Visiblement très éprouvé par les célébrations du 25ème anniversaire de son pontificat,
Jean Paul II a pratiquement perdu l'usage de la parole et il va falloir désormais s'habituer
à ses silences, a averti Mgr Tadeusz Styczen, un de ses amis les plus proches.
"Le temps des paroles est terminé. Maintenant il faudra écouter les silences du
pape. Il nous parle pleinement à travers ses silences, des silences éloquents",
a déclaré lundi soir le professeur Styczen, recteur de l'Université de Lublin,
au cours d'une émission à la télévision italienne en tirant le bilan de cette semaine
de cérémonies, à laquelle il a assisté. Devenu impotent et très handicapé par
la maladie de Parkinson, le vieux pape, âgé de 83 ans, n'arrive plus à prononcer
que quelques mots lors de ses interventions et il pourrait-même ne plus pouvoir parler,
selon les neurologues. Or il doit impérativement prononcer certaines formules religieuses
pour valider ses actes, comme nommer mardi 31 nouveaux cardinaux ou béatifier dimanche
Mère Teresa, soulignent les juristes de l'Eglise. C'est pour cela qu'il
a seulement lu dimanche dernier la formule de béatification de Mère Teresa et non
l'homélie de la messe. Pour la même raison, il a lu mardi la formule pour élever
les nouveaux cardinaux à cette fonction lors du consistoire, et laissé un de
ses collaborateurs lire à sa place le texte de son discours. Jean Paul II a
consacré énormément d'énergie, physiquement et psychologiquement, pour participer
aux célébrations commencées jeudi dernier par une grande messe présidée sur la
place Saint-Pierre, le jour et à l'heure même de son élection il y a un quart de
siècle. Si le pape a réaffirmé son intention d'exercer son ministère jusqu'à
son dernier soupir, les cardinaux repartent du Vatican avec le sentiment de vivre
la fin d'un règne. Désormais Jean Paul II ne peut plus s'entretenir avec ses
hôtes que pendant quelques minutes, même si, après les audiences publiques,
il est capable de rester une heure assis sur son fauteuil roulant pour que des
centaines de fidèles puissent lui baiser la main. La maladie de Parkinson
respecte très souvent les capacités intellectuelles. C'est apparemment le cas du
pape. Mais, épuisé par les remèdes de moins en moins efficaces, il n'a plus la
force de consacrer son énergie aux affaires courantes.