Benedetto XVI in Turchia – Discorso 8 –Originale (francese) Santa Messa
nella Cattedrale dello Spirito Santo Cattedrale dello Spirito
Santo, Istanbul – 01/12/06 – Ore 9.00 Turchia (8.00 Italia)Distribuzione 30/11/06
Chers Frères et Sœurs, Au terme de mon
voyage pastoral en Turquie, je suis heureux de rencontrer la communauté catholique
d’Istanbul et de célébrer avec elle l’Eucharistie pour rendre grâce au Seigneur de
tous ses dons. Je tiens à saluer en tout premier lieu le Patriarche de Constantinople,
Sa Sainteté Bartholomaios Ier, ainsi que le Patriarche arménien, Sa Béatitude
Mesrob II, Frères vénérés, qui ont tenu à se joindre à nous pour cette célébration.
Je leur exprime ma profonde gratitude pour ce geste fraternel qui honore toute la
communauté catholique. Chers Frères et Fils de l’Église catholique, Évêques, prêtres
et diacres, religieux et religieuses, fidèles laïcs, appartenant aux différentes communautés
de la ville et aux divers rites de l’Église, je vous salue tous avec joie, reprenant
pour vous les mots de saint Paul aux Galates : «Que la grâce et la paix soient avec
vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ !» (Ga 1, 3).
Je tiens à remercier les Autorités civiles présentes pour leur accueil courtois, en
particulier toutes les personnes qui ont permis que ce voyage puisse se réaliser.
Je veux saluer enfin les représentants des autres communautés ecclésiales et des autres
religions qui ont souhaité être présents parmi nous. Comment ne pas penser aux différents
événements qui ont forgé ici-même notre histoire commune ? En même temps, je sens
le devoir de rappeler de manière particulière les nombreux témoins de l’Evangile du
Christ, qui nous pressent de travailler ensemble à l’unité de tous ses disciples,
dans la vérité et la charité !
Dans cette cathédrale du Saint-Esprit, j’ai
souhaité rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il accomplit dans l’histoire des hommes
et invoquer sur tous les dons de l’Esprit de sainteté. Comme vient de nous le rappeler
saint Paul, l’Esprit est la source permanente de notre foi et de notre unité. Il suscite
en nous la vraie connaissance de Jésus et il met sur nos lèvres les paroles de la
foi pour que nous reconnaissions le Seigneur. Jésus l’avait déjà déclaré à Pierre
après la Confession de foi de Césarée : «Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est
pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux» (Mt
16, 17). Oui, heureux sommes-nous quand l’Esprit Saint nous ouvre au bonheur de
croire et quand il nous fait entrer dans la grande famille des chrétiens, son Église,
si multiple à travers la variété des dons, des fonctions et des activités, et en même
temps déjà une, «car c’est toujours le même Dieu qui agit en tous». Paul ajoute :
«Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous». Manifester l’Esprit,
vivre selon l’Esprit, ce n’est pas vivre pour soi seulement, mais c’est apprendre
à se conformer au Christ Jésus lui-même en devenant, à sa suite, serviteur de ses
frères. Voilà un enseignement bien concret pour chacun de nous, Évêques, appelés par
le Seigneur à conduire son peuple en nous faisant serviteurs à sa suite ; cela vaut
encore pour tous les ministres du Seigneur et également pour tous les fidèles : en
recevant le sacrement du Baptême, nous avons tous été plongés dans la mort et la résurrection
du Seigneur, «nous avons été désaltérés par l’unique Esprit», et la vie du Christ
est devenue la nôtre pour que nous vivions comme lui, pour que nous aimions nos frères
comme lui nous a aimés (cf. Jn 13, 34 ).
Il y a vingt-sept ans, dans
cette même cathédrale, mon prédécesseur le Serviteur de Dieu Jean-Paul II formait
le vœu que l’aube du nouveau millénaire puisse «se lever sur une Église qui a retrouvé
sa pleine unité, pour mieux témoigner, au milieu des tensions exacerbées de ce monde,
de l’amour transcendant de Dieu manifesté en son Fils Jésus Christ» (Homélie à
la cathédrale d’Istanbul, n. 5) . Ce vœu ne s’est pas encore réalisé, mais le
désir du Pape est toujours le même et il nous presse, nous tous disciples du Christ
qui marchons avec nos lenteurs et nos pauvretés sur le chemin qui veut conduire à
l’unité, d’agir sans cesse «en vue du bien de tous», mettant la perspective œcuménique
au premier rang de nos préoccupations ecclésiales. Nous vivrons alors vraiment selon
l’Esprit de Jésus, au service du bien de tous.
