Le pape a fait ouvrir mardi soir plusieurs salles du Vatican pour permettre aux
trente nouveaux cardinaux élevés le matin à cette dignité de recevoir l'hommage
de leurs pairs et de leurs amis. Le rite de la visite de courtoisie suit
chaque consistoire et met le personnel du Vatican en état de fébrilité, car des
milliers de personnes sont admises à cette occasion à entrer dans des parties fermées
au public. Les invitations spécifiaient que les visites avaient lieu de 16H30
à 18H30 (14H30 GMT à 116H30 GMT). La foule s'est pressée mardi en fin d'après-midi
devant les deux entrées latérales, canalisée par des policiers équipés de détecteurs de
métaux, puis s'est élancée, par vagues, à l'assaut des marches menant aux salles.
Ecclésiastiques tout de gris vêtus se sont mêlés aux boubous chatoyants des femmes
africaines venues saluer les trois cardinaux africains, le Nigérian Anthony Oliumbunni
Okogie, le Soudanais Gabriel Zubeir Walo et le Ghanéen Peter Kodwao Apiah Turkson.
Quatorze cardinaux, dont les Français Bernard Panafieu et Philippe Barbarin, recevaient
dans la partie de la grande salle d'audience Paul VI. Les seize autres avaient
pris place dans le palais apostolique, plus impressionnant. "Il est interdit
de prendre des photos. Vous pouvez seulement filmer les cardinaux", ont averti
les gardes de sécurité, rappelant à l'ordre les touristes japonais venus saluer
leur compatriote, Mgr Stephen Fumio Hamao, et fascinés par les fresques peintes
sur les murs et les plafonds. Dès l'entrée dans le palais épiscopal, la
ferveur et la chaleur latino-américaine ont accueilli les visiteurs grâce à un
groupe de Mexicains fêtant Mgr Javier Lozano Barragan. Mais passée cette
première salle, l'atmosphère devenait subitement plus compassée dans celle réservée
à Mgr Jean-Louis Tauran, l'ancien ministre des Affaires étrangères du pape, salué
par le corps diplomatique rangé en file indienne et supportant avec flegme la
chaleur étouffante régnant dans la pièce. Le parcours était ensuite fléché,
permettant de localiser chacun des nouveaux princes de l'Eglise. Mais le Vatican
n'avait pas été assez précis. "Nous, on cherche Mgr Panafieu. C'est pas
par là", se lamentait un groupe de Français qui s'était trompé d'entrée et errait
dans les salles de la partie des musées pontificaux. Chacun des nouveaux
prélats s'était vu attribuer un emplacement marqué à son nom et un fauteuil, bienvenu
pour les plus âgés d'entre eux.