L'assassinat par un policier ivoirien du correspondant de RFI à Abidjan, Jean Hélène,
a provoqué mercredi l'indignation de nombreux dirigeants ainsi que des médias français et
africains qui demandent aux autorités ivoiriennes que toute la lumière soit faite
sur ce meurtre. Le correspondant de Radio France international (RFI) en Côte d'Ivoire
Jean Hélène, 50 ans, a été tué par balle mardi soir à Abidjan par un policier,
à proximité du siège de la police nationale, où il attendait la sortie d'opposants
remis en liberté après plusieurs jours de garde à vue pour les interviewer.
"Le président de la République a appris avec émotion le décès de Jean Hélène, grand
professionnel disparu dans l'exercice de son métier au service de l'information
sur cette terre africaine qu'il connaissait si bien", a dit la porte-parole de
l'Elysée Catherine Colonna. M. Jacques Chirac "demande aux autorités ivoiriennes
que toute la lumière soit faite sur cet assassinat qui doit faire l'objet d'une
enquête diligente et immédiate", a-t-elle déclaré. Le ministre français des
Affaires étrangères Dominique de Villepin a déclaré dans une lettre adressée au
président de RFI Jean-Paul Cluzel que le continent africain et la presse française ont
"perdu cette nuit un ami irremplaçable". Dans cette lettre, le ministre français
indique qu'il a appris "avec une profonde consternation et une très sincère émotion
la mort de Jean Hélène dans des circonstances dramatiques". La direction
de RFI, qui a annulé dans la nuit toutes ses émissions et diffusé de la musique
classique, a exprimé sa "stupeur". Le directeur général adjoint aux antennes et
à l'information de RFI, Gilles Schneider, et le rédacteur en chef du service
Afrique doivent se rendre mercredi après-midi à Abidjan, où ils seront rejoints
par M. Cluzel, et le directeur de l'Information, Jérôme Bouvier, pour tenter de
"savoir ce qui s'est passé". Le groupe RFI qui avait prévu une "antenne décentralisée"
à Dakar du 20 au 25 octobre, a décidé d'annuler ce programme spécial en raison
de "ce meurtre de sang froid", a déclaré à l'AFP Alain Le Gouguec, rédacteur en
chef du service Afrique. L'organisation de défense des journalistes Reporters
sans frontières (RSF) a exigé la "vérité". "Il faut qu'une enquête indépendante
soit menée et qu'une autopsie révèle les circonstances exactes de ce drame", a
déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. En Afrique également la
mort de Jean Hélène provoque une vive émotion.