DISCORSO DEL SANTO PADRE a S.E. la Sig.ra Domitille BARANCIRA Ambasciatore
della Repubblica du Burundi presso la Santa Sede in occasione della presentazione
delle Lettere credenziali Madame l’Ambassadeur, 1. C’est avec plaisir que j’accueille
Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Burundi près le
Saint-Siège. J’ai été sensible aux paroles cordiales que vous m’avez adressées
et je vous en remercie vivement. Elles témoignent de l’intérêt manifesté par les Autorités
de votre pays au développement de relations d’estime et de concorde entre le Burundi
et le Siège apostolique. Par votre intermédiaire, il m’est agréable de présenter à
Son Excellence Monsieur Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi,
les vœux que je forme pour sa personne et pour l’accomplissement de sa haute mission
au service de la nation. Je salue aussi avec affection tous les habitants de votre
pays, n’oubliant pas les souffrances de la population, qui a été durement éprouvée
par tant d’années de guerre, qui en subit encore aujourd’hui les conséquences et qui
a également été frappée périodiquement par la sécheresse et par des inondations. Je
veux les assurer de ma constante sollicitude à leur égard. Je prie Dieu de soutenir
tous les Burundais dans l’engagement courageux et généreux qui les anime pour édifier
ensemble une société toujours plus fraternelle et plus solidaire, qui soit aussi plus
largement un signe concret et un appel vigoureux à la consolidation de la paix et
de la stabilité dans la région des Grands Lacs ! 2. Comme vous le soulignez, l’Église
catholique n’a cessé de manifester sa proximité envers le peuple burundais, partageant
ses joies et ses épreuves et payant elle-même un lourd tribut à la cause de la paix
et de la réconciliation dans le pays. Je suis sensible à l’hommage que vous rendez
à Son Excellence Monseigneur Michael A. Courtney, Nonce apostolique, assassiné le
29 décembre 2003 après avoir rencontré les Autorités religieuses, politiques et militaires
dans le diocèse de Bururi. En évoquant le souvenir de cet archevêque bon et fidèle,
serviteur de la paix et de la fraternité entre les peuples, je forme des vœux pour
que les Autorités du pays ne ménagent pas leurs efforts pour que la lumière sur cet
assassinat soit faite et pour que les responsables soient traduits devant la justice. 3. Parmi
les instruments proposés pour la consolidation de la paix dans votre pays, la mise
en place d’une Commission Vérité et Réconciliation (C.V.R.) a été envisagée.
Pour ne pas décevoir les attentes qui sont grandes en la matière, il est nécessaire
que tous se préparent à ce travail de purification, délicat et essentiel, avec le
maximum d’attention, d’ouverture d’esprit et de cœur. Ainsi, dans une recherche patiente
et obstinée de la vérité, il sera possible à chacun de contribuer à guérir les blessures
de la guerre avec le baume du pardon, qui n’exclut pas la justice, et d’engager le
pays sur la voie de la paix et du développement intégral. L’Église au Burundi est
prête à prendre une part active à ce processus, notamment par la célébration de Synodes
diocésains, par le dialogue, par la participation à des actions communes, pour sensibiliser
toutes les couches de la population à ces enjeux majeurs et pour contribuer de manière
active à l’établissement d’une paix durable et d’une réconciliation sincère. Sans
un tel travail en profondeur, il sera sans doute difficile pour beaucoup de gens d’envisager
l’avenir avec espérance. D’autres signes encourageants manifestent la volonté commune
de travailler activement à la paix et à la réconciliation. Il convient notamment de
faire mention des négociations en cours entre le Gouvernement et le Palipehutu-FNL,
en vue de la mise en œuvre de l’Accord de cessez-le-feu signé le 7 septembre 2006.
En me réjouissant de cette volonté de dialogue, j’invite toutes les parties en présence
à honorer leurs engagements et à avoir par-dessus tout le courage de la paix, sans
lequel il ne peut y avoir de véritable développement. 4. Vous rappelez, Excellence,
l’engagement de tous les Burundais sur le chemin de la consolidation de la paix sociale
et de la relance économique. Dans cet effort complexe et de longue haleine, qui vise
la reconstruction matérielle et morale du pays, le Burundi n’est pas seul et ne peut
pas être laissé seul. La communauté internationale n’a d’ailleurs pas manqué d’offrir
son aide morale et son appui économique. La table ronde des donateurs pour
le développement, qui s’est tenue à Bujumbura les 24 et 25 mai dernier, a manifesté
de manière éloquente cet engagement des délégations présentes à recueillir les fonds
nécessaires pour garantir le financement du Programme des actions prioritaires, en
particulier l’amélioration de la bonne gouvernance et de la sécurité, la promotion
d’une croissance économique durable toujours plus équitable, le développement du capital
humain, ainsi que la lutte contre le sida. Il faut aussi se réjouir de l’entrée du
Burundi dans la Communauté de l’Afrique orientale, et du choix de votre pays comme
siège du Secrétariat exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands
Lacs. Cette marque de confiance nécessite en retour que le Burundi réponde à cet honneur
en montrant un sens exemplaire de responsabilité dans l’adoption et dans la mise en
œuvre du Pacte sur la paix, la stabilité et le développement dans la région des
Grands Lacs, signé à Nairobi le 15 décembre dernier. Je ne doute pas que tout
sera fait pour que les engagements pris soient respectés et pour que tous les Burundais
puissent envisager l’avenir avec sérénité et devenir acteurs de leur propre développement. Si
tous les habitants du pays sont appelés à contribuer dans la mesure de leurs capacités
à la reprise économique et sociale du Burundi, il est juste qu’ils puissent en partager
les fruits. Pour permettre aux catégories sociales les plus vulnérables et les plus
exposées à la violence, aux actes de banditisme, aux maladies – je pense en particulier
aux enfants, aux femmes, aux réfugiés – , de profiter pleinement des fruits du développement,
il est notamment nécessaire que les responsables de la vie publique accèdent à une
prise de conscience toujours plus grande et plus authentique des valeurs morales.
Ces valeurs universelles, comme le sens du bien commun, l'accueil fraternel de l'étranger,
le respect de la dignité de toute vie humaine, la solidarité, auxquelles l’Église
catholique accorde beaucoup d’importance, constituent un patrimoine précieux, qui
doit devenir une source d'espérance en l'avenir et le socle qui permette d'établir
la vie sociale sur des bases assurées. 5. Je salue, par votre intermédiaire, la
communauté catholique burundaise et ses Évêques, les encourageant à partager l’espérance
qui est en leur cœur. L’Église catholique locale et le Saint-Siège, dont la contribution
active à la croissance et au développement du pays n’est plus à démontrer, en particulier
dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la paix, souhaitent que les relations
entre l’Église et l’État, dans une République laïque comme le Burundi, soient toujours
empreintes de respect mutuel et de collaboration active pour le bien du pays tout
entier. Puissent les fidèles unis à leurs Pasteurs, dans une collaboration sincère
avec leurs compatriotes, travailler ardemment au développement solidaire de leur pays !
6. Alors que vous inaugurez votre mission, je vous offre, Madame l’Ambassadeur,
mes vœux les meilleurs pour la noble tâche qui vous attend. Soyez assurée que vous
trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l’accueil attentif et compréhensif dont
vous pourrez avoir besoin. Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur le peuple
burundais et sur ses dirigeants, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines. Au
Vatican, le 1er juin 2007.