambassadeur, la mission
spécifique des communautés catholiques et de leurs évêques, en communion avec le Successeur
de Pierre, pour « asseoir la paix, l’entente des nations et pour affermir les valeurs
spirituelles au sein des peuples ». Je souhaite, par votre intermédiaire, exprimer
mon affection et ma proximité spirituelle à la Conférence épiscopale et à tous les
catholiques du Soudan. À travers eux, je salue également l’action de tous les organismes
catholiques, nationaux ou internationaux, qui œuvrent dans le pays au service du développement
intégral de tous les habitants du pays sans distinction. Je connais leur courage et
je partage les douleurs que de nombreuses années de conflits leur font endurer. Leur
foi les invite à travailler jour après jour avec les hommes de bonne volonté contre
toutes les formes d'intolérance et d'exclusion, qui peuvent avoir des conséquences
dévastatrices pour l'unité de la société. Je ne doute pas que la possibilité d’être
consultés et d’être associés de manière plus active à l’élaboration de solutions viables
pour bâtir la paix leur permettrait de mieux assumer leur mission spécifique au sein
du peuple soudanais ! Grâce au Christ, qui est leur espérance inébranlable dans les
épreuves que connaît leur pays, ils seront, avec tous leurs compatriotes, des artisans
de paix audacieux et généreux. 6. Au moment où vous commencez votre mission auprès
du Saint-Siège, je vous offre mes meilleurs vœux. Soyez assuré que vous trouverez
toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs. Sur
Votre Excellence, sur ses proches, sur les responsables de la Nation et sur le peuple
soudanais tout entier, j'invoque de grand cœur l'abondance des Bénédictions du Très-Haut. Au
Vatican, le 1er juin 2007.