Réunis ce matin dans cette
maison de prière consacrée au Seigneur, comment ne pas évoquer l’autre belle image
qu’emploie saint Paul pour parler de l’Église, celle de la construction dont les pierres
sont toutes solidaires, agencées les unes aux autres pour former un seul édifice,
et dont la pierre angulaire, sur qui tout repose, est le Christ. C’est lui la source
de la vie nouvelle qui nous est donnée par le Père, dans l’Esprit Saint. L’Évangile
de saint Jean l’a proclamé tout à l’heure : «Des fleuves d’eau vive jailliront de
son cœur». Cette eau jaillissante, cette eau vive que Jésus a promise à la Samaritaine,
les prophètes Zacharie et Ézéchiel la voyaient surgir du côté du Temple, pour qu’elle
régénère les eaux de la Mer morte : image merveilleuse de la promesse de vie que Dieu
a toujours faite à son peuple et que Jésus est venu accomplir. Dans un monde où les
hommes ont tant de mal à partager entre eux les biens de la terre et où l’on commence
à s’inquiéter avec raison de la raréfaction de l’eau, ce bien si précieux pour la
vie du corps, l’Église se découvre riche d’un bien encore plus grand. Corps du Christ,
elle a reçu la charge d’annoncer son Évangile jusqu’aux extrémités de la terre (cf.
Mt 28, 19), c’est-à-dire de transmettre aux hommes et aux femmes de ce temps
une Bonne Nouvelle qui non seulement éclaire mais bouleverse leur vie, jusqu’à passer
et vaincre la mort elle-même. Cette Bonne nouvelle n’est pas seulement une Parole,
mais elle est une Personne, le Christ lui-même, ressuscité, vivant ! Par la grâce
des Sacrements, l’eau qui s’est écoulée de son côté ouvert en croix est devenue une
source jaillissante, «des fleuves d’eau vive», un don que personne ne peut arrêter
et qui redonne vie. Comment les chrétiens pourraient-ils garder pour eux seulement
ce qu’ils ont reçu ? Comment pourraient-ils confisquer ce trésor et enfouir cette
source ? La mission de l’Église ne consiste pas à défendre des pouvoirs, ni à obtenir
des richesses, sa mission c’est de donner le Christ, de donner la Vie du Christ en
partage, le bien le plus précieux de l’homme que Dieu lui-même nous donne en son Fils.
Frères
et Sœurs, vos communautés connaissent l’humble chemin du compagnonnage de chaque jour
avec ceux qui ne partagent pas notre foi mais qui déclarent «avoir la foi d’Abraham
et qui adorent avec nous le Dieu unique et miséricordieux»(Lumen gentium, n.
16). Vous savez bien que l’Église ne veut rien imposer à personne, et qu’elle demande
simplement de pouvoir vivre librement pour révéler Celui qu’elle ne peut cacher, le
Christ Jésus qui nous a aimés jusqu’au bout sur la Croix et qui nous a donné son Esprit,
vivante présence de Dieu au milieu de nous et au plus intime de nous-mêmes. Soyez
toujours accueillants à l’Esprit du Christ et, pour cela, rendez-vous attentifs à
ceux qui ont soif de justice, de paix, de dignité, de considération pour eux-mêmes
et pour leurs frères. Vivez entre vous selon la parole du Seigneur : «Ce qui montrera
à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns
pour les autres» (Jn 13, 35). Frères et Sœurs, remettons en cet instant
notre désir de servir le Seigneur à la Vierge Marie, la Mère de Dieu et la Servante
du Seigneur. Elle a prié au Cénacle avec la communauté primitive, dans l’attente de
la Pentecôte. Avec elle, prions le Christ Seigneur : Envoie ton Esprit Saint, Seigneur,
sur toute l’Église ; qu’il habite chacun de ses membres et qu’il fasse d’eux des messagers
de ton Évangile ! Amen.